C’est via le programme d’immigration Mobilité francophone que la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard (CSLF) vise à pourvoir des postes d’enseignantes et d’enseignants dans ses écoles. «Avec la possibilité de faire venir des enseignants suppléants itinérants certifiés, c’est plus simple maintenant», de dire Nathalie Malo, directrice des ressources humaines à la Commission scolaire.
«Ils sont payés à temps plein à l’année longue et ça permet de régler le problème de suppléance. Ils peuvent remplacer des enseignants dans différentes régions de la province et on paie pour leurs déplacements.»
Avant, quand on ouvrait des postes, on recevait des tonnes de C.V. de partout; on ne s’embarquait pas, car c’était trop compliqué puisqu’on ne savait pas la date précise de l’arrivée de ces personnes. «Ce n’était pas pratique si la personne ne pouvait être à l’école pour le début des classes et c’est ce qui nous dérangeait avec l’immigration», ajoute-t-elle. Maintenant s’ils n’arrivent pas pour le 1er septembre, ce n’est pas vraiment dérangeant.
Madame Malo souligne que le ministère de l’Éducation s’est beaucoup amélioré dans l’évaluation des dossiers et a mis des prérequis en place dépendant du pays d’où l’on vient. Alors les gens arrivent avec des qualifications précises.
Ce programme amélioré est un vrai succès, car avec la COVID, beaucoup d’enseignants sont tombés malades. Ces enseignants suppléants sont sur place et peuvent remplacer même en février et éventuellement avoir un contrat d’enseignant. Ça règle un gros problème surtout qu’on a une grosse pénurie d’enseignants et on n’avait personne en attente auparavant.
Un autre point positif est que le conjoint ou conjointe de la personne qui détient le visa peut aussi travailler et pas nécessairement dans le même domaine, ni à la même école. Par exemple, un Centre de la petite enfance a embauché une personne et on a eu trois employés par ricochet, dont un concierge. Le visa de l’enseignante est rattaché à la Commission scolaire et on doit le renouveler annuellement.
Ce projet a permis de recruter sept enseignantes venant du Liban, de l’Algérie, de la France, de la Belgique et du Cameroun. De plus, ces familles ont également plusieurs enfants qui fréquentent les écoles de la CSLF.
Une grande adaptation
«Lorsque je fais les entrevues avec ces nouveaux arrivants», de poursuivre Nathalie Malo, «je m’assure qu’ils connaissent l’endroit où ils s’en vont, quand ils déménageront à l’autre bout du monde.» Ils doivent être conscients de ce qui les attend : pas de système detransport en commun, d’autobus ou de taxi. Ça peut être difficile si on n’a pas de voiture et plus compliqué en temps de pandémie. Et il y a aussi le défi du logement. «C’est cher de venir ici, de s’installer et d’y rester et ils doivent s’assurer d’avoir assez d’argent pour le faire. C’est un engagement sérieux», dit-elle.
Ils doivent aussi s’adapter à une autre mentalité, une autre manière de fonctionner et d’enseigner. «Les enseignantes passent par toutes les couleurs et disent ne pas comprendre l’acadien; de l’autre côté on dit ne pas les comprendre», d’ajouter madame Malo. «Je leur dis que ça va venir après un certain temps et il y a plein d’ajustements à faire. Je fais tout ce que je peux pour qu’elles puissent s’entraider et s’intégrer. Elles ne peuvent pas nécessairement trouver ce qu’elles mangeaient chez elles et il y a celles qui n’ont jamais vu l’hiver et se demandent si on va à l’école quand il neige. Et elles ont plein de question à savoir qui va les aider, leur donner de l’information ou communiquer avec elles.»
Elle ajoute que la Commission scolaire de langue française va essayer d’avoir quelques nouveaux arrivants chaque année. Il y a de 20 à 25 postes qui s’ouvrent en enseignement annuellement et il faut toujours grandir. On les pourvoit avec des gens d’ici, d’ailleurs au pays et à l’international. On remarque que des gens d’ici reviennent dans la région. La COVID-19 les a empêchés de voir leur famille et ils veulent rester plus près.