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La vie d’Alberic Valere Fanseu Houdi, 23 ans, a pris un tournant inattendu quand, en 2023, il a décidé de quitter son pays natal, le Cameroun, à la suite d’une discussion avec un de ses oncles qui vit au Canada. Sa destination? L’Île-du-Prince-Édouard. «En faisant mes recherches, je me suis rendu compte qu’il y avait une école francophone qui offrait de nombreux programmes», explique-t-il.

Alberic a donc rejoint le Collège de l’Île, où il suit depuis un an et demi et jusqu’au mois de juin prochain un programme Technicien en éducation spécialisée. «Ça consiste en l’éducation et l’aide aux personnes vulnérables, qui souffrent de déficiences ou de troubles du comportement.» Une fois qu’il aura sa résidence permanente, le jeune Camerounais envisage de poursuivre des études en soins infirmiers pour compléter sa formation.

Un virage à 180 degrés dans sa carrière professionnelle, puisqu’Alberic avait entrepris des études en comptabilité au Cameroun. «J’ai fait ça pendant trois ans avant de venir au Canada, raconte-t-il. Avec mon baccalauréat en sciences et mathématiques, c’était plus prometteur que le domaine de la santé. Mais j’ai toujours voulu travailler dans le domaine de la santé pour pouvoir soigner ma famille et mes amis. Et j’ai été inspiré par des connaissances qui travaillaient dans la santé. »

Alberic a aussi travaillé avec des personnes âgées pendant trois mois en tant que préposé aux soins, à Québec. «Ça m’a vraiment plu de m’occuper de ces personnes, de suivre leur histoire et leur vécu», se réjouit-il. S’il aime aussi travailler avec des enfants, il reconnaît que cela demande plus de patience, d’être vraiment à l’écoute et très attentif et de préparer énormément d’activités.

Évidemment, tout n’a pas été simple à l’arrivée d’Alberic sur l’Île-du-Prince-Édouard. Installé à Charlottetown, il a heurté de plein fouet «une barrière linguistique» en raison d’une pratique de l’anglais encore hésitante. Ce qui l’a d’autant plus convaincu de l’importance de conserver la pratique du français dans le milieu de la santé. « J’ai remarqué que beaucoup d’étudiants francophones ne vont pas à l’hôpital parce qu’ils seront confrontés à l’anglais. Or, si nous avons des personnes qui parlent le français, je pense que ça va aider la communauté. »

Autre changement à appréhender : l’enseignement en ligne, alors qu’il était habitué à venir en classe. «Ça m’a permis d’apprendre à manipuler l’outil informatique», reconnaît-il. Le froid et l’orientation n’ont pas non plus été une partie de plaisir au début. «J’avais du mal à utiliser Google maps, je me perdais souvent en plein hiver», rigole-t-il.

Mais il est parvenu à prendre ses marques petit à petit. «Je me sens comme chez moi à l’Île-du-Prince-Édouard, assure-t-il. J’apprécie beaucoup la population, très accueillante et chaleureuse, et l’environnement, la nature, les plages. » Même s’il reconnaît qu’il est difficile de vivre loin de sa famille, Alberic se voit rester ici longtemps.

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