Rendu public il y a quelques jours, le tout premier profil du secteur forestier de la province brosse un portrait qui servira de référence pour l’avenir. Ce premier rapport estime à 36 millions de dollars la valeur de l’industrie pour l’année 2023, ce qui dépasse de loin les 5 millions estimés par Statistiques Canada.
C’est au début de l’année 2023 que la Commission forestière, présidée par Jean-Paul Arsenault, a débuté ses travaux, quelques mois seulement après le passage de la tempête post tropicale Fiona et la dévastation qu’elle a laissée derrière elle.
Très rapidement, les membres de la Commission forestière ont constaté à quel point les informations manquaient, pour trois principales raisons :
1- Après Fiona, la province avait besoin de connaître la capacité de l’industrie à nettoyer les dégâts, mais plus important encore, à sauver ce qui pouvait être sauvé.
2- Le rapport quinquennal sur l’état des forêts de 2020 a été publié seulement à la fin de 2023. Dans le courant de la rédaction de ce rapport, il est apparu que la méthodologie de collecte des données avait besoin d’être mise à jour.
3- Un arbre prend des dizaines d’années pour arriver à maturité. Planter une essence qui ne servira à rien dans 50 ans est donc une «erreur». La planification efficace dépend de données justes et fiables.
61 personnes consultées
Pour compiler ce tout premier profil de l’industrie, les auteurs ont interrogé et consulté 61 personnes incluant 24 propriétaires d’entreprises de récolte (coupe de bois), 10 propriétaires de moulins à scie, 14 entrepreneurs en reboisement et sylviculture et 13 consultants. Les informations recueillies permettent d’estimer qu’au moins 250 personnes travaillent dans le secteur dans la province.
Une attention particulière a été accordée à l’âge des travailleurs, 36 % d’entre eux étant âgés de 55 ans et plus. C’est particulièrement préoccupant pour le secteur des consultants (experts-conseils). Relativement peu nombreux au départ, plus de la moitié (54 %) dépasse les 55 ans. Le rapport identifie cela comme une préoccupation pour la transmission du savoir et la succession, mais aussi comme une chance pour des entrepreneurs en début de carrière d’intégrer ce marché. Le rapport identifie comme une lacune le fait qu’il n’y a qu’un seul consultant dans tout le comté de Prince, loin à l’ouest, tous les autres étant bien à l’est de Summerside.
En matière de sylviculture et de reboisement, 43 % des propriétaires sont âgés de plus de 55 ans ce qui, à plus ou moins court terme, oblige à agir pour maintenir cette partie du continuum de l’industrie. Lors des consultations conduites par la Commission forestière au printemps 2024, le manque de jeunes pousses pour le reboisement était déjà un frein majeur à la mise en œuvre du programme d’amélioration des forêts (FEP) destiné aux propriétaires privés de lots boisés.
36 millions de dollars et plus
Depuis la mise sur pied de la Commission forestière, son président, Jean-Paul Arsenault, soupçonnait que la valeur de l’industrie forestière à l’Île était largement sous-estimée. Le rapport lui donne raison. Loin des 5 millions de dollars estimés par Statistiques Canada, ce tout premier profil parle plutôt d’un minimum de 36 millions de dollars.
Cet estimé serait très conservateur, car il ne tient pas compte des emplois et revenus provenant de sous-produits ou de produits à valeur ajoutée comme le bois pour la construction des casiers à homard.
Dans le communiqué de presse qui accompagnait la publication du profil par la province, le ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de l’Action pour le climat, Steven Myers, a déclaré que «Les revenus annuels provenant des produits et services forestiers récoltés sont estimés à plus de 36 millions de dollars, ce qui montre clairement que ce secteur a également un impact économique important. »
La plupart des forêts de l’Île-du-Prince-Édouard appartiennent à 16 000 propriétaires de boisés privés qui font appel au secteur forestier pour aménager, améliorer et récolter la ressource, selon les cas. «Le secteur forestier de l’Île-du-Prince-Édouard est essentiel à la gestion durable des forêts», a rappelé le ministre Myers.
Rappelons également que ce tout premier profil du secteur forestier, réalisé à la demande de la Commission forestière, doit, entre autres, aider à la rédaction d’une nouvelle politique forestière qui «fonctionne pour tous», dit le ministre Myers.
Il a promis que son ministère collaborera avec le secteur pour prendre des décisions éclairées sur des programmes comme le Programme d’amélioration des forêts, aussi connu comme le FEP (Forest Enhancement Program).