L’itinérance ne cesse d’augmenter à l’Île-du-Prince-Édouard que ce soit en ville ou à la campagne. De plus en plus de jeunes, d’aînés, de nouveaux arrivants sont touchés. Les organismes communautaires insistent sur le besoin de plus de logements et d’une meilleure coordination entre les services d’aide.
Le nombre de personnes sans-abri a doublé dans la province. Lors de son dernier décompte, la Société John Howard, un organisme à but non lucratif dédié à la réforme dusystème de justice pénale, a identifié 318 individus en situation d’itinérance en 2024, comparativement à 147 trois ans plus tôt.
Pour la première fois, le recensement a été effectué dans toute la province et pas seulement dans les villes de Charlottetown et Summerside.
«Les résultats montrent que l’itinérance existe à travers toute l’île. Ce n’est pas seulement un problème urbain, les zones rurales sont aussi concernées», observe le responsable du comptage, Josh Constantinou.
Quelque 70% des personnes sans-abri ont néanmoins été recensées dans le comté de Queens, où se situe la capitale, Charlottetown.
«Elles ont tendance à se regrouper là où elles peuvent obtenir des services, là où se trouvent des centres d’hébergement», explique le directeur général la Société John Howard à l’île, Keith Hillier.
Manque de logements de transition
Selon l’enquête, la majorité des individus sans domicile fixe sont des hommes. Les Autochtones représentent également 17 % des gens privés de logement, une proportion qui a presque doublé en trois ans.
La proportion de vétérans des Forces armées canadiennes est, elle, passée d’environ 1 % à 2,5 % entre 2021 et 2024, tan-dis que celle des nouveaux arrivants a grimpé d’environ 1 % à 3 %.
Par ailleurs, Josh Constantinou constate qu’un pourcentage croissant de personnes en situation d’itinérance sont des jeunes et des aînés.
Pour Keith Hillier, le manque de logements disponibles à des prix abordables dans la province explique en partie la hausse de l’itinérance.
«Disposer d’un logement stable, c’est le point de départ. Il est presque impossible des’attaquer aux autres problèmes autrement», abonde dans le même sens le directeur général des services aux sans-abri de l’Armée du Salut à Charlottetown, Martin B. Dutton.
Le responsable estime cependant que la situation devrait s’améliorer : «La province a essayé de favoriser la construction de plus de logements ces deux dernières années. Ça prend du temps, mais on devrait voir les retombées positives.»
Plus de problèmes de santé mentale
Face à l’augmentation des difficultés rencontrées par les individus sans-abri, Keith Hillier dénonce aussi le manque de logements de transition, avec des services d’appui et de conseil pour les aider à sortir de la rue.
«Aujourd’hui, nous voyons des personnes qui ont des problèmes de toxicomanie, de santé mentale et de santé physique. Elles ne peuvent pas simplement louer un endroit et rester seules, elles ont besoin de quelqu’un pour les aider», insiste-t-il.
Martin B. Dutton regrette de son côté le manque de coordination des nombreux services qui travaillent dans le secteur :«Il y a encore une approche en silo. Nous devons progresser vers une plus grande coopération.»
Selon lui, si le nombre d’insulaires n’augmente pas au cours des cinq prochaines années, «les services seront peut-être en mesure de répondre aux besoins de la population itinérante.»