Le mois de juillet a été particulièrement chaud à l’Île-du-Prince-Édouard, bien au-delà des normales de saison. Ces fortes chaleurs auraient été impossibles sans le dérèglement climatique. Le phénomène El Niño qui réchauffe les eaux de surface de l’océan Atlantique Nord explique aussi les records de température observés.
L’Île-du-Prince-Édouard a battu des records de chaleur en juillet. La température moyenne, enregistrée à Charlottetown, s’est établie à 22,1 degrés Celsius durant le mois qui vient de s’écouler (données en date du 26 juillet).
La station météorologique installée par l’Université de l’Î.-P.-É. au quai d’Abram-Village a, elle, enregistré une température mensuelle moyenne de 22,2 degrés Celsius.
«À l’intérieur des terres, à Arlington, dans l’ouest de l’île, une autre de nos stations a mesuré un pic à 36,1 degrés Celsius», ajoute Don Jardine, chercheur au sein du laboratoire de recherche sur le climat de l’Université de l’Î.-P.-É.
Selon les données climatiques historiques d’Environnement et Ressources Naturelles Canada, les normales de saison s’établissent habituellement autour de 18,7 degrés Celsius.
L’examen de ces données révèle également que le précédent record datait de juillet 1947. Cette année-là, la température moyenne mensuelle mesurée à Charlottetown s’élevait à 21,5 degrés Celsius.
Un degré en plus en 150 ans
Aux yeux de Don Jardine, qui insiste sur l’ampleur de l’écart à la normale, cette chaleur sans précédent est liée au réchauffement climatique.
Le scientifique ne se focalise pas sur des journées isolées, dont les températures dépendent aussi de la variabilité naturelle, mais sur des tendances de long terme.
«Nous constatons une hausse progressive de la température annuelle moyenne à Charlottetown depuis le début des relevés, d’environ un degré au cours des 150 dernières années», détaille-t-il.
«Il serait pratiquement impossible d’observer une telle chaleur sans le réchauffement climatique. C’est un rappel assez brutal que la planète se réchauffe rapidement en raison de nos émissions de gaz à effet de serre», abonde Stephanie Arnold, spécialiste de l’Î.-P.-É. au sein de l’organisme CLIMAtlantic, qui fournit de l’information sur les changements climatiques aux Canadiens de l’Atlantique.
«On va devoir s’habituer, nous ne sommes pas prêts de connaître à nouveau les températures que nous avons connues par le passé», poursuit-iel.
Risque d’ouragan plus intense
La surchauffe de l’eau autour de la province a également conduit à ces températures terrestres inédites. La température de l’air au-dessus de l’océan s’ajuste en effet à celle de l’océan et inversement.
D’après les relevés de Don Jardine, la température moyenne de l’eau de surface pour le mois de juillet a été de 21,9 degrés Celsius, avec des pointes à 23 degrés Celsius.
«À cause du phénomène météo El Niño, la vitesse des vents est plus faible dans de larges secteurs de l’Atlantique Nord, ce qui réduit le mélange des eaux de surface et donc leur refroidissement, explique Stephanie Arnold. Plusieurs zones dans l’Atlantique Nord ont connu des canicules marines.»
Les températures anormales de l’eau risquent également de renforcer la puissance des tempêtes. «Si des ouragans surviennent, ils seront plus intenses du fait de l’énorme quantité d’énergie emmagasinée à la surface de l’océan. La chaleur de l’eau les alimente, comme de l’essence dans un réservoir», précise Don Jardine.