Santé
Par Jacinthe Laforest
Marilyn Barrett, directrice du centre de santé et de mieux-être de UPEI, qui inclut la clinique provinciale pour le TDAH, et Leia Bulosan-Burns, gérante de la clinique. (Photo : J.L.)

Des estimations très conservatrices suggèrent qu’il y aurait, dans toute la province, environ 8 000 personnes ayant un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et un grand nombre de ces adultes n’auraient jamais reçu de diagnostic ni d’aide.  Ouverte en juillet 2022, la clinique pour le TDAH sur le campus d’UPEI a changé la donne.

«Pour certaines personnes, recevoir un diagnostic et de l’aide, même à 60 ou 70 ans, ça peut tout changer.  Ces personnes ont eu des difficultés toute leur vie et se sont blâmées, pour la plupart, de ne pas être capables de faire ce que les autres font.  Et tout à coup, elles apprennent qu’elles ne sont pas à blâmer, qu’elles ont une condition qui affecte leur façon de fonctionner.  C’est fascinant», dit Marilyn Barrett, directrice du centre de santé et de mieux-être de UPEI, qui inclut la clinique provinciale pour le TDAH.  

À l’annonce de sa mise sur pied, en avril 2022, grâce à du financement du gouvernement provincial et de l’UPEI, cetteclinique était la première du genre au Canada.   Ouverte depuis juillet 2022, la clinique a traité des centaines de personnes de 16 ans et plus, qui leur ont été référées par des professionnels de la santé ou qui ont fait elles-mêmes les démarches.  «Et nous avons, en ce moment, une très longue liste d’attente», confirme la directrice.  

Sa collègue, Leia Bulosan-Burns, gérante de la clinique, explique que les personnes qui arrivent à la clinique doivent d’abord recevoir un diagnostic.  «Il faut parfois quelques rencontres avant d’établir un diagnostic.  Les personnes doivent se prêter à des interviews qui peuvent durer plusieurs heures.  Lorsque le diagnostic est établi, tout n’est pas réglé. On entre dans un processus.  Certaines personnes requièrent de l’assistance pendant un an.  Pour d’autres, c’est plus rapide.»

La clinique compte de nombreux professionnels de la santé qui aident la personne, suivant ses besoins en médication, en psychothérapie, en ergothérapie, etc.  

«La plupart du temps, leur TDAH a entraîné chez ces personnes des troubles connexes.  Elles ont peut-être eu des ennuis avec la loi, elles ont peut-être développé des dépressions ou ont commencé à consommer pour se sentir mieux.  À la clinique, en même temps que nous aidons la personne à gérer son TDAH, nous l’aidons également à régler les autres aspects de sa vie qui ont été affectés par son TDAH», a expliqué Leia Bulosan-Burns.  

75 % de femmes

De nos jours, les enfants sont plus facilement diagnostiqués. Il y a deux grandes variantes de TDAH : celle où l’hyperactivité externe se remarque facilement touche plus souvent les garçons, qui sont identifiés et pris en charge.  Dans l’autre variante, qui touche le plus souvent les filles, les symptômes d’hyperactivité sont moins apparents. 

«À l’âge adulte, les clients à la clinique sont des femmes à 75 %.  Fait à souligner, le TDAH a tendance à être héréditaire.  Le plus souvent, ce qui se produit lorsque les enfants d’âge scolaire reçoivent un diagnostic, c’est que leurs parents commencent à analyser leur propre comportement», suggèrent les deux professionnelles.  

Peu de service en français 

À l’heure actuelle, la capacité de la clinique à fournir des services en français est très limitée et les dirigeantes affirment que jusqu’à présent, aucune demande en ce sens n’a été faite.  Également, la clinique est située à UPEI, à Charlottetown.  «Nous sommes capables de faire des rencontres par Zoom, mais dans certains cas, c’est important que les personnes soient en face de nous.»

Parmi les professionnels de la santé qui gravitent autour de la clinique, le plus célèbre est le Dr David Wong, pédiatre retraité et spécialiste du TDAH, qui a une clinique à Summerside.  «Il a fait de ce travail avec le TDAH sa mission de vie, après sa retraite de la pédiatrie. Il s’est formé et continue de se tenir à jour sur la recherche.  Il a formé notre personnel à la clinique.  Il est un véritable champion de la cause», admire Marilyn Barrett.  

Mentionnons que présentement, la clinique est située dans l’édifice Joan and Regis Duffy (no 28) en attendant d’être finalement déménagée dans les locaux de la future école de médecine.  

 

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