Alors que les frontières de l’Île-du-Prince-Édouard se rouvrent cet été au reste du Canada, des Insulaires racontent leurs retrouvailles avec leurs proches installés dans d’autres provinces.
Le 19 juillet dernier, Julie Gagnon a pris la route, direction Rigaud, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Montréal. La Québécoise, installée depuis vingt-cinq ans à l’Î.-P.-É., a franchi le Pont de la Confédération au petit matin, «nerveuse et émue». Face à elle, treize heures de route et 1200 kilomètres de bitume, avant de retrouver sa famille qu’elle n’a pas vue une seule fois en seize mois. «Avec la COVID-19, la distance est amplifiée, je m’inquiète plus pour mes parents qui ne rajeunissent pas, j’ai réalisé que je ne pouvais pas y aller s’il arrivait quelque chose», confie Julie Gagnon qui rentre habituellement une à deux fois par an dans la Belle Province.
Pour les parents de Julie Gagnon, la surprise était totale, seuls son frère et sa sœur étaient au courant de son arrivée. «Quand j’ai entendu sa voix dans les escaliers, je n’y ai pas cru, j’ai pleuré de joie, je lui ai sauté dans les bras», raconte Jocelyne Saint-Laurent, la mère. Depuis, la famille «rattrape le temps perdu» et enchaîne fêtes et repas.
«Retrouver de l’énergie»
Sylvie Plourde-Farrell profite elle aussi de chaque moment avec ses proches installés au nord-est du Nouveau-Brunswick. Souper de Noël en retard, longues fins de semaine au chalet, anniversaires de mariage, elle multiplie les séjours dans la province voisine. Car pendant sept mois la Néo-Brunswickoise, arrivée à l’Île en 1995, a été dans l’impossibilité de voir ses parents, son frère, ses oncles et ses tantes. «On est tellement contents de se retrouver tous ensemble, ça fait du bien au moral», témoigne-t-elle.
«Ce sont des moments précieux», abonde Anne Gallant de Wellington dont deux filles et une petite-fille de trois ans habitent au Nouveau-Brunswick.
Le 3 juillet, après sept mois de séparation, la famille a pu fêter Noël à l’Île tous ensembles. «C’était excitant, la petite était attachée à moi», sourit celle qui est habituée à voir ses enfants presque chaque fin de semaine. «On en profite au maximum, on reprend des forces», ajoute-t-elle.
Depuis qu’elle a serré son fils et sa petite-fille dans ses bras mi-juillet, Diane Richard de Mont-Carmel a également «retrouvé de l’énergie pour affronter la crise». Pendant quatre jours, sa famille réunie au grand complet a célébré les retrouvailles après près d’un an à distance.
Se rapprocher de sa famille
Avec la pandémie, toutes les femmes interrogées ont pris plus que jamais conscience de l’importance de la famille. «On réalise que c’est une chance d’avoir encore ses parents, on se dit qu’il faut passer plus de temps avec eux», souligne Sylvie Plourde-Farrell. «On se recentre sur les valeurs familiales et on laisse les chicanes de côté», renchérit Julie Gagnon. Les deux Prince-Édouardiennes d’adoption pensent à se rapprocher géographiquement de leurs proches. «Notre plan était de prendre notre retraite au Nouveau-Brunswick, mais avec le télétravail ça arrivera peut-être plus vite que prévu», partage Sylvie Plourde-Farrell. En attendant, Julie Gagnon prévoit déjà de retourner au Québec pour l’Action de Grâce l’automne prochain.
Anne Gallant et son mari Mike avec leurs petits-enfants. (Photo : Gracieuseté)
Lors des retrouvailles de famille de Sylvie, Patrick, Noah et Daphnée, on fête Noël avec les parents de Sylvie. (Photo : Gracieuseté)
Julie Gagnon avec son neveu et sa nièce qu’elle a pu revoir au Québec après seize mois de séparation. (Photo : Gracieuseté)