La campagne électorale fédérale bat son plein dans la province. Selon les sondages, l’île devrait rester libérale, mais tout peut changer du jour au lendemain, préviennent deux politologues. Les circonscriptions de Cardigan, Charlottetown et Malpeque pourraient passer aux mains des conservateurs.
«Il semble que les libéraux bénéficient à nouveau d’un fort soutien, mais les conservateurs peuvent se ressaisir», observe le professeur de sciences politiques à l’Université de l’ÎPÉ, Don Desserud, qui parle d’une campagne très «volatile».
D’après les derniers sondages, les quatre circonscriptions électorales devraient rester libérales le 28 avril prochain.
«La campagne est jeune, elle va encore durer trois semaines, c’est long. Si un leader fait une gaffe au niveau national, ça peut changer très vite», prévient le professeur de sciences politiques à l’Université Mount Allison, Mario Levesque.
Aux yeux des deux politologues, la guerre commerciale avec les États-Unis sera le facteur déterminant dans le vote des insulaires.
«Tout ce qui compte pour les habitants de l’île, la capacité à vendre des produits agricoles, le changement climatique, le coût de la vie, les soins de santé, le logement, va être affecté par les droits de douane», analyse Don Desserud.
«Ils veulent donc d’un parti politique qui inclut leur province dans son plan d’action et de riposte aux États-Unis», ajoute-t-il.
Champ libre à Cardigan
L’universitaire estime que «si les gens sont en colère, ils adhéreront à la façon dont Pierre Poilievre s’attaque à ces problèmes», alors que «s’ils ont peur de la menace américaine, ils pencheront plus pour Mark Carney.»
«Pour le moment, les électeurs jugent l’équipe rouge la mieux placée pour faire face aux tarifs de Trump», poursuit Mario Levesque.
Selon le politologue, si Pierre Poilievre veut engranger plus de votes dans la province, il doit se positionner «plus au centre du spectrum, ajuster son discours», car dans les Maritimes, «nous sommes plus modérés que dans l’Ouest.»
«Les candidats conservateurs locaux ne doivent pas hésiter à faire un pas de côté et à montrer qu’ils travaillent à modérer le discours de leur chef», avance-t-il.
Au niveau local justement, la décision de Lawrence MacAulay de renoncer à un nouveau mandat de député fédéral pour Cardigan rebat les cartes.
«Une grande partie de son succès a été plus lié à sa personne qu’au parti libéral auquel il appartient, croit Don Desserud. Il est tout à fait possible que ses anciens soutiens cherchent un autre candidat. Sans lui, c’est un champ largement ouvert.»
Les électeurs de Cardigan ont désormais le choix entre le conservateur James Aylward, ancien ministre provincial, et le libéral Kent MacDonald.
«Ce sont deux candidats solides, avec une forte présence dans la communauté et des références en matière d’agriculture rurale, ce qui me semble important dans cette région», relève Don Desserud.
Nouvelle venue à Charlottetown
Malpeque est un autre district à suivre de près. Le conservateur Jamie Fox affrontera le libéral Heath MacDonald, qui siège à Ottawa depuis 2015.
«Jamie Fox a une chance, parce que la plupart des députés provinciaux de la circonscription fédérale de Malpeque sont des progressistes-conservateurs», considère Don Desserud.
Charlottetown pourrait également réserver quelques surprises. La conservatrice Natalie Jameson y convoite le siège du député libéral Sean Casey.
«Il s’agira vraiment de savoir qui arrive à démontrer que, premièrement, son chef est la personne la mieux placée pour traiter avec les États-Unis et, deuxièmement, qu’il ou qu’elle sera à la table du conseil des ministres à Ottawa avec ce chef», affirme Don Desserud.
À cet égard, le fait que Sean Casey n’ait jamais siégé au sein du conseil des ministres pourait l’handicaper, d’après Don Desserud.
Pour Mario Levesque, «la couleur de son parti» sera néanmoins plus importante que «sa performance individuelle».
Quelles que soient les dynamiques locales, Don Desserud rappelle que les insulaires préfèrent souvent suivre «le courant dominant» : «Si les libéraux sont en tête au niveau national, alors ils voudront être du côté libéral.»
Pour Mario Levesque, les candidats conservateurs au niveau local ne doivent pas hésiter à se positionner différemment de Pierre Poilievre pour récolter plus de voix. (Photo : Gracieuseté)