Santé
Par Marine Ernoult  Initiative de journalisme local - APF – Atlantique
Maria Kokai : Maria Kokai est cheffe de la section de psychologie éducative et scolaire au sein de la Société canadienne de psychologie. Courtoisie.

Alors que la santé mentale des jeunes est fragilisée par la pandémie et la crise climatique, les psychologues scolaires ne sont pas assez nombreux et ne disposent pas de moyens suffisants pour prévenir les situations de grande détresse. 

«Il y a une pénurie chronique de psychologues scolaires partout au pays», déplore la docteure Maria Kokai, cheffe de la section de psychologie éducative et scolaire au sein de la Société canadienne de psychologie. Selon les données des districts scolaires, on compte moins d’un psychologue pour mille étudiants au Canada. 

Ils sont pourtant essentiels au bien-être des enfants. Les praticiens organisent des permanences, accueillent, écoutent, conseillent, consolent les élèves. Ils accompagnent les plus fragiles, les plus en difficulté, et tissent des relations de confiance durables.

La prise en charge et les moyens mis sur la table sont encore largement insuffisants. «À cause de la pénurie, nous ne sommes pas en mesure de répondre à la demande et de longues listes d’attente se créent», regrette Maria Kokai. 

Résultat, la prévention est le parent pauvre de la psychologie scolaire. Au grand dam de  Maria Kokai : «On répond seulement aux situations de crise, s’il y a un risque de violence ou de suicide. On prend en charge des élèves qui sont déjà en grande détresse, au lieu d’intervenir en amont pour prévenir l’apparition des problèmes».

Faire du bénévolat 

Les besoins en matière de santé mentale n’ont pourtant jamais été aussi importants. Avec la pandémie, la crise climatique, et la guerre en Europe, la souffrance psychologique des enfants et adolescents s’est particulièrement aggravée ces dernières années. «Ce sont des facteurs de stress majeurs, mais même avant la COVID-19, leur santé mentale s’était détériorée, mais on ignorait le problème», détaille Maria Kokai. 

L’angoisse due aux impacts de la crise écologique, appelée écoanxiété, est particulièrement forte chez les jeunes. En septembre 2021, une étude dévoilait que 45 % des jeunes interrogés souffraient d’écoanxiété dans leur vie quotidienne. 

L’enquête, menée par des chercheurs américains, britanniques et finlandais en 2021, auprès de 10 000 personnes âgées de 16 à 25 ans dans dix pays, montre que 75 % des sondés estiment le futur «effrayant», 56 % considèrent que «l’humanité est condamnée», et 55 % qu’ils auront moins d’opportunités que leurs parents.

Maria Kokai insiste sur le caractère structurelle de cette souffrance : «Les problèmes de santé mentale de la jeunesse n'existent pas isolément, nous devons tous travailler main dans la main pour les résoudre : les professionnels, les éducateurs, les parents, les familles, ainsi que la communauté dans son ensemble». 

Elle conseille aux jeunes d’agir, même à l’échelle locale, et d’engager la conversation pour diminuer leur anxiété. «S’impliquer, impliquer les autres et faire du bénévolat est une façon de se sentir moins pessimiste», résume la cheffe de la section de psychologie éducative et scolaire au sein de la Société canadienne de psychologie.  

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