Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne  
Cap-Egmont en mi’kmaq se dit Mntuapskuk ou Rocher du Diable.(Photo : Marcia Enman)

À l’entrée de Cap-Egmont ou de Kensington, vous pourrez désormais voir de nouveaux panneaux en langue mi’kmaq.  Les deux villages font partie des dix localités de l’Île-du-Prince-Édouard dont le nom est traduit cette année.  Il s’agit du projet «PEI Mi’kmaq on the Map» mené par l’organisme L’nuey dans le cadre de la Semaine de sensibilisation aux cultures autochtones. 

Les noms de dix villages de l’Î.-P.-É. sont désormais traduits en mi’kmaq dans le cadre du projet «PEI Mi’kmaq on the Map» lancé l’an dernier.  Des panneaux dans la langue des premiers habitants de la province ont été placés à l’entrée de Bedeque, Cap-Egmont, Kensington, Mill River, Orwell, Rice Point, Point Prim, Murray Harbour, Montague et Souris.Ces nouvelles signalisations ont été installées par L’nuey, organisme qui défend les droits des Mi’kmaq à l’Île, en partenariat avec le gouvernement provincial, à l’occasion de la Semaine de sensibilisation aux Autochtones.

Les noms des lieux ont été retrouvés au cours d’une recherche de deux ans menée au début des années 2000.  Des experts ont examiné des livres, des cartes et des documents, tout en recueillant les histoires orales des peuples autochtones irlandais et acadien de l’Île.  Ce travail a abouti à la collecte de plus de 200 noms qui ont ensuite été partagés avec un linguiste de la communauté Mi’kmaq et avec des anciens.

«Inclure la culture mi’kmaq dans la plus grande identité culturelle de la province» 

Les noms collectés reflètent la géographie, l’histoire et la culture de chaque endroit.  Contrairement aux appellations anglaises actuelles, les dénominations mi’kmaq sont enracinées dans une description de l’endroit et mettent en évidence les activités qui y avaient lieu.  Il suffit de songer à Mewisitek (Orwell) qui signifie «le lieu de cueillette des baies» ou encore à Atoqwa’sue’kaqn (Mill River) qui veut dire «le lieu de pêche à la truite».

«Cette initiative contribue à éduquer les insulaires et les visiteurs et constitue une autre étape vers la réconciliation, apprécie le chef Junior Gould de la Première Nation d’Abegweit.  En incluant la riche histoire des Mi’kmaq dans la culture et les paysages de l’Île, nous reconnaissons une partie très importante de notre patrimoine.» La cheffe Darlene Bernard de la Première nation de Lennox Island salue également le projet.  «En partageant ces noms de lieux, notre objectif est d’inclure notre culture dans la plus grande identité culturelle de la province et d’améliorer la compréhension de tous les insulaires», partage-t-elle. 

Revitaliser la langue mi’kmaq

«PEI Mi’kmaq on the Map» est également une manière de revitaliser la langue mi’kmaq, en grande partie perdue avec le décès des aînés. 

«À cause de l’assimilation passée et des politiques discriminatoires mises en place par le gouvernement du Canada, il y a malheureusement très peu de personnes qui la parlent couramment à l’Île», ajoute Jenene Wooldridge, directrice de L’nuey.

Signe d’une prise de conscience, dans plusieurs écoles de l’Île, les élèves apprennent aujourd’hui à interpréter l’hymne national Ô Canada et à dire bonjour dans la langue des Premières Nations.

PEI Mi’kmaq on the Map : Dans le cadre du projet «PEI Mi’kmaq on the Map» mené par l’organisme L’nuey, les noms de dix villages et localités de l’Île ont été traduits en mi’kmaq cette année. (Photo : Gracieuseté)

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Société