Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Le président de la Communauté juive de l’Île-du-Prince-Édouard, Leo Mednick. (Photo : Gracieuseté)

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier dernier, la bande de Gaza a retrouvé un calme inconnu après 471 jours de guerre entre Israël et le Hamas. Deux Insulaires, issus des communautés juive et palestinienne de la province, se disent soulagés par la trêve, mais ne paraissent pas très optimistes quant aux chances d’aboutir à une paix durable.

Après quinze mois de bombardements incessants sur Gaza et d’angoisse pour les familles des otages israéliens, un accord de cessez-le-feu a été trouvé, mercredi 15 janvier, entre le gouvernement d’Israël et le Hamas. 

L’accord, négocié par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, est structuré en trois phases de 42 jours, dont le cœur réside dans l’échange de 33 otages israéliens vivants ou morts «qui sont des femmes (civiles et soldats), des enfants (de moins de 19 ans qui ne sont pas soldats), des personnes âgées (de plus de 50 ans) et des civils malades et blessés», contre des prisonniers palestiniens retenus dans les prisons et centres de détention israéliens.

La trêve est entrée en vigueur le dimanche 19 janvier à 4 heures du matin, avec près de trois heures de retard. Trois otages israéliennes ont été libérées dès le premier jour de la suspension des hostilités.

Espoir et joie 

«Ça nous donne de l’espoir, on a envie de se sentir heureux. Mais pour être honnête, je ne sais pas si je dois me réjouir», confie Issa*, d’origine palestinienne, qui habite à l’Île-du-Prince-Édouard depuis un peu plus de deux ans.

Le jeune homme rappelle que, depuis le 19 janvier, l’armée israélienne a fait feu à plusieurs reprises dans la bande de Gaza. Il parle à cet égard d’«actions inquiétantes pour la suite de la trêve.»

De son côté, le président de la Communauté juive de l’Île-du-Prince-Édouard, LeoMednick, se dit «content et soulagé que ça se termine» : «Ce qui s’est passé est une véritable calamité.»

Ces quinze derniers mois, il s’est inquiété pour sa famille en Israël. Sa sœur, ses neveux et nièces ainsi qu’un cousin vivent dans l’État hébreu. Il les appelle chaque dimanche pour prendre des nouvelles et lit les journaux tous les jours. 

Les 471 jours de guerre ont également été épuisants pour Issa, qui s’est senti plus que jamais «triste et isolé». Il évoque ses difficultés répétées à respirer, à se concentrer, ses problèmes d’estomac liés au stress.

«Il ne s’est pas passé un seul jour sans que je ne porte le deuil, raconte l’étudiant au Collège Holland. Des personnes que je connais sont décédées là-bas, certaines ont été tuées au combat, d’autres avaient un cancer et ne pouvaient pas se faire soigner.»

Positions irréconciliables 

Malgré la lueur d’espoir apportée par le cessez-le-feu, les deux hommes se montrent pessimistes sur les chances d’une paix durable. 

«J’espère qu’il y aura un accord qui préservera la dignité et les droits de chacun, mais je reste très sceptique, partage Issa. On ne parle pas seulement d’un conflit, on parle de l’occupation des territoires palestiniens par Israël depuis 1967.»

En juillet dernier, la Cour internationale de justice, l’organe judiciaire de l’ONU, a jugé, dans un avis non contraignant, que cette occupation était «illégale» et devait cesser «le plus rapidement possible».

Aux yeux de Leo Mednick, tant que le Hamas est au pouvoir dans la bande de Gaza, la crise est insoluble.

«Toute ma famille là-bas soutient la guerre, ils sont très ennuyés que le Hamas soit toujours là. Ce n’est pas un bon signe, ça pourrait recommencer», détaille-t-il. 

«Avoir tué 1200 Israéliens est inacceptable. Cela rend la situation très inconfortable pour les Israéliens qui veulent la paix», poursuit-il. 

La question de l’après-guerre et de qui gouvernera Gaza est au centre des négociations pour une trêve. Mais jusqu’à présent, aucune formule n’a été trouvée.

* Issa n’a pas souhaité que son nom de famille soit publié. 

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