L’organisme Arbres Canada a récemment planté 200 arbres à Charlottetown. Au total, la capitale de l’Île-du-Prince-Édouard en compte 11 752. Charlottetown est verte, mais pas autant que d’autres villes canadiennes. Les arbres n’ont pourtant jamais été aussi importants pour atténuer les effets du changement climatique : ils rafraîchissent l’air tout en réduisant la pollution.
Le mercredi 21 septembre, l’organisme à but non lucratif Arbres Canada a planté 200 arbres à la ferme Upton, à Charlottetown. 200 qui viennent s’ajouter au 11 752 déjà présents dans les rues et parcs de la capitale provinciale.
L’ensemble du feuillage de ces arbres, ou couvert végétal représente la canopée urbaine. On mesure ce qu’on appelle l’indice de canopée. C’est une donnée fiable pour évaluer la part d’ombre dans une rue. Plus il y a d’arbres et plus l’indice de canopée est important.
Selon les données disponibles, l’indice de canopée à Charlottetown était de 20,91 % en 2020. «C’est inférieur aux autres grandes villes du Canada où cet indice tourne autour de 30 %», constate Alison Munson, titulaire de la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu à l’Université Laval, à Québec.
Pire, ce chiffre est en baisse de 1,29 point de pourcentage par rapport à 2014. «C’est un défi de préserver les surfaces boisées en milieu urbain. À mesure que les villes se développent et se densifient, que la population augmente, les services municipaux sont obligés de couper dans la végétation», détaille la chercheuse. À Charlottetown, des centaines d’ormes malades ont par ailleurs été arrachés.
Bienfaits multiples
Cet indice de canopée varie également en fonction des quartiers. «Très souvent ce sont les zones les plus défavorisées qui sont les plus minéralisées», considère Alison Munson. Les forêts urbaines sont pourtant une arme efficace pour lutter contre les effets du changement climatique. Elles rafraîchissent l’air des villes tout en réduisant leur pollution.
De nombreuses études scientifiques montrent que les arbres filtrent les particules et bien d’autres polluants contenus dans l’atmosphère. Elles révèlent aussi que l’ombre qu’ils projettent et la transpiration végétale produite lors de la photosynthèse contribuent à faire baisser la température de l’air.
«C’est très important, car on va être appelé à connaître des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses», souligne Alison Munson. L’universitaire évoque également le rôle clé des arbres dans la prévention des inondations, grâce à «leur système racinaire qui absorbe l’eau dans le sol».
«La nature en ville, c’est aussi un plaisir esthétique et du bien-être pour les résidents. C’est bon pour notre santé mentale et physique, ça nous encourage à aller dehors, à nous promener», poursuit-elle.
Surmortalité des jeunes plants
Mais la plantation doit être une solution réfléchie. Planter n’importe où et n’importe comment ne sert à rien. Alison Munson explique que la croissance de jeunes plants le long des rues et des axes de circulation représente un «défi».
Elle évoque une surmortalité, liée à une mauvaise qualité des sols, et à un volume de terre insuffisant pour assurer un développement correct des racines. «Il y a aussi les maladies, de plus en plus fréquentes avec le réchauffement climatique, et l’impact négatif des espèces invasives d’insectes», ajoute-t-elle.
Le choix des espèces a aussi son importance. Les arbres d’aujourd’hui ne seront pas forcément adaptés au climat plus chaud qui régnera dans 50 ans. «On doit tester des variétés qui poussent plus au sud et sont plus à même de résister à la sécheresse», observe Alison Munson, qui cite notamment le platane.
Au niveau fédéral, le gouvernement s’est fixé pour objectif de planter 2 milliards d’arbres à travers le pays d’ici 2031. Une initiative saluée par la chercheuse, néanmoins sceptique quant au délai fixé : «On manque de personnes et d’infrastructures pour produire autant de plants en si peu de temps».
Alison Munson est titulaire de la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu à l’Université Laval, à Québec. (Photo : Gracieuseté)