Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne 
Melissa Cameron d’Island Nature Trust insiste sur l’importance de protéger les écosystèmes insulaires pour le bien-être des insulaires. (Photo : Gracieuseté)

Le 12 février dernier, la province a dévoilé son rapport sur l’état de l’île. Manque de gouvernance locale, perte de terres agricoles et forestières, explosion de la croissance démographique, le document de 165 pages identifie de nombreux défis. Plusieurs organismes se félicitent de la sortie du rapport, première étape vers la mise au point d’un plan d’aménagement du territoire. 

Mi-février, la province a publié son rapport sur l’état de l’île, considéré par l’ex-gouvernement de Dennis King comme la première étape vers l’élaboration d’un plan d’aménagement du territoire à l’échelle de la province. 

«Le rapport contient de nombreuses observations importantes sur l’utilisation des terres et la gouvernance locale», salue le conseiller en politique et projets spéciaux de la Fédération des municipalités, Satya Sen. 

La directrice générale d’Island Nature Trust, Melissa Cameron, se félicite également du contenu du document : «Il identifie plusieurs considérations politiques visant à améliorer la conservation grâce à la planification de l’utilisation des terres».

Les 165 pages d’analyse soulignent notamment l’absence de gouvernance municipale au niveau provincial. 

Près de la moitié des terres agricoles menacées 

Selon la Fédération des municipalités de l’Île-du-Prince-Édouard, 35 % de la superficie du territoire insulaire est couvert par 57 municipalités. Les 65 % restants se situent dans des zones non constituées. 

Et seulement 18 % des terres sont situées dans des municipalités ayant des compétences en matière de planification. La province a, par ailleurs, la plus forte proportion de terres privées de toutes les provinces du Canada, soit 88 %.

«Ces zones non constituées posent des défis, elles n’ont pas de capacité de planification, observe Satya Sen. Nous avons besoin de municipalités viables plus grandes, qui aideront également à mieux gérer la croissance économique rurale.»

Le rapport insiste aussi sur le fait que l’île a perdu une proportion importante de terres forestières et agricoles, et ce, principalement à cause du développement foncier en dehors des municipalités. Pire, toujours d’après le rapport, jusqu’à 50 % des terres agricoles risquent de disparaître d’ici à 2050.

Pour changer la donne, Satya Sen insiste sur la nécessité de densifier les centres urbains existants : «Nous devons limiter l’étalement dans les zones naturelles, décourager le développement en dehors des centres de services municipaux existants.»

«Il est primordial de veiller à la protection des habitats des espèces alors que nous sommes confrontés à des menaces sans précédent liées aux changements climatiques, renchérit Melissa Cameron. La lutte contre la perte de la biodiversité et la conservation des écosystèmes améliorent le bien-être de chaque insulaire.»

Résoudre la crise du logement 

L’enjeu est d’autant plus crucial que la province a connu la croissance démographique la plus rapide de son histoire, avec une hausse de la population qui dépasse la moyenne canadienne depuis 2016.

«Les politiques d’immigration ont changé au cours de l’année écoulée, cette croissance va ralentir, observe Satya Sen. Mais la crise du logement n’a pas encore été résolue, nous devons toujours construire davantage.»  L’analyste prévient, il va falloir trouver un «équilibre» entre le besoin fondamental de nouveaux logements et l’intérêt d’encadrer davantage le secteur pour mieux protéger l’environnement. 

«Dans le fond, tous ces problèmes pourraient être résolus par un aménagement du territoire approprié», estime Satya Sen. 

En revanche, pour la Fédération des municipalités, l’aménagement du territoire à l’échelle de la province ne remplacera pas l’utilité d’une planification locale. 

«Les plans municipaux doivent fonctionner en tandem avec leurs équivalents provinciaux, considère Satya Sen. J’espère que la province ne se lancera pas dans la pratique du zonage, elle doit plutôt établir des politiques générales.»  

2-Satya_Sen_Photo.jpgPour Satya Sen de la Fédération des municipalités, il faut «décourager le développement en dehors des centres de services municipaux existants.» (Photo : Gracieuseté)



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