Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Les bandes blanches qui s’étendent de la tête à la queue de la mouffette préviennent à distance les prédateurs qu’elle dispose d’un moyen de défense puissant et puant. (Photo : Jérôme Landry)

La présence des mouffettes se fait de plus en plus remarquer à l’Île-du-Prince-Édouard. La ville de Charlottetown reçoit de nombreux appels de résidents qui veulent les éloigner de leur maison. Le liquide malodorant produit par l’animal nocturne fait fuir autant les animaux que les êtres humains. 

Les mouffettes font parler d’elles à l’Île-du-Prince-Édouard. Le nombre d’habitants de Charlottetown qui demandent l’aide de la municipalité pour éloigner les sconses grimpe en flèche. 

La ville a reçu 600 appels du genre en 2023, presque deux fois plus qu’en 2020. Les résidents les considèrent souvent comme des nuisibles, en raison des dégâts qu’elles causent dans les jardins et de leur odeur très forte.

La mouffette est un animal solitaire qui vit principalement la nuit et hiverne durant l’hiver. Omnivore, elle mange des fruits, des insectes, des graines, ou encore des petits mammifères. 

«Quand elle creuse des trous dans les jardins, c’est qu’elle est à la recherche de larves de hannetons et de vers blancs», explique Stéphanie Bentz, biologiste responsable de l’éducation au Bioparc de la Gaspésie, au Québec.

Le musc, un réflexe de défense 

Lorsque la mouffette se sent menacée, elle projette un liquide nauséabond très épais, d’une couleur jaunâtre, appelé le musc. 

«Elle peut, dès l’âge de deux semaines, projeter un jet à trois mètres avec précision, six mètres au total», détaille Stéphanie Bentz. 

Mais l’animal n’asperge pas ses adversaires à tout va, car la production du musc lui demande «beaucoup de temps et d’énergie», explique la scientifique. 

Le petit mammifère envoie plusieurs signaux d’avertissement. Tout d’abord, les bandes blanches qui s’étendent de sa tête à sa queue préviennent à distance les prédateurs qu’il dispose d’un moyen de défense puissant et puant. 

En cas de mauvaise rencontre, il commence toujours par gronder, siffler, claquer du pied, lever la queue en l’air avant d’attaquer. 

«Le jet, c’est donc vraiment en dernier recours, sauf si la mouffette se fait surprendre par un animal de compagnie ou un humain, là, elle peut arroser tout de suite», relève Stéphanie Bentz. 

2 Stephanie Bentz

La biologiste Stéphanie Bentz explique que la production de musc est très chronophage et énergivore pour la mouffette.(Photo : Gracieuseté)

Pièges disponibles à Charlottetown 

Pour se débarrasser de l’odeur, contrairement à une croyance populaire, le jus de tomate est inefficace. 

Stéphanie Bentz recommande les shampoings qui éliminent les odeurs de sconses vendus en animalerie ou des mélanges maison à base de peroxyde d’hydrogène, de liquide vaisselle, d’eau et de bicarbonate de soude.

À Charlottetown, la municipalité offre gratuitement des pièges aux habitants. Il suffit d’appeler les services de la mairie afin qu’ils viennent installer le dispositif pour cinq jours. 

Depuis le 1er septembre, la ville a également embauché un spécialiste en contrôle des animaux qui dispose d’au moins 100 pièges, la moitié pour les mouffettes, l’autre pour les ratons laveurs.

«Une recrudescence de mouffettes en ville est le signe que l’on prend trop d’espace dans leur milieu de vie naturel, plutôt que de les piéger, il vaut mieux apprendre à coexister avec elles», estime Stéphanie Bentz. 

La biologiste conseille plutôt de mettre sous clé les ordures et les déchets organiques, car les sconses sont attirés par l’odeur des restes de nourriture. Elle recommande aussi de bloquer les accès sous les abris de jardin ou les terrasses où ils peuvent dormir la journée. 

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