Du jamais-vu pour beaucoup. D’impressionnantes aurores boréales ont pu être admirées ces derniers temps dans le ciel de l’Île-du-Prince-Édouard. Le phénomène, lié à une tempête solaire extrême, s’observe mieux loin des villes.
Ces dernières semaines, des aurores boréales d’une rare intensité ont illuminé le ciel de la province. Une palette de couleurs allant du rouge au violet en passant par le rose a embrasé la nuit insulaire.
Le phénomène est lié à une tempête solaire «extrêmement intense», explique Vincent Hénault-Brunet, professeur au département d’astronomie et de physique de l’Université Saint-Mary’s, en Nouvelle-Écosse.
«La magnitude des aurores boréales que l’on a pu observer est extrêmement rare dans nos régions, un tel spectacle, c’est du jamais-vu, souligne l’astrophysicien. Normalement, on voit ça sous des latitudes plus élevées autour du pôle nord et de l’arctique canadien.»
D’après le chercheur, le Soleil est actuellement proche de son pic d’activité, selon un cycle qui revient tous les onze ans.
La récente tempête a provoqué une série d’éjections de masse coronale qui se sont déplacées à plusieurs centaines de kilomètres par seconde en direction de la Terre.
«Ces éjections de masse coronale sont des explosions de particules énergétiques et de champs magnétiques partant de taches sur le Soleil», précise Vincent Hénault-Brunet.
À leur approche de la Terre, les particules solaires ont interagi avec le champ magnétique terrestre et sont notamment entrées en collision avec des particules de gaz. Excitées, elles ont alors émis des effets lumineux de couleurs spécifiques. Ce sont les fameuses aurores boréales.
Menace de la pollution lumineuse
Plus le vent en provenance du Soleil est chargé en particules, plus l’intensité des aurores boréales sera forte avec un spectre de couleurs variées.
Mais pour observer ces phénomènes uniques, les amateurs d’astronomie doivent s’éloigner des grandes villes et de leur pollution lumineuse.
«L’éclairage public, positionné vers le ciel, se reflète sur les petites particules de poussière, de pollution, d’eau et bloque la vue du ciel», regrette Vincent Hénault-Brunet.
«Ça contribue à avoir un fond du ciel plus brillant et donc des aurores boréales moins intenses», ajoute-t-il.
Pour Vincent Hénault-Brunet, il existe des solutions simples et efficaces pour réduire cette pollution lumineuse. Il évoque des lumières artificielles pointées vers le bas aux températures plus chaudes, mais aussi l’installation d’abat-jour.
«Si on avait plus de lampadaires sur la partie rouge du spectre, les lumières nous aveugleraient moins», estime l’astrophysicien.
«On pourrait aussi éclairer plus intelligemment, ce n’est pas forcément utile d’éclairer constamment certains endroits la nuit», poursuit-il.
En attendant, de nouvelles aurores boréales pourraient être visibles d’ici le début de l’année prochaine. Vincent Hénault-Brunet conseille de consulter les sites Météo Spatiale Canada ou encore l’application Space Weather Live pour recevoir des alertes.
L’astrophysicien Vincent Hénault-Brunet souligne à quel point les aurores boréales observées ces derniers temps dans la région sont rares. (Photo : Gracieuseté)
Aurores boréales à Wellington. (Photo : Marcia Enman)
Photo du Coastie prise au parc national de l’Île-du-Prince-Édouard, le 10 octobre 2024. (Photo : Parcs Canada)