Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Anisa Zangiabadi est ambassadrice du bilinguisme à l’Île-du-Prince-Édouard dans le cadre du programme de Français pour l’avenir.

L’organisme Français pour l’avenir a lancé son programme des jeunes ambassadeurs et ambassadrices du bilinguisme. À l’Île-du-Prince-Édouard, Anisa Zangiabadi, une jeune fille d’origine iranienne, va promouvoir le français et la francophonie auprès des jeunes de la province. Le bilinguisme comporte de nombreux avantages que ce soit économiques, culturels ou cognitifs. 

«Les langues que je parle sont inséparables de mon identité, elles ont toutes une signification particulière, liées à une partie de ma vie», confie Anisa Zangiabadi, scolarisée en classe d’immersion à l’école secondaire Charlottetown Rural. 

La jeune fille de 17 ans, originaire d’Iran, participe au programme des ambassadeurs et ambassadrices du bilinguisme de l’organisme Français pour l’avenir. Pendant l’année scolaire 2024-2025, elle devra promouvoir le bilinguisme parmi les jeunes de l’Île-du-Prince-Édouard. 

«Je vais m’impliquer à fond pour faire aimer le français et la culture française, ça va aussi me permettre de rencontrer des jeunes canadiens qui partagent une passion commune pour le français», partage-t-elle. 

Arrivée il y a un an au Canada, Anisa Zangiabadi a appris le français grâce à des cours particuliers en Iran. Si sa langue maternelle est le farsi, elle maîtrise également l’anglais depuis l’âge de ses trois ans et l’espagnol.

«Toutes ces langues sont importantes pour moi, elles me permettent d’apprendre de nouvelles choses, de communiquer avec le plus de gens possible, de m’imprégner de différentes cultures», raconte l’adolescente qui veut devenir médecin et traductrice. 

La professeure de langue à l’Université d’Ottawa, Elena Valenzuela, confirme les nombreux bénéfices du bilinguisme, voire du plurilinguisme : «C’est un avantage économique sur le plan professionnel et c’est aussi bon pour le cerveau.» 

Dépasser les clivages historiques 

De nombreuses études ont montré que le bilinguisme améliore la mémoire, les capacités d’exécuter plusieurs tâches en même temps, de voir les choses sous un angle différent et permet de mieux résoudre les problèmes. 

«Les personnes bilingues apprennent mieux, ou disons différemment, car elles développent une grande flexibilité mentale» détaille Elena Valenzuela. 

La directrice de l’Institut des langues officielles et du bilinguisme rappelle par ailleurs que «le français et l’anglais ont établi la nation canadienne» et que le bilinguisme «fait partie de l’ADN» du pays. 

«Le bilinguisme ne signifie pas la maîtrise parfaite des deux langues, la plupart des bilingues en parlent une mieux que l’autre, poursuit l’universitaire. Il s’agit plutôt d’avoir des compétences linguistiques dans plus d’une langue et de les utiliser selon les contextes, les besoins, ses envies et ses objectifs.»

Malgré les tensions historiques entre les groupes linguistiques francophones et anglophones, Elena Valenzuela est persuadée que les nouvelles générations sont en train de dépasser ces clivages.

«L’histoire sera toujours là et réveillera beaucoup d’émotions, mais de plus en plus de Canadiens se proclament bilingues et mettent leurs enfants en immersion, observe-t-elle. C’est une bonne chose, ça aide à la survie de la francophonie.»À Charlottetown, Anisa Zangiabadi assure qu’elle «continuera toujours d’améliorer son français et d’apprendre de nouvelles langues pour s’ouvrir sur le monde.»  

2-Elena_Valenzuela.jpg Elena Valenzuela est directrice de l’Institut des langues officielles et du bilinguisme à l’Université d’Ottawa.

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