Rachelle Belair vit dans un cottage spacieux et bien situé depuis quatre étés. Jeune retraitée du gouvernement fédéral, elle s’émerveille de ce que la vie s’entête à lui offrir : du bonheur, des amis et, surtout, la sobriété, depuis 33 ans.
Très active sur les réseaux sociaux, Rachelle Belair n’hésite pas à annoncer, le 8 septembre 2021, son 33e anniversaire de sobriété. Elle accueille humblement les messages de félicitations et d’encouragement.
«Je ne retournerai jamais dans cette vie», se promet-elle.
Aujourd’hui, elle avoue qu’elle n’a plus aucune attirance pour la drogue, notamment la cocaïne, qu’elle a consommée pendant un an avant d’arrêter.
«J’étais devenue très maigre, je ne vivais plus que pour ma prochaine ligne. J’avais mon emploi permanent au gouvernement fédéral et je gaspillais mes chances. Il y avait un code vestimentaire dont je faisais fi : j’arrivais au travail avec un haut en tube et une mini-jupe en tube et je faisais mal mon travail. Je ne dormais plus. Et j’étais dans les dettes. Je ne possédais absolument rien. J’ai perdu des emplois à cause de ça».
De se voir, maintenant, avec une sécurité financière, une maison d’été qui lui appartient, une auto, et sa nouvelle passion pour l’aquarelle, ne cesse de l’émerveiller. «Je ne pouvais pas, lorsque j’étais jeune, sous l’emprise de la drogue, et dans mes rêves les plus fous, m’imaginer que la vie pouvait être si belle et si généreuse. Et pourtant oui, elle l’est».
Rachelle Belair a été amenée à l’Île-du-Prince-Édouard par un emploi à Anciens combattants Canada, alors même qu’elle se débattait avec sa dépendance. C’est ici qu’elle a commencé à chercher de l’aide. Elle est retombée à quelques reprises. Elle est repartie au Québec, elle a recommencé à consommer, a de nouveau demandé et obtenu de l’aide. Puis elle est revenue vivre à l’Île.
«À ce jour, je ne sais pas comment j’ai payé le vol pour revenir à l’Île. Je n’avais rien. J’ai vécu un bout de temps avec l’assurance emploi puis j’ai reçu l’aide sociale pendant un an et demi. Pendant ce temps, j’ai participé à toutes les réunions d’AA que je pouvais trouver. Au début du processus, le grand livre des AA recommande de faire 90 réunions en 90 jours, et je pense que je les ai faites. Je n’avais pas d’auto, mais les membres d’AA se soutiennent entre eux. Ils m’appelaient et passaient me chercher pour que je participe au maximum de réunions. J’ai rencontré des gens extraordinaires dans cette période et encore aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y a une étoile qui met sur mon chemin des gens merveilleux. Je lui en suis reconnaissante».
Des rencontres déterminantes
Pendant qu’elle bénéficiait de l’aide sociale, Rachelle a participé à un programme de préparation au marché du travail. «Je croyais que j’aimerais être aide-enseignante, comme on le disait dans ce temps-là. On m’avait placée à la petite école François-Buote, dans le sous-sol de l’église Unie Spring Park. C’est là que j’ai rencontré Nicole Dumas et d’autres enseignants. Nicole et son mari Daniel m’ont prise sous leur aile et m’ont beaucoup aidée, notamment, en m’aidant à rebâtir ma cote de crédit, après avoir recommencé à travailler. C’est comme ça que j’ai pu finalement acheter ma première maison à Charlottetown», raconte Rachelle Belair, en citant cet exemple de rencontres déterminantes parmi tant d’autres.
Nouvelle passion pour l’aquarelle
Au printemps dernier, il y a seulement quelques mois, Rachelle a suivi un petit cours d’aquarelle, avec une artiste locale, de 10 heures au total. «J’avais fait de la peinture à l’huile dans le passé, mais je ne m’en souvenais pas. Ma mère a découvert qu’elle avait ce talent très tard dans sa vie. Elle a commencé à peindre à 43 ans et elle est décédée à 49 ans. La dernière peinture qu’elle a faite, c’était sur son lit d’hôpital. Sa voisine de chambre lui avait demandé de peindre sa cabane à sucre», dit Rachelle, montrant une photo d’une magnifique peinture remplie de détails.
Donc, après les quelques cours d’aquarelle, Rachelle a eu envie de poursuivre ce passe-temps dont elle tire beaucoup de satisfaction. «Tout le monde me dit que l’aquarelle c’est difficile, qu’il faut planifier, mais moi au contraire je trouve ça facile. J’apprends constamment. Je découvre des petits trucs. J’apprends en reproduisant à ma façon des images que je trouve sur Internet. Un jour, je vais créer mes propres images, mais je n’en suis pas encore là. Il me manque un peu de confiance en moi, je pense».
Elle n’a plus besoin de se rendre régulièrement dans les réunions d’AA, qu’elle préférait aux groupes de Narcotiques anonymes. «Dans ce temps-là, les groupes d’AA étaient plus nombreux et plus stables. Un jour, un membre m’a suggéré que je n’étais pas dans le bon groupe. Je suis fière, encore à ce jour, d’avoir pu lui répondre que dans le grand livre d’AA, on dit qu’une drogue est une drogue».
Prochainement, elle prévoit de récupérer son jeton de 33e anniversaire de sobriété pour l’ajouter à sa précieuse collection.
Récemment, Rachelle Belair s’est mise à l’aquarelle, un passe-temps créatif et stimulant.
Les groupes d’Alcooliques anonymes octroient des jetons pour marquer les anniversaires de sobriété.