Patrimoine
Le 21 septembre 2017


Léo-Paul Arsenault a déposé un drapeau acadien sur la tombe avec l’inscription d’un message de la part de sa mère Denise.  (Photos : Gracieuseté) 

Léo-Paul Arsenault et son épouse Marcia de la région Évangéline se sont rendus en Italie dernièrement.  Ils ont retrouvé et visité la tombe de l’oncle de Léo-Paul, Toussaint Arsenault, mort en décembre 1941 pendant la Deuxième Guerre mondiale à l’âge de 25 ans. 

«Ma première raison de me rendre en Italie était de participer à La Coupe de golf Acadiana», explique Léo-Paul.  «Lorsque j’ai commencé à parler de mon voyage à ma mère, Denise, il y a quelques mois, elle m’a dit que c’est là que son frère Toussaint est enterré.  Je savais que j’avais un oncle qui était mort à la guerre, mais je n’avais pas réalisé qu’il était enterré en Italie»,  indique Léo-Paul. 

«Alors, en parlant avec mon épouse, on s’est dit que l’on ne pouvait pas se rendre en Italie sans essayer de retrouver la tombe de mon oncle», ajoute Léo-Paul.

Le couple s’est donc renseigné auprès de la belle-sœur de Marcia, Lisa, qui travaille au ministère des Anciens Combattants à Charlottetown.  «Elle a tout de suite trouvé où Toussaint était enterré, dans le cimetière de guerre de Salerno où de nombreux soldats canadiens tombés en Italie ont été enterrés», explique Marcia. 

«Là on a fait des recherches pour voir à quelle distance on serait de la petite ville de Salerno (Salerne en français) et on a décidé que nous allions faire tout notre possible pour nous y rendre», ajoute-t-elle.

Toussaint Arsenault était un homme instruit qui enseignait à l’école de Saint-Philippe avant son appel de service à la guerre.  Il a servi comme sergent-chef, opérateur radio/mitrailleur aérien, selon ce qui est indiqué sur sa tombe à Salerne en Italie.

Denise s’en souvient comme si c’était hier

Denise Arsenault, malgré son âge avancé, se souvient comme si c’était hier du jour où la nouvelle est venue que son frère était porté disparu.  «Je m’en souviens tellement bien, quand on a reçu la nouvelle que Toussaint était “Missing in action” comme on le disait en anglais.  Ce n’est que trois mois plus tard qu’on a finalement su que Toussaint était mort et enterré en Italie», explique Denise.

«Toussaint avait seulement 25 ans.  J’avais aussi un autre frère qui était à la guerre, mon frère Léandre, qui est revenu après la guerre.  Il est mort deux ans plus tard.  La guerre l’avait vraiment changé», souligne Denise.

Denise peut se souvenir des lettres que Toussaint lui écrivait, à elle et à d’autres membres de la famille.  Elle en a conservé.  Dans une de ses lettres, il écrivait: «I was the talk of the town», sans dire pourquoi, disant qu’il allait raconter cela à son retour.   

«On n’a jamais su qu’est ce qu’il voulait dire», indique Denise avec émotion.  La lettre en question était datée du 24 avril 1941.

Défis

Durant leur voyage, Léo-Paul et Marcia ont fait des visites à Florence et à Rome, où ils ont écouté le Pape parler, et visité les alentours du Vatican, mais le point saillant de leur voyage reste la visite à la tombe de l’oncle à Léo-Paul, Toussaint Joseph Arsenault. 

«On avait réussi à trouver le bon autobus pour nous emmener à Salerne, mais on ne savait pas à quel arrêt il fallait descendre et personne ne parlait français ou anglais.  On avait l’adresse du cimetière sur un papier et c’était tout.  Une gentille dame s’est aperçue qu’on avait l’air perdu dans nos papiers et s’est avancée pour nous aider.  C’était comme un ange qui venait nous aider.  Elle nous a montré où descendre et elle nous a accompagnés jusqu’au cimetière.  Grâce à une application de traduction sur mon téléphone, on a réussi à lui expliquer pourquoi nous voulions venir ici.  Elle a été très touchée par notre histoire», explique Léo-Paul. 

«À l’arrivée, la grille du cimetière était fermée.  Avec beaucoup d’émotions, je me suis dis que je ne partirai pas sans visiter la tombe de mon oncle.  J’étais prêt à grimper la clôture qui se trouve autour du cimetière.  Après quelques minutes, on a découvert qu’on pouvait ouvrir la grille.  Ce moment a probablement été le moment où l’on a partagé le plus d’émotions.  On était arrivé et on allait être les premiers de la famille à visiter la tombe de mon oncle.  Quel honneur pour nous de représenter la famille en lui rendant ce petit hommage», affirme Léo-Paul.

Un petit hommage

Le couple a laissé un petit drapeau acadien sur la tombe, dans cet immense cimetière dédié aux soldats canadiens.  Sur le drapeau, les Arsenault ont écrit une note qui se lit comme suit: «cher frère, même s’y il y a bien des années que tu nous as quittés, tu n’as jamais été oublié.  De la part de ta sœur Denise 28 août 2017».  Qui sait? Peut-être un jour d’autres membres de la famille auront l’occasion de visiter le cimetière.

«De marcher dans ce cimetière et de voir les âges inscrits sur les tombes alignées dans des lignes droites a été émouvant pour nous deux», souligne Léo-Paul. 

Denise se dit très reconnaissante envers son fils et belle-fille d’avoir pris le temps de leur voyage pour faire ce geste.  «Je ne pourrai jamais les remercier assez.  Maintenant c’est un peu plus réel, et c’est une satisfaction qu’un membre de la famille lui ait rendu ce petit hommage». 

«Qu’il repose en paix par la miséricorde de Dieu, ainsi soit-il» ce dernier message est l’inscription au bas de sa pierre tombale.


Léo-Paul et Marcia Arsenault partagent avec la soeur de Toussaint, et la mère de Léo-Paul, Denise des photos qu’ils ont prisent de la tombe de son frère.  (Photo : M.E.)


Feu Toussaint Arsenault qui a combattu dans la Deuxième Guerre mondiale et a été tué en 1941 en Italie.


On peut voir la propreté du cimetière des soldats canadiens à Salerno. C’est là ou se trouve la tombe de Toussaint.


- Par Marcia Enman

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