Trois jeunes hockeyeurs francophones de l’équipe des Islanders de Charlottetown témoignent de leur attachement à la langue d’Antonine Maillet. La vie en français leur manque, mais ils sont conscients qu’ils devront en partie renoncer à leur langue maternelle sur la glace s’ils veulent faire carrière dans un sport dominé par l’anglais.
«La vie en français me manque, car je ne suis pas 100% à l’aise en anglais. Parfois les mots ne me viennent pas rapidement à l’esprit, je n’arrive pas à exprimer exactement ce que je ressens», partage le joueur de hockey des Islanders de Charlottetown, Zachary Plamondon.
À 18 ans, le Québécois de Sherbrooke est arrivé à l’Île-du-Prince-Édouard en septembre 2024. Grâce aux cours d’anglais qu’il a suivis au primaire et au secondaire dans sa province d’origine, il se «débrouillait déjà assez bien en anglais» lorsqu’il a atterri à Charlottetown.
«Au début, je n’étais pas sûr de bien comprendre les subtilités pendant les entraînements, je n’étais pas le premier dans les files, raconte Zachary Plamondon. Mais à force de passer du temps avec le coach, de regarder les autres faire, je comprends mieux.»
«J’aimerais parler davantage français»
À son arrivée il y a deux ans dans l’équipe des Islanders, le québécois Anthony Flanagan était lui aussi «un peu stressé de vivre en anglais.»
«Ma famille de pension m’aide beaucoup, l’adaptation s’est bien passée. Je suis désormais capable de développer des conversations», assure le hockeyeur de 17 ans, originaire de Blainville.
«Mais parfois j’aimerais par ler davantage français, ça faittoujours du bien de revenir à la maison avec ma famille et mes amis francophones», poursuit-il.
Un sentiment que partage Mathis Valente, 18 ans, venu tout de droit de Montréal : «L’adaptation va très bien depuis mes débuts en septembre denier. Je suis en train de devenir bilingue, je suis des cours à l’Université ici, mais je reste plus à l’aise et fluide en français.»
Dans leur jeunesse, les trois Québécois ont joué au hockey en français jusqu’à ce qu’ils soient repêchés par les Islanders dans la ligue Junior Maritimes Québec.
«Il y a certaines différences, mais même au Québec, l’anglais est beaucoup présent dans le hockey», nuance Mathis Valente.
«C’est pas mal la même chose sur la glace, car quand on a appris petit, on utilisait déjà des termes en anglais. C’est moins compliqué que ça en a l’air, c’est assez fluide», appuie Anthony Flanagan.
Le français, «ça nous fermerait des portes»
Le trio de sportifs a bien conscience que l’anglais est la langue première du hockey. «La majorité des ligues professionnelles, des entraîneurs, utilisent l’anglais, ce serait plus difficile de faire carrière en français, ça nous fermerait des portes», reconnaît Mathis Valente qui aimerait intégrer des équipes en Europe.
«J’ai accepté que le hockey soit en anglais, même si le français devrait prendre plus de place, car c’est une belle langue qui a des traditions uniques», ajoute Zachary Plamondon, dont le rêve est d’intégrer la Ligue nationale de hockey (LNH).
En attendant, à l’extérieur de l’aréna, la langue française a contribué à rapprocher les joueurs francophones des Islanders.
«On est cinq en tout dans l’équipe et on se sent plus proches. Je pense qu’on va naturellement vers ceux qui parlent notre langue maternelle», observe Zachary Plamondon.
«Dans les chambres en déplacement, on parle en anglais, c’est le fun, rapporte de son côté Anthony Flanagan. Certaines barrières persistent, mais on trouve toujours des manières de communiquer.»
Quels que soient leurs objectifs de carrière, ils se disent fiers d’être francophones et comptent bien garder leur langue maternelle vivante. «C’est quelque chose d’important pour moi, on est très choyés de pouvoir la parler», insiste Mathis Valente.
Mathis Valente explique que de nombreux termes de hockey sont en anglais, même au Québec. (Photo : Gracieuseté)
Anthony Flanagan rêve d’intégrer la LNH. (Photo : Gracieuseté)