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Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Le chercheur Cyr Couturier explique que des souches d’huîtres sont naturellement résistantes au parasite. (Photo : Gracieuseté)

Les huîtres de l’Île-du-Prince-Édouard sont dans la tourmente. La maladie MSX, provoquée par le parasite Haplosporidium nelsoni, menace la survie de certaines colonies. Élevages de naissains résistants, transferts des coquillages dans les rivières, des solutions existent pour sauver l’industrie ostréicole de la province. 

La maladie MSX, qui attaque les huîtres, continue de se propager à l’Île-du-Prince-Édouard. Selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), elle est présente à cinq endroits différents (information en date du 13 août). 

Les autorités sanitaires ont d’abord détecté le parasite Haplosporidium nelsoni responsable de cette maladie dans la baie de Bedeque. Elles ont alors mis cette zone en quarantaine le 20 juillet dernier. 

Sans permis de l’ACIA, il est interdit de circuler dans ces zones de contrôle primaire en bateau et de déplacer les mollusques et les plantes. L’objectif est clair : éviter de propager le parasite.

«C’est un parasite qui n’est pas contagieux, il ne peut pas se transmettre d’une huître à l’autre», détaille Cyr Couturier, chercheur en aquaculture à l’Université Memorial de Terre-Neuve. 

«Avant de se fixer sur de nouvelles huîtres, il doit se développer et se multiplier sur un hôte intermédiaire, encore inconnu, peut-être un poisson ou un oiseau», poursuit-il. 

Des taux de mortalité de «60 à 90 %»

Mais une fois présent, Haplosporidium nelsoni peut faire des ravages. Cyr Couturier explique qu’il peut causer un retard de croissance, surtout pour les individus les plus jeunes. À terme, il est carrément capable de tuer «60 à 90 % des huîtres d’une population», relève le spécialiste. 

L’industrie ostréicole de la région du lac Bras d’Or, en Nouvelle-Écosse, ne s’est jamais complètement remise depuis la diffusion de la maladie MSX en 2022. La maladie a également atteint la baie de Chesapeake, au nord-est des États-Unis, en 1959, forçant plusieurs ostréiculteurs à se recycler dans la palourde.

«Il pourrait y avoir un manque d’huîtres dans les années à venir, mais pas forcément», considère Cyr Couturier. 

Il rappelle qu’aux États-Unis la forte mortalité était aussi liée à des «conditions d’élevage qui n’étaient peut-être pas les meilleures». Résultat, les coquillages étaient «stressés et donc particulièrement sensibles aux parasites». 

Le directeur général de l’Alliance aquacole de l’Î.-P.-É., Peter Warris, se montre également confiant : «Nous attendons des études sur le sujet, mais je n’ai pas connaissance d’autres mortalités en dehors de Bedeque.»

Le responsable est persuadé que l’industrie réussira à s’adapter : «Si l’on regarde les zones contaminées, elles peuvent être reliées aux points initiaux dans la baie de Bedeque, ça donne de l’espoir pour enrayer la propagation.» 

Des huîtres toujours bonnes à manger 

Cyr Couturier fait preuve du même optimisme quant à l’avenir des huîtres insulaires. Certaines souches sont en effet naturellement résistantes.

«Il faudrait élever des naissains génétiquement résistants, ça prendrait trois ou quatre ans», estime-t-il. 

Seul hic, les écloseries capables d’effectuer un tel travail de sélection génétique sont encore peu nombreuses au Canada atlantique. 

Autre solution, d’après l’expert, obtenir l’autorisation du gouvernement provincial et d’Ottawa pour transférer les coquillages touchés dans les rivières, car le parasite ne supporte par l’eau douce. 

Le froid hivernal pourrait lui aussi aider les ostréiculteurs : une baisse de la température de l’eau de trois ou quatre degrés est fatale au parasite. 

Peter Warris compte de son côté sur les gouvernements provinciaux et fédéral pour soutenir l’industrie. 

«Ils nous ont déjà aidés en effectuant des tests et des échantillonnages, assure le directeur. Pour le soutien financier direct, il est encore difficile de dire exactement ce qui sera nécessaire, car il s’agit d’une situation en constante évolution.» 

Le gouvernement fédéral a d’ores et déjà annoncé un financement maximal de 1 million de dollars pour appuyer la recherche scientifique sur la maladie MSX. 

En attendant, les coquillages peuvent continuer à être commercialisés et consommés, la maladie ne comportant aucun risque pour la santé humaine. 

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