Affaires
Le 4 juin 2014

Matt Adolphe, auteur du livre Canadian Workplace Culture, a livré une courte conférence qui a été très appréciée.

Au terme du Forum sur l’immigration économique francophone, à la fin du mois de mai à Brudenell, le président de RDÉE Î.-P.-É, Martin Marcoux, n’avait que du positif à dire sur les deux jours qu’il venait de passer à parler d’immigration économique francophone au Canada.  

«Faire de l’immigration dans nos communautés francophones, c’est l’équivalent de “La Grande séduction”.  C’est tout un challenge, et on en est encore à l’étape des essais et des erreurs.  C’est pourquoi nous sommes ici, réunis autour de cette question».

Durant les deux jours du forum, plusieurs intervenants très compétents ont partagé leur sagesse.  Juan Manuel Toro Lara est un spécialiste en immigration, surtout dans le domaine de la santé.  

Il a donné plusieurs exemples de cas où des infirmières ayant reçu leur formation ailleurs dans le monde ont immigré au Canada, croyant pouvoir travailler dans leur domaine.  Les trois exemples qu’il a donnés se sont soldés par des échecs.  «Je vous donne ces exemple pour que vous compreniez que le système, et les mécanismes d’intégration canadiens, ne sont pas toujours responsable des échecs», a indiqué M. Toro Lara.  

Selon lui, l’immigration, l’emploi et l’obtention du permis de pratique sont trois étapes cruciales, en particulier l’obtention du permis de pratique.  «Peu importe le pays d’accueil, il y a souvent un écart entre les standards de pratique et la formation reçue.  Il arrive que pour des questions de langue, le professionnel de la santé immigrant soit incapable d’obtenir son permis de pratique.»

Il va de soi que le Canada a tout intérêt à ce que les immigrants travaillent dans leur domaine.  Chiffres à l’appui, il a démontré comment une personne qui gagne 30 $ de l’heure est plus payante pour le pays qu’une personne qui gagne le salaire minimum, ne serait-ce que par les impôts qu’elle paie, sans oublier son pouvoir d’achat. 

Une participante immigrante au Forum, a ajouté à cette idée qu’en plus de ne pas pouvoir utiliser ses compétences au Canada, les compétences en questions sont aussi perdues pour le pays d’origine de l’immigrant.  «C’est un grand gaspillage», a-t-elle dit.  

Croissance démographique et innovation

 «D’ici 2025 au Canada, la croissance de la population canadienne dépendra de l’immigration.  Pour attirer les immigrants vers nos communautés, il faudra faire preuve d’initiative.  Seules les communautés qui innovent dans leurs structures d’accueil vont pouvoir s’en sortir», a soutenu Juan Manuel Toro Lara, durant sa présentation.  

Pour sauver nos petites communautés, dit-il, et attirer des immigrants, ça ne suffit pas d’aller vanter nos montages et nos rivières à Destination Canada.  Il faut leur présenter un portrait honnête de la vie ici, et mettre l’accent sur la culture, sur l’aspect humain, sur ce qu’ils vont trouver pour eux et pour leur famille», dit le spécialiste.  

«L’intégration, c’est un processus qui doit s’inscrire dans un continuum multidimentionnel.  Le recrutement ne suffit pas.  Il faut accompagner les immigrants dans toutes les étapes de leur intégration et aussi, accompagner les employeurs qui ne savent pas nécessairement comment bien intégrer les employés immigrants.  On peut toujours faire mieux.  Il faut adapter nos services aux besoins changeants des immigrants», dit M. Loro Tara.  

Un des conférenciers vedettes du Forum en immigration économique était Matt Adolphe, auteur d’un livre, petit mais puissant, intitulé Canadian Workplace Culture.  Dans ce livre, Matt Adolphe décode la culture des Canadiens en milieu de travail et leur façon de communiquer.  

Aline Bouffard Cohen, immigrante de France, a lu le livre.  Après la présentation de M. Adolphe, elle a pris la parole pour le remercier d’avoir écrit ce livre.  «Ça m’a aidé à comprendre les raisons de ce que j’ai vécu dans mes premiers emplois au Canada», a-t-elle indiqué.  

Le Forum en immigration économique regroupait des gens qui parlaient tous français, mais où les accents de l’Europe francophone dominait.  Géraldine Cotte, Française d’origine, a quitté son pays et vit à Moncton depuis quelques années.  «On quitte tout, et selon l’âge qu’on a, on quitte beaucoup.  Mais c’est une deuxième chance.  On a ses propres raisons d’immigrer et dans un couple, chaque personne a ses propres raisons et ses propres attentes.  Il y a des échecs dont la communauté d’accueil n’est pas responsable».

Géraldine Cotte est très heureuse dans sa nouvelle vie, alors qu’elle vient tout juste d’obtenir l’emploi de rêve pour elle, à Entreprises Grand Moncton.  Elle considère son intégration très réussie, et est très fière que sa fille ait été choisie dans une publicité du Congrès mondial acadien qui aura lieu d’ici quelques semaines dans l’Acadie des terres et forêts.  


Aline Bouffard Cohen, immigrante, a indiqué que le livre  Canadian Workplace Culture lui avait permis de mieux comprendre sa situation.


Chaque participant au Forum sur l’immigration économique francophone a reçu un exemplaire du livre et après sa conférence, Matt Adolphe s’est fait un plaisir de signer des exemplaires.  Jeannette Arsenault, porte-parole de la Chambre de commerce acadienne et francophone de l’Île, a profité de l’occasion.


Cette immigrante était d’avis que les compétences qui ne sont pas utilisées dans le pays d’accueil sont gaspillées, car elles sont aussi perdues pour le pays d’origine de la personne.  Tout au long du Forum, l’interprétation du français à l’anglais était offerte et plusieurs anglophones ont ainsi pu profiter des informations diffusées au cours des deux jours.   


Juan Manuel Toro Lara, spécialiste de l’intégration des immigrants professionnels dans le domaine de la santé, a donné beaucoup d’information très pertinente au cours de ses deux interventions.  Pour sa contribution, on lui a remis une reproduction d’une peinture d’inspiration acadienne de l’artiste Noella Richard.  

- Par Jacinthe Laforest -

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