Natifs du Québec, Julie Thiffeault et son mari Stéphane Sénéchal habitent à l’Île-du-Prince-Édouard depuis de nombreuses années. Fille unique de parents vieillissants, Julie Thiffeault se voyait confrontée à des décisions difficiles : se rendre au Québec très souvent ou amener ses parents à l’Île. C’est la seconde option qui a été retenue. Ses parents vivent dans un appartement aménagé pour eux dans la maison familiale depuis six ans. La santé de son père, atteint de Parkinson rigide depuis au moins 15 ans, s’est détériorée au cours des deux dernières années. Sans le système des soins à domicile, il serait sans doute à l’hôpital. Julie Thiffeault témoigne de la patience et du professionnalisme des préposées et infirmières des soins à domicile.
«Mon père ne parle pour ainsi dire pas l’anglais. L’idée de recevoir des soins en anglais le stressait et l’inquiétait. On a fait des démarches pour obtenir des services en français et on les a obtenus. Au début, les préposées et infirmières venaient deux jours par semaine, les lundis et les vendredis. Puis, le mercredi a été ajouté. Elles sont comme des membres de la famille. Elles font beaucoup plus que ce qui est attendu d’elles. Le vendredi, c’est le temps de répit de ma mère. Elle va faire des commissions, elle a ses rendez-vous. Quand elle revient avec ses sacs, les préposées vont la rencontrer à l’auto, rentrent ses sacs à la maison, l’aident à déballer; elles font sortir le chien s’il demande la porte; elles savent où tout se trouve dans la maison : les serviettes et tout ce qui est utile à leur travail; elles sont très patientes même si le travail qu’elles font n’est pas plaisant», résume Julie Thiffeault, qui souhaite, par son témoignage, montrer à quel point le travail des préposées et infirmières à domicile est précieux pour sa famille.
Elle apprécie grandement le fait que les responsables des soins à domicile aient modifié les horaires des préposées et infirmières bilingues pour qu’elles puissent se rendre chez elle à Seaview, alors que la plupart des autres clients sont dans la région Évangéline. «Je leur dis que je les apprécie, elles reçoivent un cadeau à Noël et tout. On veut qu’elles se sentent appréciées», dit la proche aidante.
Le Parkinson rigide se caractérise par une tension excessive des muscles. «Mon père ne peut pas se coucher dans un lit. Il ne peut pas déplier son corps. Il dort dans un fauteuil inclinable. Il est parfois capable de marcher avec une marchette et parfois même, sans marchette, ce qui nous surprend toujours. C’est drôle parce que lorsqu’il dort, et qu’il rêve, ses mouvements sont beaucoup plus souples. L’autre jour, en faisant de grands mouvements pendant qu’il dormait, il a fait tomber la petite table à côté de lui. Il pourrait se faire mal, même lorsqu’il dort», dit Julie Thiffeault.
Cette dernière a quitté son emploi à la bibliothèque J.-Henri-Blanchard pour être proche aidante de son père, mais aussi de sa mère, tous deux ayant plus de 80 ans. «Être proche aidante, ce n’est pas facile. Mais au moins, avec les soins à domicile, on a de l’aide. Je ne pourrais pas, et ma mère encore moins, faire tous les soins dont mon père a besoin. Physiquement je ne serais pas assez forte et mentalement non plus. C’est une chargementale déjà assez lourde sans, en plus, faire tous les soins», dit-elle.
Des ressources inestimables
Depuis quelques mois seulement, le service de soins à domicile fournit gratuitement les sous-vêtements contre l’incontinence. La Croix rouge, entre autres, fournit des équipements pour la douche, le bain, des déambulateurs et autres. «Vraiment, j’ai été étonnée qu’il y ait autant de ressources disponibles. Je ne l’aurais jamais su sans l’aide des soins à domicile», dit Julie Thiffeault.
Pour avoir droit aux soins à domicile publics, il faut une référence. Lorsque son Parkinson a commencé à progresser, le père de Julie a consulté un spécialiste en gériatrie. «Il fait des visites à domicile, imaginez-vous. C’est lui qui a recommandé mon père aux soins à domicile. Il revient tous les trois mois, environ, pour le voir. Mais l’autre jour, mon père a eu la visite d’une jeune médecin, spécialisée en gériatrie. Elle parle français, mais, pas à peu près. Elle a jasé avec mon père, c’était super beau de voir ça.»
Centre de soins de longue durée ou hôpital
Julie et sa famille ont fait une demande pour avoir une chambre dans une des maisons bilingues du centre de soins de longue durée Summerset à Summerside. «Mon père est à l’aise avec l’idée d’aller là. Il sait qu’il y a du service en français, qu’il y a du manger et que quelqu’un lavera son linge. Ça le rassure. Mais c’est certain que ça peut prendre du temps. Ce qui nous fait peur, c’est qu’il se lève sans prévenir, qu’il tombe et qu’il se fasse vraiment mal. Il est tombé auparavant. On a fait venir l’ambulance deux fois pour le remettre dans son fauteuil parce que nous n’étions pas capables de nous en charger nous-mêmes, sans risquer d’empirer la situation. Par chance, il ne s’est pas blessé, mais ça pourrait arriver. L’idée d’avoir les soins à domicile, c’est de garder les gens à la maison pour éviter de bloquer des lits d’hôpitaux. Mais s’il tombe et se fait mal pendant qu’il attend sa place au Summerset, il se retrouvera à l’hôpital», analyse Julie Thiffeault, qu’aucune des deux options ne satisfait pleinement.
«Mon père a travaillé très fort toute sa vie et j’aurais aimé qu’il profite d’une belle vieillesse douce en relative bonne santé. Mais ce n’est pas ce qui se produit et on tente de faire de notre mieux avec tout ça. Je le dis et le redis, les préposées et les infirmières des soins à domiciles sont précieuses pour notre famille et je pense que c’est la même chose pour toutes les familles», conclut Julie Thiffeault avec reconnaissance.