Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Isabella El Khoury et Madelaine Beck-Mallia (de g. à d.) participent au projet du COPA et d’Actions Femmes Î.-P.-É. pour prévenir les agressions et outiller les enfants à gérer les situations de violence. (Photo : Marine Ernoult)

Trois jeunes filles de 11e et 12e années de l’École François-Buote à Charlottetown participent à un projet de prévention de la violence. Depuis le début de l’année, elles parlent de multiculturalisme, de droits, d’abus et d’intimidation à leurs pairs de 7e et 8e années. Deux d’entre elles partagent leur expérience avec La Voix acadienne. 

«C’est nous qui prenons en charge la discussion. Sans adulte, l’environnement est sans jugement et ça nous permet de nous rapprocher des élèves», partage Isabella El Khoury, scolarisée en 11e année à l’École François-Buote à Charlottetown.  

«Ça nous permet de créer des connexions avec les plus jeunes et de parler de sujets difficiles», poursuit sa camarade de classe, Madelaine Beck-Mallia.

Les deux jeunes filles, ainsi que Milia Kebbi en 12e année, animent tout au long de l’année une série d’ateliers de formation à destination des élèves de 7e et 8e années. Le projet par et pour les jeunes est porté par le Centre d’orientation pour la prévention des agressions (COPA) en partenariat avec Actions Femmes Î.-P.-É.

En octobre, elles ont déjà sensibilisé quatre classes à la diversité, au multiculturalisme, au pouvoir et aux privilèges. À travers un petit peu de théorie, mais surtout beaucoup d’activités ludiques, de diaporamas et de discussions, elles ont fait réfléchir les adolescents à toutes ces notions.

«Je viens d’une famille d’immigrants, ce sont des sujets forts pour moi. Je suis vraiment consciente des privilèges que l’on peut avoir et de la ligne parfois mince entre droits et privilèges», observe Isabella El Khoury. 

L’intimidation«existe partout»

«Le mélange des cultures fonde le Canada, je suis moi-même un mix de beaucoup de cultures, c’est très important d’en parler pour que ça ne disparaisse pas», ajoute Madelaine Beck-Mallia. 

Les jeunes leadeuses se rencontrent toutes les deux semaines pour préparer les sessions. Alison Jenkins d’Actions Femmes Î.-P.-É. estime qu’elles ont déjà travaillé une cinquantaine d’heures sur le projet. 

«On discute de ce qu’on aimerait présenter, de ce qu’on pense des sujets, il y a aussi un gros travail de mémorisation pour être à l’aise à l’oral», détaille Madelaine Beck-Mallia. 

«C’est une première, on doit encore faire des ajustements et adapter le matériel à l’âge de l’auditoire, complète Isabella El Khoury. Il faut trouver le bon équilibre pour ne pas faire trop peur non plus, ce sont quand même des sujets lourds.»

L’hiver prochain, les prochains ateliers porteront sur l’intimidation, y compris sur internet. 

«Ça existe partout, même ici dans notre petite école, mais ce n’est pas visible, c’est encore très difficile d’en parler», regrette Isabella El Khoury.

Madelaine Beck-Mallia dénonce notamment les effets pervers des réseaux sociaux : «Derrière son écran, on se sent protégé par l’anonymat et on ne réalise pas le mal que l’on fait aux autres.»

Le plus important à leurs yeux est de mettre des mots sur ces situations d’intimidation et de donner les outils aux enfants pour s’en sortir. 

«J’espère que notre travail de sensibilisation aidera à changer les comportements», conclut Madelaine Beck-Mallia.

2-Projet.jpgDe gauche à droite, Alison Jenkins d’Actions Femmes ÎPÉ, Madelaine Beck-Mallia, Isabella El Khoury et l’accompagnatrice Shannon Kemp. (Photo : Marine Ernoult)

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