Le Porte-Voix

La neuvième édition de la Semaine nationale de l’immigration francophone bat son plein. Célébrée chaque année en novembre, cette semaine est l’occasion de promouvoir la diversité francophone à travers le pays. Le thème de cette année est “Une francophonie aux milles saveurs”. Ça donne faim!

Plusieurs activités sont proposées à l’Île-du-Prince-Édouard, que ce soit de manière virtuelle ou présentielle. Consultez le calendrier des activités de la Semaine nationale

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Le projet est rendu possible grâce à l’appui financier du Fonds d'appui stratégique aux médias communautaires.

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La Coopérative d’intégration francophone face aux défis de l’immigration

En dépit de la pandémie, la Coopérative d’intégration francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (CIF) n’a jamais cessé d’accompagner les nouveaux arrivants francophones dans leur processus d’immigration et d’aider les employeurs à recruter à l’international. Mais de nombreux obstacles à l’accueil des immigrants perdurent.

Par Marine Ernoult

Alors que la pandémie a fait chuter de façon importante l’immigration au pays, la Coopérative d’intégration francophone (CIF) de l’Î.-P.-É. s’est efforcée de faire venir coûte que coûte de nouveaux arrivants francophones dans la province. L’organisme ne se contente pas de les recruter à l’étranger, il les aide également à s’installer et à s’intégrer sur le long terme.

Entre 2020 et 2021, la CIF a ainsi accompagné 201 résidents temporaires et 25 permanents. Des chiffres en hausse de 44% par rapport à la période 2019-2020, où seuls 140 résidents temporaires et 17 permanents avaient été aidés.

«Mais la COVID-19 a posé beaucoup de difficultés, avec les quarantaines et les délais de réponse d’Immigration et citoyenneté Canada qui se sont allongés de façon interminable», commente Angie Cormier, directrice de la CIF. Alors qu’avant la pandémie, un client sollicitait la CIF en moyenne deux fois par an, aujourd’hui, il le fait en moyenne dix fois.

 

Manque de logement et de transport public

La COVID-19 a également mis à mal le projet pilote «Communauté francophone accueillante» dont l’objectif est de sensibiliser les habitants et les entrepreneurs de la région Évangéline à l’importance de l’immigration. «On n’a pas pu organiser les activités qu’on voulait, mais c’est la même chose dans tout le pays, on est en train de voir comment on peut continuer», révèle Angie Cormier.

Au contexte sanitaire actuel s’ajoutent des problèmes endémiques au premier rang desquels figurent le manque de logement abordable et de transport public ainsi que l’insuffisance des services en français. «C’est pire que jamais, les infrastructures ne sont pas à la hauteur pour accueillir les nouveaux arrivants et les garder sur long terme», déplore Angie Cormier.

«Le coût des maisons atteint des sommets, certains immigrants qui ont un emploi avec un bon salaire sont obligés de se loger en colocation», ajoute la responsable qui appelle le gouvernement provincial à construire davantage d’habitations abordables, à offrir des aides financières aux locataires, et à encadrer les locations touristiques.

Officiels

Légende: Lancement du projet pilote Bienvenue Évangéline. De gauche à droite: Le maire d’Abram Village, Roger Gallant, le député fédéral Bobby Morrissey, la présidente de la CIF Hélène Duranleau-Reid, la directrice de la CIF Angie Cormier, le député provincial Sonny Gallant et le maire de Wellington Alcide Bernard. (Source: CIF)

 

Faire reconnaître les infirmières francophones

Face à ces barrières, la CIF appuie plus que jamais les employeurs francophones de l’île dans leur recrutement à l’international, surtout dans les secteurs les plus touchés par la pénurie de main-d’œuvre. Les besoins sont particulièrement criants dans les domaines de l’éducation, de la santé, du communautaire mais aussi du transport ou de la construction.

«On rassure les entreprises, on les oriente dans le système d’immigration qui est tellement complexe», explique Angie Cormier. Avec l’aide de la CIF, la Commission scolaire de langue française a ainsi embauché pour la première fois six enseignants et aide-enseignants à l’étranger.

