Société
Par Jacinthe Laforest
Jean-Daniel Fiset s’adonne à l’ornithologie et publie ses observations très régulièrement sur eBird.

Les oiseaux sont de jolies petites créatures qui agrémentent nos paysages et contribuent en plus au maintien de l’équilibre biodiversitaire.  Ne serait-ce que pour ces deux raisons, ils méritent qu’on fasse un effort pour mieux les connaître.  C’est là que la plateforme de sciences participatives eBird peut devenir utile.  

«Il y a à peine 10 ans, les ornithologues et les amateurs d’observation d’oiseaux avaient leur guide papier à la main et tentaient de trouver la bonne page pour identifier l’espèce qu’ils voyaient.  Ça a beaucoup changé», dit Jean-Daniel Fiset de Québec, qui fait de l’observation d’oiseaux depuis plusieurs années.  

Contributeur de eBird depuis 2016, il a profité d’un court séjour de deux nuits à l’Île-du-Prince-Édouard, en août dernier, pour publier quelques observations faites sur place.  

«J’ai passé seulement deux nuits à l’Île et je n’ai pas fait de l’observation 24 heures sur 24, mais j’ai pu faire quelques listes d’observations et quelques photos.  Ce qui est bien avec eBird c’est qu’il n’est pas obligatoire de publier des photos.  Une liste d’observation d’un minimum de trois minutes suffit.»

Ce que Jean-Daniel Fiset appelle une «liste de trois minutes», c’est une liste que les observateurs consignent par écrit après une période d’un minimum de trois minutes, et d’un maximum de quelques heures, dans le même habitat.  «Je note tous les oiseaux que je vois, que j’entends, dont je peux deviner la présence par n’importe lequel de mes sens.  Je note tous les oiseaux, des plus communs aux plus rares, et tous les signes de présence que je remarque, avec le lieu, les dates et heures, et lorsque j’en ai l’occasion, je la publie sur eBird.  Si, par chance, quelqu’un note la présence d’un oiseau rare, ou peu documenté à un endroit donné, une équipe d’ornithologues bénévoles va faire un tour sur le terrain pour vérifier si l’observation a pu être possible, juste pour s’assurer de l’exactitude et de la fiabilité des observations.  C’est avant tout une plateforme scientifique», dit Jean-Daniel Fiset.  

La plateforme a démarré aux États-Unis, grâce à l’Université Cornell.  Elle est très utilisée partout en Amérique, ainsi qu’en Asie et de plus en plus en Europe, bien que l’Europe possède sa propre plateforme.  

Plateforme mondiale

«Le 12 octobre, de minuit et une minute à 23 h 59, la plateforme a organisé son “Big Day“ de l’automne.  Pendant cette période de 24 heures, peu importe où ils sont sur la planète, les ornithologues amateurs et les scientifiques sont invités à consigner le plus d’observations possible, afin de produire un portrait planétaire de la faune ailée.  Les résultats sont toujours intéressants», dit le jeune homme.  

Titulaire d’un baccalauréat en biologie, c’est en décrochant un emploi dans un observatoire d’oiseaux, à Tadoussac, qu’il s’est spécialisé en ornithologie.  «À présent, je travaille pour l’institut de développement durable des Premières Nations, sur la côte nord du Québec et au Labrador.  Une bonne partie de mon travail consiste à aider les citoyens des Premières Nations, en particulier les jeunes, à se reconnecter à la nature et à l’environnement, par l’observation des oiseaux.  C’est très valorisant.  Et en leur parlant des métiers liés à la conservation de l’environnement, on peut aussi espérer qu’ils feront des études et seront en mesure de gérer leurs propres ressources naturelles vivantes», explique Jean-Daniel Fiset.  

Acquisition de connaissance

Avant d’être en mesure de consigner par écrit, et avec exactitude, nos observations, il faut un «minimum» de connaissances en ornithologie.  La plateforme eBird permet cette étude en fournissant quantité de photos, de profils d’oiseaux, selon les habitats et zones géographiques, en plus d’enregistrements des chants et cris, et de quelques vidéos.  «C’est un excellent point de départ pour se familiariser avec les espèces qu’on peut rencontrer dans notre voisinage, mais rien ne vaut le fait de sortir dehors et de faire preuve de curiosité», dit le jeune homme.  

Il y a quelques mois, La Voix acadienne a publié un article sur une autre plateforme, appelée iNaturalist. eBird est différente en cela qu’elle se consacre exclusivement aux oiseaux, et qu’elle encourage non seulement les photos, mais également toutes les autres formes d’observations.  «Si on ajoute des photos sur eBird, ils nous demandent de ne pas les signer, pour ne pas nuire à l’image.  En retour, la plateforme protège nos images et ne permet pas les téléchargements.  C’est un aspect que j’aime, et j’aime aussi le petit côté compétitif que la plateforme entretient pour encourager le plus d’observations possible.»  

La plateforme lance entre autres des défis, établit une liste des tops 10 et 100 observateurs.   L’Île-du-Prince-Édouard compte déjà un bon nombre d’utilisateurs et de contributeurs fidèles.  Depuis que les données sont recueillies, un total de 327 espèces d’oiseaux a été répertorié à l’Île-du-Prince-Édouard sur eBird.  Depuis le début de l’année 2024, 238 espèces ont été observées, tandis qu’au mois d’octobre seulement (du 1er au 16 octobre), 106 espèces ont été observées par 38 différents observateurs.  

Mieux connaître et mieux agir

Un rapport récent d’Oiseaux Canada sur la santé des oiseaux du Canada signale que plusieurs populations d’oiseaux qui déclinaient sont en train de faire une remontée grâce, entre autres, à des actions ciblées basées sur la science.  Le rétablissement du faucon pèlerin, après le bannissement du DDT, identifié comme la source du déclin, est remarquable.  C’est une preuve que la connaissance mène à de meilleures actions.  

«Du point de vue scientifique, le simple fait de mieux connaître les oiseaux et leurs habitats peut nous aider à réparer ce qui est brisé.  Ça nous donne des indices aussi sur la progression des changements climatiques, au fur et à mesure que des espèces sont observées dans des endroits inhabituels.  J’encourage tout le monde à consulter eBird de temps à autre, ne serait-ce que pour voir les oiseaux qui sont observés dans son propre voisinage», dit Jean-Daniel Fiset. 

2-ebird.jpgJean-Daniel Fiset a pu observer ces oiseaux à l’Île-du-Prince-Édouard. Il a pris ces photos au Québec. 

3-ebird.jpgQuelques extraits de la plateforme eBird et des données sur l’ÎPÉ. 




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