Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
De gauche à droite, Madelaine Beck-Mallia et Isabella El Khoury, étudiantes à l’École François-Buote, Lynn Hadley, directrice des programmes de prévention des agressions au COPA national, Milia Kebbi, étudiante, et Marie-Claude Rioux, directrice générale du Centre d’orientation pour la prévention des agressions (COPA national). (Photo : Gracieuseté d’ Emmanuelle Billaux)

En partenariat avec le Centre d’orientation pour la prévention des agressions, Actions Femmes Île-du-Prince-Édouard a lancé un projet inédit à l’École François-Buote de Charlottetown. À partir de septembre, trois étudiantes de 11e et 12e années parleront de consentement, d’abus et d’intimidation aux élèves de 7e et 8e années. L’objectif est de prévenir les agressions et d’outiller les enfants à gérer les situations de violence. 

«Il y a énormément d’augmentation de la violence à l’encontre des enfants, la pandémie de COVID-19 a notablement aggravé la situation», alerte la directrice générale du Centre d’orientation pour la prévention des agressions (COPA national), Marie-Claude Rioux. 

La responsable dénonce notamment les effets pervers des réseaux sociaux : «Il y a de plus en plus de cas de cyber-intimidation avec parfois des petits de six ans victimes de menaces et d’harcèlement sur internet.»

Cachés derrière leur écran, les jeunes se sentent protégés par l’anonymat et ne réalisent pas le mal qu’ils font aux autres, regrette la spécialiste. Plusieurs recherches montrent également que l’utilisation des réseaux sociaux diminue l’empathie des utilisateurs. 

«Non seulement ils ne voient pas ce qu’ils font, mais en plus ils s’en foutent de plus en plus», s’inquiète Marie-Claude Rioux. 

Marie Claude Rioux

Selon Marie-Claude Rioux du COPA national, il y a de plus en plus de cas de cyber-intimidation dès le plus jeune âge et la situation s’est aggravée depuis la pandémie de COVID-19. (Photo : Gracieuseté)

Droits à la force, à la sécurité et à la liberté 

Pour lutter contre ce phénomène en hausse, le COPA s’investit sur le terrain. À l’Î.-P.-É., l’organisme a développé, avec Actions Femmes Î.-P.-É., des ateliers de formation à destination des élèves de 7e et 8e années, scolarisés à l’École François-Buote de Charlottetown. 

Il s’agit d’un projet par et pour les jeunes. Pendant la prochaine année scolaire, trois étudiantes volontaires de 11e et 12e années animeront trois séances d’informations d’une heure chacune. Elles iront dans les salles de classe pour sensibiliser leurs pairs aux notions de consentement, d’abus, d’intimidation ou encore de prévention des agressions. 

«Les élèves entendent régulièrement parler de cyberharcèlement et d’intimidation, mais là, ce seront trois autres jeunes de la même école qui viendront leur en parler. On pense que ça aura un impact plus important», souligne la directrice générale d’Actions Femmes Î.-P.-É., Emmanuelle Billaux. 

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Emmanuelle Billaux, directrice générale d’Actions Femmes Î.-P.-É., espère pérenniser le projet et l’étendre à toutes les écoles de la Commission scolaire de langue française. (Photo : Gracieuseté)

«Ce sera plus percutant, ces leadeuses vont devenir les modèles dans l’école, des alliées pour les élèves qui font l’objet de violences», renchérit Marie-Claude Rioux. 

À travers un petit peu de théorie, mais surtout beaucoup de vidéos, de chansons et de discussions, les trois jeunes filles feront réfléchir les 7e et 8e années à l’importance de leurs droits à la force, à la sécurité et à la liberté. 

Formation intensive 

«Si un jeune ne se sent pas en sécurité, fort et libre, c’est qu’il y a quelqu’un qui lui enlève ses droits. Ça s’appelle du harcèlement, de la violence, du racisme et il faut absolument nommer ces choses-là», insiste Marie-Claude Rioux. 

«Ça permet de démystifier ce qui est en train de se passer, de faire réaliser aux jeunes que c’est une situation anormale et exceptionnelle», poursuit-elle.

Le COPA et Actions Femmes Î.-P.-É. prépareront les trois étudiantes tout au long de l’été. En juin, elles ont déjà reçu une formation théorique d’une semaine sur les droits des enfants, l’approche féministe, les principes d’autonomisation et d’écoute active. 

«On a aussi peaufiné les séances avec elles, validé nos choix de mots, on s’est assuré que notre projet était adapté aux 7e et 8e années pour ne pas manquer notre coup», précise Marie-Claude Rioux. 

Une accompagnatrice adulte sera présente aux côtés des étudiantes durant les ateliers. Elle pourra notamment les appuyer si un élève confie des problèmes d’abus ou intimidation.

«Le personnel de soutien de l’école sera invité à certaines des sessions pour qu’il y ait aussi un suivi, notamment s’il y a besoin d’appeler la protection de l’enfance», observe Emmanuelle Billaux. 

Actions Femmes Î.-P.-É. espère pérenniser le projet et l’étendre à terme aux autres écoles de la Commission scolaire de langue française.

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