Société
04 octobre 2023 Par Jacinthe Laforest / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne - ATL
La cheffe de la Première Nation de Lennox Island, Darlene Bernard et la juge de la Cour suprême, Tracey Clements, tiennent une plume d’aigle qui servira dorénavant à prêter serment dans les procédures judiciaires. (Photo : J.L.)

C’est dans une atmosphère de grand respect, baignant dans l’odeur caractéristique des herbes sacrées mi’kmaq, que des plumes d’aigles ont été présentées aux juges pour être utilisées à la Cour d’appel, à la Cour provinciale et à la Cour suprême de l’Île-du-Prince-Édouard.  La cérémonie a eu lieu le 26 septembre dans la salle d’audience de la Cour suprême de l’ÎPÉ.

L’initiative date d’avant la COVID-19, et d’avant même l’instauration de la Journée et de la Semaine nationale de la vérité et de la réconciliation en 2021. 

C’est donc une coïncidence si la présentation officielle a eu lieu pendant ladite Semaine nationale de la vérité et de la réconciliation.  «Nous avions reçu la formation pour bien utiliser les plumes, et nous étions prêts à mettre tout cela en pratique lorsque la COVID a frappé», a indiqué le juge Jeff Lantz, dans une courte entrevue. 

Pour lui, l’introduction de la plume dans les procédures de justice est une façon de travailler vers la réconciliation.  L’idée est que les personnes autochtones qui le désirent peuvent demander à l’aigle de leur donner le courage de dire la vérité, alors que d’autres demanderaient à Dieu, par l’intermédiaire de la bible. 

«L’aigle est l’animal qui vole le plus près du créateur et qui est le plus à même de faire le lien entre le créateur et le peuple.  Il donne du courage», dit Judy Clark, aînée mi’kmaq de la Première Nation d’Abegweit.  Elle ajoute : «Vous savez, l’aigle choisit à qui il donne ses plumes.  Il arrive qu’il laisse une plume en passant au-dessus de vous, ou que vous en trouviez une dans votre promenade.  Si c’est le cas, c’est un grand honneur», dit l’aînée. 

Depuis le 26 septembre 2023, les témoins, les victimes et les délinquants qui témoignent devant les tribunaux de l’Île-du-Prince-Édouard ont la possibilité de faire une affirmation ou de prêter serment avec une plume d’aigle sacrée au cours des procédures judiciaires. Cette initiative témoigne d’un engagement en faveur de la réconciliation et représente une étape importante vers un système judiciaire plus inclusif, plus respectueux et plus compatissant.

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L’aînée Judy Clark de la Première Nation d’Abegweit présente les plumes aux juges Jeff Lantz, James Gormley et Tracey Clements. (Photo : J.L.)

Julie Pellissier-Lush et Tiffany Sark, de la Première Nation de Lennox Island, et Judy Clark, de la Première Nation d’Abegweit, ont purifié six plumes à l’aide des herbes sacrées.  Elles ont été remises à trois juges : le juge James Gormley de la Cour d’appel, la juge Tracey Clements de la Cour suprême et le juge de la Cour provinciale, Jeff Lantz, pour qu’ils les distribuent aux autres juges. 

«L’acceptation des plumes d’aigle dans les salles d’audience est un véritable témoignage des progrès réalisés dans la reconnaissance de l’importance des cultures et des traditions autochtones. Nous devons continuer à travailler ensemble pour créer un avenir qui englobe la diversité, l’inclusion et la réconciliation», a affirmé Darlene Bernard, chef de la Première Nation de Lennox Island

«Alors que nous continuons à travailler ensemble pour renforcer nos systèmes de justice pénale et civile, il est essentiel que nous introduisions et adoptions des méthodes inclusives qui tiennent compte de la tradition et de la sensibilité culturelle», a indiqué pour sa part le ministre de la Justice et de la Sécurité publique et procureur général, Bloyce Thompson.

Chaque plume est protégée dans un écrin de feutre rouge fabriqué spécialement pour cet usage et s’accompagne aussi d’un panier au fond duquel on a disposé des herbes sacrées. 

Cette initiative fait partie du programme de justice autochtone de la Confédération Mi’kmaq de l’ÎPÉ. 

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De gauche à droite, Sheri Bernard, conseil de bande de la Première Nation Abegweit, Julie Pellissier-Lush, gardienne du savoir, Bloyce Thompson, ministre de la Justice, de la Sécurité publique et Procureur général, juge James Gormley de la Cour d’appel de l’ÎPÉ, Son Honneur Antoinette Perry, lieutenante-gouverneure de l’ÎPÉ, cheffe Darlene Bernard, de la Première Nation de Lennox Island, juge Tracey Clements, de la Cour suprême de l’ÎPÉ, Keptin Jimmy Bernard, de la Première Nation de Lennox Island, Kateri Coade, directrice générale de la Confédération mi’kmaq de l’ÎPÉ, le juge Jeff Lantz, de la Cour provinciale, Judy Clark, aînée de la Première Nation d’Abegweit  et Madeline Sark, du conseil de bande de Lennox Island.  (Photo : J.L.)

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