Après le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard vient de limiter l’utilisation des cellulaires dans les écoles. Les acteurs de l’éducation saluent une mesure qui uniformise les règles à l’échelle de la province. Mais ils préviennent, le ministère provincial de l’Éducation doit envoyer un message fort aux parents et aux élèves dès la rentrée.
À partir du 1er septembre, l’utilisation des cellulaires sera restreinte dans les établissements scolaires de l’Île-du-Prince-Édouard.
Les élèves de la maternelle à la 6e année devront se séparer de leur téléphone portable durant toute la journée. Tandis que ceux de la 7e à la 12e année pourront l’utiliser seulement pendant les pauses.
Les élèves pourront accéder à Internet uniquement par l’intermédiaire du réseau de l’école, doté de filtres qui bloquent notamment les réseaux sociaux.
Ils ne pourront pas non plus prendre de photos ou faire des enregistrements sans la permission des enseignants. Ces derniers pourront par ailleurs autoriser l’utilisation des téléphones pour des motifs pédagogiques.
Certains élèves pourront être exemptés pour des raisons médicales ou des conditions d’apprentissage spécifiques.
«Ça rappelle aux élèves que le cellulaire est un privilège et non un droit en salle de classe, salue le directeur général de la Commission scolaire de langue française (CSLF) Ghislain Bernard. Dans la vie adulte, ils ne pourront pas toujours avoir leur cellulaire sur eux, c’est du savoir-vivre, ils doivent s’habituer.»
Flexibilité pour les enseignants
Le président de la Fédération des enseignants de l’Î.-P.-É., Andy Doran se montre lui aussi favorable à cette nouvelle politique qui «uniformise les règles à l’échelle de la province», à condition qu’elle n’ajoute «pas de tâches et de responsabilités supplémentaires aux enseignants et aux directions.»
«À la rentrée, le ministère provincial de l’Éducation doit déclarer avec force que les téléphones ne doivent pas être utilisés et que les élèves et les parents doivent s’y conformer», souligne-t-il.
Jusqu’alors, les règles variaient d’une école à l’autre, d’une salle de classe à l’autre. Certains établissements et enseignants interdisaient l’usage du cellulaire, tandis que d’autres l’autorisaient.
«Les téléphones étaient une source de distraction, mais aussi de conflits lorsque les enseignants obligeaient leurs étudiants à les ranger», rappelle Andy Doran.
«Avec cette politique, les enseignants ont désormais un outil sur lequel s’appuyer pour les aider à interdire les portables», poursuit Ghislain Bernard.
Le directeur de la Commission scolaire de langue française préfère néanmoins ne pas parler d’interdiction : «La directive ministérielle parle de mettre des lignes directrices autour de l’utilisation et offre de la flexibilité.»
Modalités pratiques à déterminer
À ses yeux, les annonces de cet été ne changent pas grand-chose par rapport à la politique actuelle de la CSLF.
Quant aux conditions de mise en œuvre sur le terrain, Ghislain Bernard indique que des discussions auront lieu avec les directions solaires des six écoles francophones à la rentrée.
Au retour des vacances, une lettre sera également envoyée aux familles pour leur expliquer les nouvelles exigences, selon le ministère de l’Éducation. Enfants et parents devront lire la directive et signer un document confirmant qu’ils l’acceptent.
«Les parents doivent être de la partie, leur appui est essentiel, autrement ce sera difficile à faire respecter», insiste Andy Doran.
Anastasia DesRoches, directrice générale de la Fédération des parents de l’Île-du-Prince-Édouard, assure que les familles soutiennent la mesure : «Nous n’avons entendu personne de mécontent.»
«Au contraire, les parents disent que les téléphones sont un problème, car ils savent que trop de temps devant les écrans nuit à la santé mentale des jeunes», ajoute-t-elle.
Le déploiement de la politique pourrait également s’accompagner de discussions en salle de classe sur un usage plus sain et responsable des portables, indique Andy Doran.