Communauté
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
De gauche à droite : Laila Boulahib, Meriem Najjar et Asmaâ Barakat. (Photo : Marine Ernoult)

Le vendredi 21 mars, la célébration du ramadan, mois béni par les musulmans, a réuni une centaine de personnes au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean à Charlottetown. L’occasion d’expliquer cette pratique religieuse marquée par le jeûne, mais aussi de créer des liens entre communautés avec le français comme élément rassembleur. 

«Ça nous fait plaisir du fond de notre cœur de passer notre culture à d’autres personnes. C’est un mixage très enrichissant des traditions arabe et francophone», partage Asmaâ Barakat, arrivée du Maroc en avril 2023.

Le vendredi 21 mars, elle participe à la soirée Ramadanesque, organisée au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean à Charlottetown, en partenariat avec la Coopérative d’intégration francophone (CIF) et le Réseau en immigration francophone. 

Une centaine de personnes sont réunies pour célébrer le ramadan, et «partager leur culture», selon les mots de l’employé de la CIF, Adil Khallate.

«C’est l’occasion de rassembler beaucoup de communautés, d’expliquer ce qu’est le mois sacré du ramadan, de normaliser les choses, de répondre aux questions, car il y a parfois des ambiguïtés autour de ce sujet», dit-il. 

«Il y a une grosse communauté musulmane à Charlottetown et ce sont souvent des bénévoles dans nos activités. Cette soirée, c’est un respect qu’on leur doit», estime de son côté, Emile Gallant. 

«Recréer les traditions marocaines à l’île»

Dans les cuisines, Asmaâ Barakat et deux amies marocaines, vêtues de tenues traditionnelles colorées, s’activent derrière les fourneaux. Elles font partie de l’équipe des cinq bénévoles qui contribuent à l’organisation de la soirée. 

Baghrir et msemen (deux formes de crêpes), harira (soupe), durant toute la journée, elles ont préparé des plats de leur pays d’origine. Laila Boulahib a profité de son dernier voyage au Maroc pour ramener des épices et des ingrédients introuvables à l’île. 

«La famille nous manque plus que d’habitude à cette époque de l’année, mais on essaie de faire notre petite communauté, de recréer les traditions marocaines ici à l’île», raconte celle qui est installée depuis trois ans et demi dans la province. 

«C’est aussi important de transmettre nos traditions à nos enfants même si on est loin du Maroc», poursuit l’éducatrice  en petite enfance.

Derrière elle, Meriem Najjar, arrivée à Charlottetown il y a trois semaines à peine, partage ses premières impressions : «C’est un peu difficile d’être loin de se proches en plein ramadan, car c’est avant tout une fête familiale. Mais on a réussi à recréer l’ambiance.»

Les trois nouvelles arrivantes assurent que leur intégration se passe bien. Elles évoquent notamment les activités du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean et de la CIF, grâce auxquelles elles «tissent des liens», affirme Laila Boulahib. 

Lever les «incompréhensions»

«L’île est une région assez ouverte, les gens s’interrogent tout le temps, ils veulent savoir d’où on arrive, avec quelle culture», abonde dans le même sens Adil Khallate.

Dans la salle du Bayou, la jeune Joumana Tobali, également bénévole, explique au public présent ce qu’est le ramadan. «C’est un mois de paix pour se consacrer aux autres, à sa famille, à ses amis, pour s’entraider», détaille l’adolescente de 14 ans scolarisée à l’École François-Buote, qui veut faire connaître sa religion et lever les «incompréhensions». 

Au moment du coucher du soleil à 19 h 30, le jeûne est rompu et tout le monde se lève pour savourer les mets traditionnels. Un espace de prière est aussi prévu pour celles et ceux qui le souhaitent. 

«C’est un bel évènement inclusif, qui permet d’en découvrir plus sur la communauté musulmane, d’aller à la rencontre», considère la directrice générale de la Société acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard, Isabelle Dasylva-Gill.

«On a besoin d’avoir cette curiosité, de s’intéresser à l’autre, et le français est un élément rassembleur», conclut-elle.

2-Adil_Khallate.jpg«C’était un peu difficile de créer des liens au départ, mais on a réussi à faire des rencontres et a recréer une famille pour fêter le ramadan», témoigne Adil Khallate. (Photo : Marine Ernoult)

3-Laila_Boulahib_Asmaâ_Barakat.jpg«Les insulaires sont curieux et posent beaucoup de questions. Ils sont vraiment gentils», salue Laila Boulahib (à gauche).  Le ramadan est une tradition où on invite tout le monde à la maison, les amis, la famille», observe Asmaâ Barakat (à droite). (Photo : Marine Ernoult)

4-Meriem_Najjar.jpgMeriem Najjar est arrivée du Maroc il y a trois semaines. (Photo : Marine Ernoult) 

5-msemen.jpgAsmaâ Barakat et Laila Boulahib ont cuisiné des msemen, des crêpes traditionnelles marocaines. (Photo : Marine Ernoult)

6-Isabelle_Dasylva-Gill.jpgPour Isabelle Dasylva-Gill, la soirée Ramadanesque permet aussi «d’étendre son champ de compétences culturelles». (Photo : Marine Ernoult)

7-Joumana_Tobali.jpgLa jeune Joumana Tobali, originaire du Maroc, explique qu’elle a beaucoup de questions de ses camarades de classe à l’École François-Buote à propos du ramadan. (Photo : Marine Ernoult)

8-objets_traditionnels_marocains.jpgDes bénévoles ont rapporté des objets de leurs pays pour les exposer durant la soirée. (Photo : Marine Ernoult) 

9-Table.jpgDes tables avaient été joliment dressées pour la soirée.  (Photo : Marine Ernoult)

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