Depuis plusieurs années, les 25 organismes membres du Réseau des développeurs (RDD) participent à une collecte de données en lien avec les quatre objectifs primaires du Plan de développement global (PDG) 2017-2027 de la communauté acadienne et francophone (CAF) de l’Île-du-Prince-Édouard. Ces données, une fois analysées, fournissent des indices des progrès accomplis et des efforts à faire.
Rendu public à la fin du mois de janvier 2025, le Portrait annuel 2023-2024 présente un état détaillé de la situation des organismes, leurs enjeux et leurs succès. Basé sur les contributions des 25 organismes membres du Réseau des développeurs (RDD), ce portrait met en lumière la diversité des actions menées en faveur de la communauté et les défis persistants auxquels elle fait face.
«Alors que notre communauté continue de démontrer sa résilience et sa capacité à innover, nous devons nous assurer que nos organismes disposent de ressources stables pour poursuivre leur mission. La révision de la Loi sur les services en français, nos consultations avec le gouvernement et l’expansion des services éducatifs et culturels sont des étapes essentielles pour assurer un avenir durable à la francophonie insulaire. Ensemble, nous devons continuer à faire entendre notre voix et renforcer nos actions collectives», souligne Charles Duguay, président de la SAF’Île.
Analyse plus profonde que d’habitude
Les quelque 25 organismes membres du Réseau des développeurs (RDD) fournissent chaque année un rapport de leurs activités et progrès en lien avec les quatre objectifs primaires de Plan de développement global 2017-2027.
Ces quatre objectifs sont les suivants :
1. Assurer et augmenter la prestation de services et d’activités en français.
2. Augmenter la population acadienne et francophone.
3. Augmenter la fierté et l’identité des Acadiens et francophones.
4. Augmenter le taux d’utilisation du français à la maison.
«Dans l’ensemble, pas moins de 300 activités ont été répertoriées, la plupart répondant à l’objectif primaire n° 1. Cependant, en y regardant de plus près, nous avons constaté que de très nombreuses activités touchaient au moins un des trois autres objectifs, de façon secondaire, mais tout de même notable. Nos objectifs sont très vastes et se recoupent de façons parfois inattendues. Ça donne un portrait plus exact lorsqu’on tient compte de ce facteur, plutôt que de considérer seulement l’atteinte de l’objectif primairevisé», analyse Isabelle Dasylva-Gill.
La SAF’Île fait ce portrait chaque année, sans que le public en soit informé. «D’habitude, nous partageons le «portrait» seulement à l’interne, à l’intérieur du RDD, et nous présentons surtout des chiffres. Nos organismes travaillent fort toute l’année, chacun dans leurs secteurs, pour faire avancer le développement. Nous avons donc voulu mettre un projecteur sur leur travail» renforce la directrice générale de l’organisme porte-parole de la communauté acadienne et francophone.
Parmi les chiffres qui sont partagés (seulement à l’interne), le principal serait celui des revenus. Là encore, la SAF’Île a apporté des nuances à la signification de ces chiffres, qui peuvent impressionner.
«Certains organismes ont des revenus substantiels en apparence, mais quand on y regarde de plus près, on se rend compte que ce sont des revenus liés à des projets. C’est une forme de précarité, car il n’y a pas de garantie à long terme.»
Bien sûr, admet la SAF’Île, cela démontre une volonté de diversifier les sources de financement et de réaliser des activités nécessaires pour la CAF. Toutefois, l’incertitude liée au financement de projets peut créer des risques budgétaires plus élevés. Il faut noter que les budgets n’augmentent pas nécessairement d’une année à l’autre pour les organismes qui s’appuient sur les projets. De plus, il faut toujours créer de nouveaux projets, puisque peu importe leur succès, ils ne peuvent être reconduits.
Dans un document qui a été partagé à l’interne et dont La Voix acadienne a obtenu quelques extraits, on affirme queles organismes sont unanimes à dire que le plus grand défi auquel ils font face est le manque de ressources financières stables.
Des ressources financières adéquates permettraient de maintenir une équipe complète, des opérations harmonieuses et une programmation stable. En 2023-2024, Patrimoine canadien a bonifié les frais d’opération des organismes de 12,5 %, en plus d’un engagement additionnel de 12,5 % pour 2024-2025. Cependant, cette intervention tardive après 20 ans de stagnation, où l’inflation n’a jamais été prise en compte, ne permet toujours pas d’atteindre un minimum vital de survie. En outre, les organismes sans employé, qui comptent uniquement sur les bénévoles, sont en danger et ont besoin d’appui.
Malgré ces défis, la collaboration et les services partagés demeurent une voie d’avenir prometteuse. Le modèle de mutualisation des ressources, notamment en finances et en gestion des ressources humaines, a permis d’améliorer l’efficacité des organismes et de réduire les coûts. De plus, l’augmentation des initiatives culturelles et éducatives continue de renforcer l’identité acadienne et francophone.
Les Rendez-vous de la Francophonie qui approchent, en sont un bon exemple.
Lors de la plus récente rencontre du Réseau des développeurs, à la mi-novembre 2024, on voit l’engagement des partenaires dans le développement de la communauté acadienne et francophone de l’ÎPÉ. (Photos : Page Facebook de la SAF’Île)