Elles sont deux, la Franco-ontarienne Marie-Josée Martin et l’Acadienne d’adoption Julie Gagnon, deux auteures qui participent aux Rendez-vous de la Francophonie dans la province. Elles parlent de leur passion de l’écriture et du rôle clé de la création littéraire dans la défense du français en situation minoritaire.
«Écrire en français dans un environnement où l’anglais gagne plus de terrain chaque jour est un geste politique», affirme l’écrivaine Marie-Josée Martin.
La Franco-Ontarienne d’adoption, auteure de trois romans, a le «français dans les tripes» : «C’est mon identité, c’est un lien émotif avec l’enfance.»
Avec l’envie de transmettre sa passion, Marie-Josée Martin anime, samedi 29 mars, un atelier d’écriture en ligne en partenariat avec Actions Femmes ÎPÉ dans le cadre des Rendez-vous de la Francophonie.
«L’écriture est un puissant outil d’exploration de soi, ça aide à garder de l’espoir dans un monde qui n’est pas facile, explique-t-elle. C’est un moyen de prendre un temps d’arrêt dans une société qui file àmille à l’heure.»
Aux yeux de Marie-Josée Martin, prendre sa plume contribue plus que jamais à la défense de la langue d’Antonine Maillet. Elle parle d’histoires qui aident à forger une identité commune et à «éclairer le chemin» de la communauté.
Des années de travail
Chez elle, à Ottawa, Marie-Josée Martin écrit presque quotidiennement. Chaque jour, elle griffonne les pages d’un journal pour évacuer son «trop-plein d’émotions».
«C’est un rendez-vous que je me donne de façon régulière depuis l’adolescence, ça m’aide à mettre de l’ordre dans mes idées», partage la femme de lettres.
En ce moment, Marie-Josée Martin est également en pleine écriture du second tome de sa trilogie d’anticipation féministe, consacré notamment à la justice réparatrice. Le premier tome Après Massāla : L’Ordre et la Doctrine a été publié aux Éditions Prise de parole en 2021.
Elle assure que cette «écriture créative» est beaucoup plus structurée : «Je fais beaucoup de recherches en amont et j’utilise une application d’écriture. Je suis toujours de façon rigide un plan établi à l’avance.»
«Quand on se lance dans la littérature, c’est beaucoup de ré-écriture, de travail avec sa maison d’édition. C’est un processus qui prend plusieurs années», ajoute-t-elle.
L’Acadienne Julie Gagnon a, elle aussi, vécu un cheminement de deux ans et demi pour accoucher de son premier livre jeunesse La petite robe rouge. Il s’agit de l’histoire de Sakari, une jeune fille autochtone qui apprend le passé sombre de sa grand-mère et la disparition de sa grand-tante.
«L’histoire est apparue dans ma tête et j’ai tout écrit d’un coup, mais après j’ai peaufiné l’histoire, le style, la longueur des phrases avec ma maison d’édition Bouton d’Or Acadie», raconte-t-elle.
«Un beau super pouvoir»
L’enseignante de profession reste profondément marquée par sa première expérience d’auteure. Elle évoque «la magie» des mots, de l’imaginatifit waouh» : «Écrire, c’est un beau super pouvoir».
«Je me suis toujours dit que je ferai un livre dans un but précis, pour véhiculer un message, amener un changement, un éveil», confie-t-elle.
En s’engageant au niveau de la vérité et de la réconciliation, Julie Gagnon espère devenir «une alliée» et semer «plein de graines» en espérant que d’autres personnes les sèmeront à leur tour.
Elle a déjà deux ou trois projets en tête. Elle mentionne notamment un deuxième ouvrage jeunesse et un autre plus historique sur l’Acadie. «C’est le temps qui manque», regrette-t-elle.
Le temps que Marie-Josée Martin peut consacrer à ses romans est également limité. «C’est difficile de vivre de ma passion, j’ai un métier alimentaire à côté. Mais je vois le temps comme un allié, qui me permet d’améliorer la qualité de mes textes sur la durée.»
L’enseignante Julie Gagnon reste profondément marquée par sa première expérience d’auteure. (Photo : Jacinthe Laforest, La Voix acadienne)