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Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Pour la professeure Lena Liang, les Insulaires, «très gentils», ne se montreront pas hostiles à l’encontre des visiteurs des États-Unis.  (Photo : Gracieuseté)

La guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis pourrait avoir des retombées positives sur le tourisme insulaire. L’élan de patriotisme national contribuera probablement à attirer plus de Canadiens et Canadiennes. Le secteur touristique craint cependant que les visiteurs américains soient mal accueillis dans la province l’été prochain. 

«Nous sommes préoccupés par le fait que les touristes américains ne se sentent pas les bienvenus ici», confie la directrice générale de l’Association de l’industrie touristique de l’Île-du-Prince-Édouard, Corryn Clemence. 

En pleine guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, les acteurs du tourisme de la province veulent s’«assurer que les insulaires sont accueillants et amicaux envers les voyageurs américains», selon les mots de la responsable. 

«Je serais très déçu si de mauvaises choses arrivaient, l’île est connue pour être accueillante, réagit le président du Village musical acadien à Abram-Village, Marcel Bernard. Je souhaite qu’on accueille les touristes des États encore mieux que d’habitude, car ceux qui viennent ici n’ont rien contre nous et le Canada.»

«Bonne occasion» pour se faire connaître

Malgré les tensions entre les deux pays, la professeure de tourisme à la Faculté d’administration McDougall de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, Lena Liang, ne pense pas que «les habitants de l’île auront une attitude négative à l’égard des visiteurs en provenance des États-Unis.»

«Peut-être que, verbalement, les gens leur diront quelque chose. Mais ce que je ressens, c’est que les Canadiens ne sont pas vraiment en colère contre les Américains, mais plutôt contre leurs dirigeants», ajoute le président du Groupe de tourisme de l’est de l’île, Craig Ono. 

Quelles que soient les appréhensions du secteur, Corryn Clemence assure que la crise actuelle pourrait avoir des répercussions positives. La province pourrait notamment bénéficier du vent de patriotisme qui souffle sur le Canada. 

«Il y a une vraie opportunité d’attirer les voyageurs nationaux et d’encourager les Canadiens à explorer l’Île-du-Prince-Édouard, insiste-t-elle. On peut réellement devenir une destination de choix.»

«Au Canada, beaucoup de gens boycottent les vacances aux États-Unis, c’est une bonne occasion pour l’Île de se faire connaître sur le marché intérieur», abonde dans le même sens Lena Liang. 

Au Village musical acadien, Marcel Bernard mesure déjà les retombées positives, avec une vingtaine d’autobus supplémentaires prévus cet été par rapport à l’année passée. 

«La situation pourrait être profitable pour nous en 2025. Les Canadiens ne veulent définitivement plus traverser la frontière avec tout ce qui se passe», souligne-t-il. 

Des Américains, «à la recherche de vacances pas chères»

À l’inverse, la faiblesse du dollar canadien vis-à-vis de la devise américaine pourrait «attirer de nombreux visiteurs des États-Unis à la recherche de vacances pas chères», assure Corryn Clemence. 

«On pourrait même connaître une augmentation de leur nombre», poursuit la responsable. 

Un avis que ne partage pas Craig Ono : «Ils ne viendront peut-être pas chez nous, parce qu’ils auront un peu peur de la façon dont ils seront traités.» 

L’instructeur de pêche à la mouche, propriétaire de l’entreprise Fly Fish PEI dans l’est de l’île, note déjà que les réservations américaines sont en baisse. 

«Normalement, à cette époque de l’année, j’aurais quatre ou cinq réservations des États-Unis, rapporte-t-il. À l’heure actuelle, je n’en ai aucune et je ne reçois aucune demande de renseignements alors qu’habituellement j’en ai beaucoup.»

À Wellington, Marcel Bernard n’enregistre, lui, aucune annulation d’autobus venant des États-Unis depuis l’élection du président Donald Trump. Il est persuadé que les voyageurs américains répondront présents, quelle que soit les relations diplomatiques entre les deux pays voisins. 

2-Craig_Ono.jpgPour Craig Ono, président du Groupe de tourisme de l’est de l’île-du-Prince-Édouard, «les Canadiens ne sont pas vraiment en colère contre les Américains, mais plutôt contre leurs dirigeants.» (Photo : Gracieuseté) 

3-marcel_bernard.jpgAu Village musical acadien, Marcel Bernard enregistre déjà, par rapport à 2024, une augmentation du nombre d’autocars qui viendront l’été prochain. (Photo : Jacinthe Laforest)

4-Corryn_Clemence.jpgSelon Corryn Clemence, le nombre de touristes des États-Unis dans la province pourrait augmenter.  (Photo : Gracieuseté)



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