Mais les difficultés à obtenir des équivalences de diplômes et à intégrer des secteurs règlementés, comme celui de la santé ou de l’éducation, constituent une autre embûche. La CIF est en discussion depuis deux ans avec l’ordre des infirmiers et les autorités sanitaires de l’Î.-P.-É. pour permettre à des infirmières francophones d’exercer dans la province.

«Si elles ne passent pas un test de langue en anglais très difficile, elles ne peuvent pas pratiquer alors même qu’elles disposent d’une expérience reconnue dans leur pays d’origine», regrette Angie Cormier. Pour l’heure, le dossier est au point mort et la CIF tente de rétablir la communication avec la province.

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Légende: Angie Cormier, directrice de la CIF, et Nawsheen Khayrattee, agente des services d'établissement (de g. à d.), travaillent main dans la main pour aider les immigrants francophones dans la province. (Source: CIF)

 

Santé mentale désastreuse

En cette période trouble, le CIF se veut plus que jamais au chevet de ses clients. L’organisme offre maintenant des cours d’anglais gratuits, y compris aux résidents non permanents. Un nouvel employé va travailler trois jours par semaine à l’école François-Buote de Charlottetown pour appuyer les élèves issus de l’immigration. Il s’agit d’accompagner leur réussite scolaire mais aussi leur intégration sociale et culturelle. «On souhaite que les jeunes soient accueillis le mieux possible, qu’ils passent leurs journées dans un environnement inclusif», commente Angie Cormier.

Les salariés de la CIF ont par ailleurs pris des cours de premiers soins en santé mentale afin de soutenir les nouveaux arrivants. «La crise sanitaire est tellement éprouvante, certains de nos clients vivent des tragédies, c’est désastreux», rapporte Angie Cormier qui insiste sur le besoin essentiel de soutien dans sa langue maternelle.

Dans les années à venir, l’objectif de la CIF est de faire de l’immigration francophone une priorité du gouvernement provincial. «Il y a actuellement un manque de volonté politique, il n’y n’a pas de stratégie claire, on doit faire pression sur la province pour qu’elle aligne ses priorités sur le fédéral», souligne Angie Cormier. L’autre but de la CIF, c’est de mieux faire connaître ses services, aux entreprises et aux partenaires communautaires dans toutes les régions de l’île.

 

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L’Île-du-Prince-Édouard, notre nouveau chez nous

L’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.) accueille de nombreux immigrants francophones des quatre coins du monde. Parmi eux, se trouvent Nawsheen et Mohsin Khayrattee ainsi que Damien Chevallier-Berthet qui nous racontent leur histoire et leur parcours d’intégration dans la province.

Par Marine Ernoult

 

Nawsheen et Mohsin Khayrattee

Pour Nawsheen et Mohsin Khayrattee, originaires de l’Île Maurice, immigrer au Canada a toujours été un rêve. Dans la foulée de leur mariage, ils commencent donc activement les recherches sur les démarches d’immigration, le meilleur endroit où habiter, les possibilités pour Mohsin d’exercer son métier d’infirmier. «On ne voulait pas aller dans des grandes villes ou des provinces trop occupées, on est tombé sur l’Î.-P.-É. vraiment par hasard et on s’est dit ‘pourquoi ne pas tenter notre chance?’», raconte Nawsheen.

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Source: Courtoisie.
Légende: Légende: Nawsheen et Moshin se sentent chez eux à l’Île et aimeraient fonder une famille dans leur nouveau chez-soi.

Un an après avoir déposé leur demande de résidence permanente, Nawsheen et Mohsin débarquent en juillet 2019 à Charlottetown. Tout de suite, Mohsin commence à travailler dans une maison de retraite comme préposé aux soins, en attendant de reprendre ses études pour devenir infirmier autorisé dans la province.

Et moins d’un mois après son arrivée, Nawsheen, secrétaire médical de formation, est embauchée à la Coopérative d’intégration francophone. «Je ne savais pas qu’il y avait une communauté francophone si vivante à l’île, qu’il était possible de travailler en français, j’ai été agréablement surprise», reconnait la jeune femme.

