Société
Par Jacinthe Laforest
Geneviève Ouellette était la conférencière invitée à l’assemblée générale annuelle du centre de ressources familiales Cap enfants. Pour elle, se construire une identité culturelle est l’affaire d’une vie. (Photo : J.L.)

Le développement de l’identité culturelle d’un enfant se fait à partir de la naissance.  Au début, l’enfant se contente de «recevoir» les blocs de construction et de les placer comme on le lui indique.  Puis, arrive un jour où, l’enfant ayant grandi, il est capable de choisir lui-même les blocs qu’il veut ajouter à son identité culturelle.  Il est aussi de plus en plus capable de les assembler selon son modèle à lui.  Et tout cela est normal.

Geneviève Ouellette, établie à Souris depuis plus de 10 ans, est en passe de devenir la spécialiste en matière d’identité culturelle.  Son travail avec la Fédération des parents de l’Île-du-Prince-Édouard lui permet de développer une expertise qui est utilisée ailleurs au Canada, notamment par l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) qui a développé de courtes vidéos basées sur ses recherches. 

Conférencière, lors de l’assemblée générale annuelle de Cap enfants, le mercredi 6 octobre à Wellington, elle a expliqué que la construction identitaire, ou l’identité culturelle, se construit bloc par bloc, toute la vie durant.  Les premiers blocs sont nécessairement fournis par les parents ou par les intervenants en petite enfance. 

«Votre rôle est magique en ce sens que les blocs que vous choisissez de donner seront déterminants tout au long de la vie future de cet enfant», lance-t-elle aux parents dans la salle, dont certains sont des éducateurs. 

«Comme intervenant en petite enfance, notre rôle est de réfléchir aux manières d’enrichir notre programmation pour stimuler l’éveil culturel francophone des tout-petits, tout en impliquant la famille et la communauté.  Comme intervenants, nous avons une grande responsabilité de pouvoir agir si tôt.  C’est une opportunité à saisir afin de maximiser la contribution des artset de la culture à la construction de l’identité francophone de l’enfant, et par extension, des parents et de la communauté».

La langue est un bloc fondateur, mais pour qu’elle colle et qu’elle reste une valeur à long terme pour l’enfant et l’adulte qu’il deviendra, on doit l’associer à des expériences positives, des émotions chaleureuses, de la sécurité et de l’accueil sans condition, peu importe les imperfections.  «L’insécurité linguistique, ça existe.  Si un enfant fait rire de lui à l’école ou ailleurs parce qu’il a mal dit un mot, ça va rester longtemps», dit Geneviève Ouellette. 

En grandissant, il se peut que l’enfant ait envie de jouer avec d’autres blocs qu’il trouve plus attrayants ou qui sont plus nombreux.  Et cela aussi est normal.  Il peut même arriver qu’un adolescent ou un jeune adulte ferme la boîte des blocs de son enfance.  Et c’est aussi possible qu’il ait de nouveau envie de les ressortir, tout à coup conscients de leur valeur et de leur rareté.  Et il aura envie de partager ces blocs avec les nouvelles personnes dans sa vie.

En gros, le message de Geneviève Ouellette est le suivant : l’identité culturelle se développe dès la naissance, le plus tôt possible, dans le plaisir, et en misant sur le long terme.  C’est un processus dynamique. 

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