Réclamé depuis des années (lire La Voix acadienne du 6 mai 2020), un refuge pour femmes devrait bientôt ouvrir à Summerside. Le gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard vient d’annoncer une subvention de 100 000 dollars à cet effet. Le 29 avril dernier, le gouvernement provincial de l’Île-du-Prince-Édouard a annoncé un soutien financier de 100 000 dollars au profit du Club des garçons et des filles de Summerside.
L’objectif? Permettre au Club d’acheter une maison dans la deuxième ville de la province afin d’en faire un refuge pour femmes. «Ce don s’ajoute à de nombreux autres obtenus grâce à de multiples collectes de fonds», précise Cory Snow, conseiller municipal à Summerside.
«C’est une excellente nouvelle, ce type d’hébergement d’urgence manquait dans la zone, le besoin était identifié depuis des années», réagit Danya O’Malley, directrice de PEI Family Violence Prevention Services, association d’aide aux victimes.
A priori, ce refuge sera ouvert à toutes les femmes qui en éprouvent le besoin, qu’elles soient sans-abri, victimes de violences conjugales ou autres. Pour le moment, le nombre de places qui sera disponible demeure inconnu.
«Ne pas déraciner les femmes»
«C’est très important d’avoir des services dans chaque région de l’Île pour les femmes qui ont des difficultés et vivent des traumatismes, insiste Jane Ledwell, directrice du Conseil consultatif de l’Î.-P.-É. sur la condition de la femme. On doit pouvoir les aider à sortir de la pauvreté, des violences qu’elles ont vécues, on doit prendre soin de leur santé mentale».
Jusqu’alors, les femmes de la région de Summerside en quête d’un hébergement d’urgence devaient se rendre jusqu’à Charlottetown ou Lennox Island.
Ceci constituait une barrière de plus pour celles qui n’ont pas de voiture, surtout en l’absence d’un réseau de transport public développé. Pour rompre cet isolement, PEI Family Violence Prevention Services a mis en place un service de transport gratuit pour les survivantes qui veulent se rendre à Anderson House, son refuge de Charlottetown.
Mais aux yeux de Cory Snow, il ne s’agissait pas seulement d’une question de transport. «Ce n’est pas bon que les femmes contraintes de quitter leur maison soient déracinées aussi loin, surtout si elles ont des enfants qui vont à l’école, explique le conseiller municipal. Il vaut mieux qu’elles restent dans un environnement connu».
160 femmes tuées en 2020 au Canada
Ce refuge est d’autant plus important à l’heure de la pandémie de COVID-19. Depuis le début de la crise sanitaire, une Canadienne sur dix se dit beaucoup ou énormément inquiète des violences familiales. En plus d’exacerber le problème, cette crise vient entraver les possibilités d’aide dont disposent habituellement les victimes, en les isolant davantage et en augmentant la dangerosité de leur situation.
Au Canada, 160 femmes sont ainsi mortes des suites d’un acte violent en 2020, ce qui correspond à une femme tuée tous les deux jours et demi, selon le dernier rapport de l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation publié fin mars. Et 90 % de ces femmes sont tuées par un homme. À l’Î.-P.-É., les démarches pour acheter la maison avancent et, selon Danya O’Malley, le refuge devrait ouvrir en septembre.
Danya O’Malley, directrice de PEI Family Violence Prevention Services, association d’aide aux victimes. (Photo : Marine Ernoult)