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Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
La juge Michelle O’Bonsawin a donné une conférence sur la réconciliation et la santé mentale des jeunes à Charlottetown. (Photo : Marine Ernoult)

Le vendredi 25 octobre, la juge à la Cour suprême, Michelle O’Bonsawin, a donné une conférence sur la réconciliation et la santé mentale des jeunes à l’occasion du congrès annuel de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones. La Franco-Ontarienne a appelé les acteurs de l’éducation à renforcer les enseignements sur l’histoire et la culture autochtones, tout en soulignant les progrès déjà réalisés.  

«Finissons le temps des blancs contre les petits indiens, finissons le temps où l’on ne reconnaissait pas l’impact dévastateur des pensionnats, le grand traumatisme que cet épisode a représenté pour des générations d’Autochtones», souligne la première juge franco-métisse à la Cour suprême du Canada, Michelle O’Bonsawin. 

La Franco-Ontarienne bilingue, également membre abénakise de la Première Nation d’Odanak, était l’invitée de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF). 

À l’occasion du congrès annuel de l’organisme, elle a donné une conférence à Charlottetown sur la réconciliation avec les peuples autochtones et la santé mentale des élèves et du personnel scolaire. 

«Le milieu éducatif a un rôle clé à jouer pour lutter contre le racisme, renforcer la compréhension et la coopération interculturelle. L’enseignement est au cœur du processus de réconciliation», affirme Michelle O’Bonsawin. 

La juriste salue à cet égard le travail des conseils scolaires francophones qui ont fait évoluer leurs programmes d’études sur l’histoire et la culture des Premières Nations. 

«Plus on en parle, plus la réconciliation ira de l’avant. La première étape est d’avoir une bonne discussion avec les jeunes sur qui nous étions et qui nous sommes maintenant», détaille-t-elle. 

«Au lieu de dire “je veux”, il faut poser des questions»

Michelle O’Bonsawin insiste néanmoins sur l’importance de ne pas seulement se concentrer sur les aspects négatifs : «Il faut parler des traditions autochtones, de nos valeurs traditionnelles.»

Au secondaire, elle incite les enseignants à parler à leurs élèves du travail de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

«Et il n’y a pas que les élèves, les enseignants doivent aussi être formés», ajoute-t-elle. 

Le président de la FNCSF, Simon Cloutier, note cependant que le rapprochement des conseils scolaires francophones avec les peuples autochtones reste parfois «très difficile». 

«Quand on pousse pour les approcher et forger des liens, on n’a pas nécessairement de réponse, regrette le Franco-Ténois. On ne veut pas être trop insistant, mais dans le même temps on a l’impression de ne pas en faire assez.»

Aux yeux de Michelle O’Bonsawin, «les blessures du passé» peuvent expliquer cette frilosité de certains Autochtones à nouer des relations plus approfondies. 

«Il faut être dans l’écoute active, ça va mettre du vent dans les voiles. Au lieu de dire ‘je veux’, il faut poser des questions, commencer par demander ce qu’il est possible de faire pour avancer ensemble», poursuit-elle. 

La conseillère scolaire au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario, Sonia Boudreault, s’inquiète, elle, d’un système éducatif qui s’éloigne des enseignements des Premières Nations. 

«Notre modèle standard incite à l’excellence, les curriculums ne cessent de se complexifier, c’est bien loin des principes autochtones qui incitent à un retour à la nature, à valoriser les qualités de chacun», observe-t-elle. 

Santé mentale, les enseignants en première ligne 

En filigrane se pose la question de la santé mentale des jeunes, fragilisés par un système scolaire ultra-compétitif. 

«Le système est un peu difficile, mais les services d’aide individuels qui reconnaissent chaque élève comme unique ont une grande valeur», estime Michelle O’Bonsawin. 

Selon la juge, pour améliorer le bien-être des élèves, «il faut enlever le stigmate associé aux questions de santé mentale, ne rien cacher et en parler le plus possible.» 

«Les enseignants ne sont pas des travailleurs sociaux, mais ce sont les premiers points de contact. Ils peuvent poser des questions s’ils voient un jeune en détresse», considère-t-elle. 

«Les élèves conseillers scolaires sont aussi des canaux de transmission pour ces enjeux-là», ajoute la directrice générale de la FNCSF, Valérie Morand.

Le rôle de la communauté scolaire est d’autant plus crucial que le nombre de services en santé mentale à destination des jeunes est insuffisant, «surtout depuis la pandémie de COVID-19», précise Michelle O’Bonsawin. 

Interrogée sur le combat pour l’éducation en français en situation minoritaire, la juge a exhorté les conseils scolaires à poursuivre leur «travail continu et acharné» : «Il faut continuer à être vigilant et toujours utiliser notre langue en premier sinon on va la perdre.»   

2-Simon_Cloutier.jpgSimon Cloutier de la FNCSF s’interroge sur les meilleures manières de rejoindre et de nouer des liens avec les Autochtones. (pPhoto : Gracieuseté)

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