Actualités
Par Inès Lombardo – Francopresse
Mark Carney a fait disparaitre le terme «Langues officielles» de son cabinet. Photo : Inès Lombardo – Francopresse

La disparition du portefeuille des Langues officielles au sein du cabinet de Mark Carney suscite déjà des critiques au sein de la francophonie canadienne. Certains députés libéraux francophones tentent toutefois de nuancer cette décision, alors que le pays fait face à une guerre commerciale avec les États-Unis.

Le portefeuille des Langues officielles a fait place à celui de la Culture et de l’Identité canadiennes.

«C’est un renforcement de notre identité. La langue française est au cœur de notre identité canadienne», a justifié le nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, en conférence de presse vendredi. 

Il a ensuite apporté son soutien à Radio-Canada, marquant ainsi son opposition aux propos de son rival conservateur Pierre Poilievre, qui menace de fermer CBC s’il devient premier ministre. Une décision qui ne serait pas sans conséquence pour son pendant francophone.

«Le fait de vouloir un cabinet de petite taille n’est pas une excuse pour faire disparaitre le portefeuille des langues officielles, surtout pas au moment où l’identité canadienne et la souveraineté nationale du pays sont au centre des préoccupations», a critiqué la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, par communiqué après l’annonce du nouveau gouvernement.

À lire aussi : Mark Carney premier ministre : les Langues officielles évincées

Sous le feu des critiques conservatrices et des organismes

Pour l’organisme de défense du fait français au Canada hors Québec, la disparition du portefeuille des Langues officielles «dilue énormément l’importance du dossier à un moment où on doit mettre l’accent sur tout ce qui fait la souveraineté nationale du Canada. Ça lance le message qu’en termes d’identité canadienne, les langues officielles, ça n’existe pas», peut-on lire.

Le ministre Steven Guilbeault, qui sera responsable des Langues officielles sous le parapluie de la Culture et de l’Identité canadiennes, Parcs Canada, a assuré en mêlée de presse vendredi qu’il «discutera» avec les organisations francophones mécontentes «au cours des prochaines semaines». 

«L’identité canadienne repose sur nos deux langues officielles, sur nos arts, sur la culture et, moi j’adore le concept d’intégrer également tout notre environnement et le milieu naturel canadien qui définit notre identité dans le cadre de ce nouveau mandat-là», a-t-il assuré. 

«C’est certain que les langues officielles sont au cœur de ce qu’on va faire au cours des prochains mois et des prochaines années», a-t-il insisté. 

De son côté, le député conservateur Joël Godin, chef de file de son parti en matière de Langues officielles, estime que pour les libéraux du gouvernement Carney, les Langues officielles et stopper le déclin du français, «ce n’est plus une priorité». 

«Qui va pousser au Conseil du Trésor pour faire déposer les décrets concernant les pouvoirs au commissaire [aux langues officielles] et la partie 2 de la Loi?» interroge-t-il.

Il est «convaincu» que l’élection fédérale, qui devrait être déclenchée avant la fin du mois de mars, va retarder l’adoption des décrets pour appliquer plusieurs parties de la Loi sur les langues officielles.

À lire aussi : Rachel Bendayan : «Les langues officielles ont toute leur place»

Les actions plus importantes que les titres?

L’ancienne ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, qui reste présidente du Conseil du Trésor au sein du gouvernement de Mark Carney, ne s’est pas offusquée de l’absence de la mention des langues officielles vendredi.

«Les langues officielles, c’est un dossier que le gouvernement tient à cœur. M. Guilbeault a la responsabilité des langues officielles. Moi, en tant que la présidente du Conseil du Trésor, la mise en œuvre de la Loi m’appartient aussi. Ça fait que j’ai bien hâte à travailler en étroite collaboration avec lui.»

La nouvelle venue franco-ontarienne du cabinet, Arielle Kayabaga, assure ne pas être d’accord «qu’il n’y a plus un ministre des langues officielles». «On a présentement un ministre qui est aussi le lieutenant du Québec, un Québécois qui occupe le ministère des langues officielles. Il n’y a pas une meilleure personne qui peut faire ça que ce ministre-là.»

Sur les décrets, elle affirme être «sure que le ministre aura le temps de parler de tout ça». 

De son côté, son ancien collègue libéral du Comité permanent des langues officielles, Francis Drouin, assure qu’il attache moins d’importance aux titres des portefeuilles ministériels, mais plutôt «par les actions» faites en matière de langues officielles.

Le député franco-ontarien comprend toutefois le fait que des critiques sont émises par rapport au fait qu’il n’y ait «aucun ministre avec un titre spécifique aux Langues officielles».

Mais il se veut rassurant. «C’est toujours Patrimoine Canada qui a eu la responsabilité dans le passé avec la Loi sur les Langues officielles et je suis certain que le ministre Guilbeault va être capable de remplir ce fonctionnement.»

À lire : Course libérale : un débat en français qui parle peu du français

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Actualités