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Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Bianca McGregor de la chambre de commerce de Charlottetown parle d’«effets très graves» sur l’économie insulaire à propos des droits de douane annoncés par le président américain Donald Trump.  (Photo : Gracieuseté)

La menace du président américain, Donald Trump, d’instaurer des tarifs douaniers de 25% préoccupe fortement les acteurs économiques et politiques. L’économie insulaire est en effet grandement dépendante des exportations vers le voisin du Sud. 

À l’image du reste du pays, l’économie de l’Île-du-Prince-Édouard est fortement dépendante des États-Unis. 

Selon des données de Statistique Canada, 76% des exportations de l’Île-du-Prince-Édouard étaient destinées au voisin du sud en 2023. Entre 2019 et 2023, ce chiffre est resté à peu près constant et n’a dépassé la barre des 80 % qu’une seule fois en 2021. 

Nourriture transformée, produits végétaux, animaux vivants, viande, machinerie électrique, des millions de dollars de produits sont vendus de l’autre côté de la frontière.

Face aux menaces de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens à partir du 1er février prochain, l’inquiétude est perceptible dans la province. 

Rejet côté américain aussi 

Le premier ministre Dennis King a ainsi déclaré que les tarifs auraient un «impact dévastateur» sur l’économie insulaire.

«Les effets sur notre économie seraient très graves, astronomiques même, en particulier pour les producteurs de pommes de terre, les aquaculteurs, les pêcheurs de homards», renchérit la directrice générale de la Chambre de commerce de la région du Grand Charlottetown, Bianca McGregor. 

Le directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) de l’Île-du-Prince-Édouard, Stéphane Blanchard, parle, lui, «d’une récession inévitable» et d’un recul du produit intérieur brut (PIB). 

Début janvier, des représentants du gouvernement et des dirigeants de l’industrie de la province sont partis en mission commerciale à travers le nord-est des États-Unis pour décourager l’instauration de ces droits de douane. 

Ils ont notamment rencontré des sénateurs, des consommateurs, des groupes d’entreprises, des chambres de commerce dans l’espoir de faire parvenir un message au nouveau président des États-Unis. 

«Une écrasante majorité des acteurs que nous avons rencontrés ne veulent pas de ces tarifs, ce n’est pas bon pour eux non plus», rapporte Bianca McGregor, qui faisait partie de la mission.

«Cela va aussi augmenter le coût des produits canadiens côté américain. Au final, il s’agit d’une taxe sur le consommateur des deux côtés de la frontière», poursuit-elle. 

Diversifier les marchés 

Beaucoup d’inconnues subsistent, notamment par rapport aux produits insulaires qui traversent la frontière à plusieurs reprises pour être transformés ou assemblés. 

«Est-ce qu’il y aura des taxes à chaque aller-retour ? On ne sait pas», s’inquiète Bianca McGregor. 

Pour tenter de minimiser les répercussions, les acteurs économiques cherchent déjà à diversifier leurs marchés et réfléchissent à renforcer leurs échanges avec les autres provinces et territoires canadiens. 

«Nous préconisons à nos gouvernements provinciaux et fédéraux d’examiner le commerce interprovincial de plus près, afin que nous puissions être un peu plus autosuffisants», confirme Bianca McGregor. 

«On a besoin de donner une plus grande place au marché intérieur, de lever les barrières et d’assouplir les réglementations qui empêchent les provinces et territoires de mieux commercer» abonde dans le même sens Stéphane Blanchard.

Certains produits alimentaires, dont la durée de conservation est très courte, ne sont néanmoins pas faciles à trans-porter sur de longues distances.

«Il faut prendre en compte cette barrière géographique, transporter du homard jusqu’en Colombie-Britannique n’est pas aussi facile que jusque dans le Maine ou le Massachusetts», avertit Bianca.

Malgré les nombreuses incertitudes, elle espère toujours un report de l’instauration des tarifs et se dit «prudemment optimiste.»  

2-St2phane_Blanchard_2.jpgLe directeur général du RDÉE, Stéphane Blanchard, s’inquiète de l’impact sur le PIB de l’imposition de tarifs douaniers. (Photo : Marine Ernoult)

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