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24 septembre 2014
Le 24 septembre 2014
Chandra Pasma, une analyste politique qui travaille à Ottawa, est une fervente promotrice du concept de revenu de base garanti.  Elle était l’invitée de marque du premier symposium sur la justice sociale qui a eu lieu le samedi 20 septembre à Charlottetown.  Selon elle, le revenu de base garanti serait une solution au déficit démocratique observé au Canada.  Par déficit démocratique, on entend le fait que de moins en moins de citoyens sentent l’importance d’aller voter, et de se mobiliser pour changer des choses.  

«Un système de revenu de base garanti, distribué sans condition, sans vérifications, sans harcèlement, transformerait profondément le monde du travail et aussi la pratique de la démocratie dans notre société.  Cela donnerait aux employés un pouvoir de négociation pour des conditions de travail plus acceptables, et ils n’auraient plus peur de voter selon leur conscience et de se syndicaliser.  Cela leur donnerait aussi plus de contrôle sur le temps qu’ils consacrent au travail et, par le fait même, le temps qu’ils peuvent consacrer à leurs activités sociales, à leurs loisirs, à des activités de nature politique s’ils le désirent», a indiqué Chandra Pasma.  

Elle croit aussi qu’un système de revenu de base garanti donnerait aux citoyens la liberté de manifester et de protester, et raffermirait un sentiment de solidarité sociale, qui a plus ou moins disparu.  

Selon elle, il faut remettre en question la notion qu’il faille absolument travailler pour être un membre valable de la société.  Une des grandes failles de ce concept, c’est qu’on n’a jamais été capable de créer assez d’emplois pour que tout le monde puisse travailler.  Au Canada, le taux de chômage n’a jamais été en bas de 6 %.  

Également, selon Chandra Pasma, le travail est mal réparti.  Certaines personnes travaillent 50 heures et plus par semaines, parce qu’elles le veulent, mais pour d’autres, c’est une condition de l’emploi.  D’autres doivent cumuler plusieurs emplois simplement pour être capables de joindre les deux bouts.  Le travail à contrat est précaire par nature.  

Chandra Pasma a cité un article publié récemment aux États-Unis où on explique la vie d’une mère de famille qui travaille sur appel ou par contrat.  Cette femme raconte à quel point sa vie, et celle de ses enfants sont conditionnées par son travail et les horaires impossibles qu’on lui impose.  

En raison du fort taux de chômage, les employeurs ont le gros bout du bâton.  Chaque fois qu’un employé sur appel ne répond pas à un appel pour le travail, il risque son emploi, car l’employeur a l’embarras du choix.  

Selon Chandra Pasma, il est évident que le monde du travail est fait pour favoriser les employeurs.  Or, l’avènement d’un système de revenu de base garanti rééquilibrerait les forces et redonnerait aux employés leur libre choix.  

Chandra Pasma dit aussi que le concept de revenu de base garanti n’a rien en commun avec l’aide sociale qui détruit la personne et la maintient dans un cercle vicieux.  «Pour avoir droit à l’aide sociale, une personne ne doit rien posséder et elle doit dépenser toutes ses économies avant d’avoir de l’aide.  Si elle a uncolocataire pour partager les frais d’appartement, elle est pénalisée», assure Chandra Pasma, sur un ton indigné.  

Elle ne croit pas qu’un système de revenu de base garanti pourrait être économiquement neutre.  Mais selon des résultats partiels provenant de projets menés dans les années 1970, un système de revenu de base garanti semble favoriser l’éducation et une meilleure santé.  Les projets précédents, surtout celui du Manitoba, n’ont jamais été véritablement étudiés et comme ils remontent à une quarantaine d’années, ils sont considérés comme plus ou moins pertinents pour le présent.  


Chandra Pasma était la conférencière invitée du tout premier forum sur la justice sociale de l’Î.-P.-É., initié par l’Institut Cooper et ses partenaires.

- Par Jacinthe Laforest

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