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05 janvier 2017
Le 5 janvier 2017
Ayant démissionné du poste d’agent aux plaintes prévu dans la Loi sur les services en français, quelques jours avant Noël, Jean-Paul Arsenault attend toujours de voir si la communauté et le gouvernement ont reçu le message.  «Ça fait longtemps que je navigue dans le gouvernement et dans la communauté.  Je n’ai pas démissionné par caprice, je ne claque pas la porte juste parce que je ne suis pas content.  Je suis plus mature que ça.  J’ai voulu envoyer un message, réveiller la communauté, et j’attends toujours.  Au cours des derniers mois, j’ai parlé de mes frustrations à plusieurs reprises à la Société Saint-Thomas-d’Aquin et jusqu’à présent, la seule réaction que j’ai eue a été le communiqué de presse émis après ma démission», a soutenu Jean-Paul Arsenault, en entrevue téléphonique, le 29 décembre.  

Sans le dire ouvertement, Jean-Paul Arsenault laisse entendre que le peu de volonté du gouvernement à faire élargir la portée de la loi n’est pas sa seule source de frustration.  

«La communauté est restée très tranquille et très conciliante, dans ce dossier…  Il faut que la communauté se réveille», a insisté Jean-Paul Arsenault, visant l’organisme porte-parole de la communauté acadienne et francophone, la SSTA.  

Jean-Paul Arsenault ne s’explique pas la lenteur du gouvernement à désigner davantage de services bilingues.  «J’ai rencontré le premier ministre Wade MacLauchlan en décembre 2015.  C’est la première fois que je parlais avec un premier ministre de ma province.  Même si ce n’était pas dans mon mandat, je lui ai présenté une liste des services qui, selon moi, pourraient être désignés bilingues sans que ça coûte très cher.  Le Musée acadien de l’Î.-P.-É., le centre d’accès Î.-P.-É de Wellington, et ceux qui desservent des populations francophones, le magasin des alcools de Wellington, et l’aile soi-disant bilingue de la résidence pour personnes âgées Summerset, à Summerside.  J’ai expliqué au premier ministre que selon moi, c’était des fruits très faciles à cueillir, mais il n’y a pas eu d’avancées.  Selon la loi, le Musée acadien n’est pas obligé d’offrir des services en français et les personnes qui pourraient s’offusquer d’avoir été servies en anglais n’auraient aucun recours, car le service n’est pas désigné bilingue», rappelle l’ex-agent aux plaintes.  

Il rappelle que des trois services désignés, seul celui qui concerne la signalisation a occasionné des dépenses, même si, en général, le gouvernement attend que le panneau soit usé avant de le remplacer par son successeur bilingue.  «Les deux autres services désignés, les deux bibliothèques, on les avait déjà, et le service 511, connaissez-vous quelqu’un qui l’utilise? Durant mon mandat d’agent aux plaintes, j’ai traité plusieurs demandes, mais laplupart du temps, je n’avais pas juridiction, car les services n’étaient pas désignés.  J’ai trouvé cela très frustrant et les gens qui faisaient appel à moi trouvaient cela aussi frustrant.  De plus en plus de gens me demandaient ce que je faisais là», a indiqué Jean-Paul Arsenault.  

Tout cela étant dit, Jean-Paul Arsenault n’est pas prêt à dire que la Loi n’a aucune valeur.  «La Loi est bonne et lorsqu’elle a été adoptée et proclamée, cela a été clairement dit que la Loi avait été conçue pour graduellement augmenter sa porter et son rayonnement.  Mais rien de tout cela ne se produit».

Jean-Paul Arsenault rappelle qu’il y a de nombreux postes désignés bilingues et qu’il y a un assez grand nombre d’employés ayant une capacité en français dans la fonction publique, dans des postes non désignés.  Il croit qu’en identifiant les endroits où il y a une masse critique de fonctionnaires bilingues, un réaménagement de ces effectifs dans l’objectif de mieux répondre aux besoins de la communauté pourrait s’effectuer, si on y met de la volonté.  

Interrogé pour savoir si un nouvel agent aux plaintes devrait être nommé, Jean-Paul Arsenault a répondu simplement : «Si je croyais que le poste d’agents aux plaintes servait à quelque chose, je serais encore là».

Le premier ministre a reçu la lettre de démission de Jean-Paul Arsenault et jusqu’à présent, la seule réaction que Jean-Paul a reçue a été un accusé de réception, par la poste, en français, tout de même.  

- Par Jacinthe Laforest

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