Plus de deux ans après leur installation, Nawsheen et Mohsin s’estiment bien intégrés. «On nous a déjà fait ressentir qu’on était différent à cause de notre couleur de peau, de notre look, mais, dans l’ensemble, on a vécu des expériences positives, partage Nawsheen. Quand on quitte le bercail, ce n’est pas toujours évident de trouver son chemin, il faut être prêt à faire des sacrifices, mais on a eu de la chance.»

La trentenaire apprécie particulièrement la communauté francophone : «Les gens sont accueillants et, en tant que Mauricienne, je me sens proche des Acadiens. Notre communauté a aussi été éparpillée à travers le monde et on a vécu beaucoup d’injustices».

Nawsheen et Mohsin, qui demanderont la citoyenneté canadienne en juillet 2022, n’envisagent plus de retourner vivre à l’Île Maurice. Leur vie est désormais à l’Î.-P.-É. où ils veulent fonder une famille et élever des enfants. «Ma famille, la culture et la nourriture mauriciennes me manquent, je suis parfois perdue au niveau de mes racines, mais je me sens plus canadienne», confie Nawsheen.

Vivre la pandémie en étant expatriés a été particulièrement éprouvant pour Nawsheen et Mohsin. À cause de la fermeture des frontières et des restrictions sanitaires, ils n’ont pas pu rentrer une seule fois dans leur pays d’origine depuis juillet 2019. «Notre moral en a pris un coup», glisse Nawsheen qui espère pouvoir rentrer à Noël.

 

Damien Chevallier-Berthet

Après quatre ans à Montréal et deux ans à Toronto, avec un détour de deux ans à Taïwan, Damien Chevallier-Berthet est arrivé à l’Î.-P.-É. en avril 2014 avec sa femme d’origine taïwanaise, Yuying Chu, et sa fille aînée. C’est le travail qui a conduit ce Français, originaire de Chambéry en Savoie, à Charlottetown. Il est à l’époque recruté par l’entreprise de jeux vidéos Electronic Arts. «Tout s’est fait très vite, on a vraiment été chanceux, la boîte nous a aidés à trouver un logement et a pris en charge notre déménagement», raconte le Franco-Canadien de 39 ans.

Sept ans plus tard, Damien habite à Stratford avec son épouse infirmière et ses trois enfants, scolarisés à François-Buote. Surtout, le père de famille s’est reconverti dans l’enseignement, après avoir obtenu un baccalauréat en éducation à l’Université de l’Î.-P.-É. «C’est la crise de la quarantaine en avance, plaisante-t-il. J’avais envie d’utiliser mes compétences pour faire quelque chose qui avait plus de sens.» Il a commencé à enseigner en 2020 à l’école François-Buote.

Depuis leur arrivée, Damien et sa famille ne se sont jamais sentis isolés. Grâce au travail, mais aussi aux activités de l’école et du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, ils ont réussi à tisser des liens forts avec des francophones, qu’ils soient originaires de l’île, belges ou français. «On n’a jamais eu de problèmes d’intégration, les gens sont très accueillants», assure Damien.

Damien et sa famille

Source: Courtoisie.
Légende: Damien, Yuying, Norah, Charlie et Arthur sont bien établis à l’Île-du-Prince-Édouard. C’est un endroit parfait pour élever une famille.

 Si des hivers «un peu trop longs» et le manque d’activités culturelles pèsent parfois sur le moral de la famille franco-taïwanaise, la province a véritablement conquis leur coeur. «C’est la première fois qu’on reste aussi longtemps à un endroit, on est parti pour rester, c’est un bon endroit pour élever nos enfants», affirme Damien.

Le Franco-canadien, qui n’est pas retourné en France depuis 2015, n’envisage pas de vivre à nouveau dans son pays d’origine. «À part mes parents, je n’ai plus vraiment de lien avec la France et je n’y ai jamais travaillé, j’ai du mal à m’imaginer y revivre, ce serait un choc culturel», confie Damien.

Il reste néanmoins attaché à la culture française et tient à la faire découvrir à ses enfants : «On fait régulièrement des appels vidéo avec leurs grands-parents, ils lisent aussi des livres et des bandes-dessinées d’auteurs français ou belges».

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