Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
À l’automne 2023, Rebecca Parent avait déjà fait le tour des écoles francophones pour présenter la pièce de théâtre «Loin du cœur». Le spectacle invitait les jeunes à réfléchir aux questions de consentement et de violences sexuelles.  (Photo : MarineErnoult)

Les Services de prévention de la violence familiale de l’Île-du-Prince-Édouard offrent des présentations sur les relations saines et les violences aux élèves du secondaire. Depuis l’an dernier, les adolescents de la Commission scolaire de langue française en profitent aussi. 

«De nos jours, les jeunes semblent avoir des relations très malsaines. Ils ont du mal à gérer ces situations et à en sortir», s’inquiète la directrice générale des Services de prévention de la violence familiale de l’Île-du-Prince-Édouard, Danya O’Malley. 

La responsable évoque de plus en plus de problèmes de jalousie, de contrôle, de «pressions pour envoyer des images intimes ou avoir des rapports sexuels.»

À ses yeux, les réseaux sociaux ont aggravé les choses : «Les filles sont sexualisées dès leur plus jeune âge ; les enfants sont exposés à des choses qui les font grandir plus rapidement.»

Pour tenter d’enrayer ce phénomène, l’organisme insulaire anime, depuis 2021, des ateliers sur les relations saines et abusives auprès des élèves de 10e année. Ils sont déjà plus de 5 000 à y avoir assisté. 

Depuis l’an dernier, les ateliers sont également offerts aux adolescents scolarisés dans les écoles de la Commission scolaire de langue française. Quelque 324 jeunes francophones en ont profité jusqu’alors.  

«Ne pas se laisser submerger par ses émotions»

Ils bénéficient de deux présentations distinctes à une semaine d’intervalle. Lors de la première, ils apprennent à reconnaître les signes de maltraitance, à se comporter de manière saine afin de ne pas causer de tort, à être plus à l’écoute de leurs sentiments.

«Ne pas se laisser submerger par ses émotions, ça s’apprend, surtout à cet âge où ils sont en pleine construction, c’est complexe», affirme l’animatrice des ateliers en français, Rebecca Parent.

Lors de la seconde présentation, Rebecca Parent évoque des exemples spécifiques d’abus, qu’ils soient physiques, sexuels, psychologiques, financiers, religieux, etc. Elle explique également comment appuyer un proche pris dans une situation abusive et fournit une liste des ressources disponibles.

À la fin, elle propose un jeu avec des drapeaux de couleur pour aider les élèves à différencier les relations saines et malsaines. 

«Je veux les faire réfléchir, car souvent, ce n’est pas blanc ou noir. Les relations abusives ne se résument pas seulement à des situations de violences conjugales, explique-t-elle. Il y a toute une variété d’abus et ce n’est pas toujours évident de les reconnaître.»

«On allume leur intérêt»

«Même si les enfants connaissent déjà certaines informations qu’on leur donne, ça vaut la peine qu’ils les entendent à nouveau, poursuit Danya O’Malley. Le plus difficile pour eux, c’est de les mettre en pratique dans leur vie quotidienne.»

Pour la directrice, les «interventions précoces» dans les salles de classe sont la «meilleure solution» pour prévenir la violence. 

«C’est important de rentrer dans les écoles quand ils sont jeunes, surtout s’ils n’ont que des exemples de relations malsaines autour d’eux, appuie Rebecca Parent. On allume leur intérêt, on leur montre que ce n’est pas la norme.»

Régulièrement, l’équipe des Services de prévention de la violence familiale de l’Île-du-Prince-Édouard se rend dans les établissements scolaires pour apporter des conseils plus individualisés à certains jeunes.

«Nous travaillons notamment avec des couples pour leur apprendre les limites, la communication, le respect et la gestion des conflits» détaille Danya O’Malley. 

Elle insiste à cet égard sur l’importance de sensibiliser les garçons à la question des violences faites aux femmes.  

Pour Danya O’Malley, il faut profiter de toutes les occasions pour sensibiliser les jeunes aux dangers des relations abusives. (Photo : MarineErnoult)



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