Les rayons ultraviolets du soleil ne seraient pas plus forts qu’avant, selon les scientifiques. Mais la destruction de la couche d’ozone qui filtre ces rayons a pu diminuer la protection dont nous bénéficions à la surface de la Terre. Grâce à un traité international, elle est en train de se reconstituer.
Ces derniers jours, selon les derniers bulletins météorologiques d’Environnement Canada, l’indice UV était modéré à l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.). Il était en moyenne de 5 à Charlottetown.
L’indice UV, qui varie de 0 à 11+, mesure la force des rayons ultraviolets du soleil. Plus il augmente, plus les rayons du soleil peuvent endommager la peau et les yeux tout en affaiblissant le système immunitaire.
Selon le ministère Environnement et ressources naturelles Canada, les rayons du soleil deviennent plus forts à mesure qu’on se rapproche du milieu de journée et qu’on se déplace vers le sud du pays.
Ainsi, en moyenne, les valeurs les plus élevées ne sont pas atteintes à l’Île-du-Prince-Édouard, mais dans le sud de l’Ontario, où des valeurs de 11, ou même parfois de 12 sont régulièrement enregistrées.
«À l’échelle de la planète, les rayons ultraviolets, responsables des coups de soleil, sont à peu près constants, ils ne sont pas plus forts qu’avant», précise Paul Charbonneau, spécialiste de physique solaire, professeur à l’Université de Montréal.
«Ils n’ont presque pas varié à l’histoire de l’échelle humaine, peut-être de 1% entre le minimum et le maximum du cycle de l’activité solaire», ajoute le scientifique.
Explosion des cancers de la peau
Seulement voilà, l’indice UV est aussi lié à l’épaisseur de la couche d’ozone dans la haute atmosphère - entre 20 et 50 kilomètres d’altitude. Cette couche d’ozone joue un rôle naturel de barrière protectrice. Plus elle est épaisse, plus elle bloque les rayons ultraviolets, et donc plus elle nous protège.
Dans la deuxième partie du XXe siècle, elle a largement été détruite à cause des activités humaines, provoquant même la formation de deux trous au-dessus de l’Antarctique et de l’Arctique.
Son recul a joué dans la recrudescence observée des cancers de la peau, mais surtout aux alentours des pôles, où la couche d’ozone est la plus fine.
Au Chili, le nombre de cancers de la peau a ainsi doublé entre 1998 et 2008, car c’est l’un des pays du monde les plus exposés aux rayons ultra-violets.
En 2006, le gouvernement chilien a même promulgué une législation spéciale, la «loi de l’ozone», qui oblige les employeurs à fournir à leur personnel travaillant en plein air des tenues adaptées pour se protéger des rayons nocifs.
Au Canada, selon une étude de l’Université McGill à Montréal, le taux d’incidence du mélanome, une forme mortelle du cancer de la peau, est en hausse. Et l’Île-du-Prince-Édouard détient le triste record du taux le plus élevé au pays.
Mais le lien entre couche d’ozone et cancer n’a jamais été démontré. La plus grande exposition des gens au soleil serait la principale responsable de l’augmentation des cas.
Couche d’ozone en voie de guérison
Quoi qu’il en soit, la situation devrait s’améliorer au niveau mondial dans les années à venir. Grâce au protocole de Montréal, un accord international conclu en 1987, la couche d’ozone se reconstitue progressivement.
Le traité, ratifié par l’ensemble des pays de la planète, interdit les substances détruisant la couche d’ozone, comme les chlorofluorocarbures (CFC), utilisés dans l’industrie du froid.
«On n’est jamais hors de danger, mais on peut dire que le protocole de Montréal a été un grand succès» salue Paul Charbonneau.
Le physicien prévient néanmoins qu’il faudra encore attendre 30 ans avant que la couche d’ozone retrouve son épaisseur d’antan : «Le temps de réponse de l’atmosphère esttrès long.»
D’après les données d’Environnement Canada, en dehors des régions polaires, la couche d’ozone ne s’amincit plus et s’est stabilisée aujourd’hui à environ 3 % sous sa valeur normale.
En outre, la quantité moyenne d’UV que reçoit le Canada pendant l’été continue de dépasser de quelques valeurs de pourcentage celle d’avant 1980.
Paul Charbonneau, spécialiste de physique solaire, est professeur à l’Université de Montréal. (Photo : Gracieuseté)