Des biologistes de l’Université Acadia, en Nouvelle-Écosse, tentent de mieux comprendre les conséquences des changements climatiques sur les populations de moustiques des Maritimes. L’Île-du-Prince-Édouard compte 34 espèces, dont une envahissante, porteuse du dangereux virus du Nil occidental.
Quel est l’impact des changements climatiques sur les populations de moustiques des Maritimes? C’est pour tenter de répondre à cette question qu’une équipe de chercheurs de l’Université Acadia, en Nouvelle-Écosse, prélève des moustiques dans leur milieu naturel depuis seize mois.
Selon Laura Ferguson, professeure de biologie à l’Université Acadia et responsable de l’étude, une quarantaine d’espèces prolifèrent dans la région et l’Île-du-Prince-Édouard en compte 34.
«Nous voulons savoir s’il y a eu des changements dans cette répartition, car la dernière campagne de surveillance remonte à plus de vingt ans, explique la biologiste. Nous manquons de données fiables sur le sujet.»
Moustique japonais
Des étudiants, membres du groupe de recherche, arpentent les zones humides de la région à la recherche de larves et de moustiques adultes. Durant l’été 2023, ils ont recueilli un peu plus de 17 000 spécimens adultes.
Les scientifiques veulent savoir si des espèces envahissan-tes ont élu domicile dans la région à la faveur des dérèglements climatiques. Ils s’intéressent également à l’évolution des populations présentes depuis longtemps dans les Maritimes.
«Nous voulons être proactifs, anticiper les changements à venir et devancer l’arrivée de nouvelles espèces avant d’être frappés de plein fouet», souligne Laura Ferguson.
«Dans l’est du Canada, nous allons observer des précipitations accrues avec une humidité plus élevée. Ces conditions peuvent être favorables à certaines espèces de moustiques», poursuit Nolan Boyd, étudiant à la maîtrise en biologie, impliqué dans l’étude.
À ce jour, une espèce invasive a d’ores et déjà été identifiée dans les Maritimes, y compris à l’île. Il s’agit de l’Aedes japonicus, venue du Japon.
Détectée pour la première fois dans la région en 2005, «elle est devenue l’une des espèces les plus abondantes et faciles à trouver», observe Gemma Rawson, étudiante à la maîtrise en biologie, engagée dans le projet.
Surveiller de près les virus
«Elle est probablement arrivée sous forme d’œufs dans des pneus ou dans d’autres matériaux transportés par bateau ou par avion», détaille Laura Ferguson.
Ce moustique japonais est capable de transmettre à l’homme le virus du Nil occidental, maladie infectieuse potentiellement mortelle. D’autres espèces, installées dans les Maritimes, sont également vectrices d’affections dangereuses pour la santé humaine.
«Ce sont des espèces à surveiller, mais nous avons été assez bien protégés jusqu’alors, rassure Laura Ferguson. Nous ne constatons pas d’augmentation des cas du virus du Nil occidental chez les humains et nous ne prévoyons pas de changement important.»
Les scientifiques veulent néanmoins créer une base de données à jour des virus circulant parmi les populations de moustiques.
Sur le terrain, la collecte d’échantillons se poursuivra jusqu’en octobre. Laura Ferguson et son équipe espèrent publier leur rapport l’année prochaine ou au début de l’année 2026.