Un peu plus de 5% du territoire de l’Île-du-Prince-Édouard est recouvert de zones humides. Ces milieux, gorgés d’eau de manière intermittente ou permanente, rendent de nombreux services écosystémiques. Ils contribuent à la lutte contre les changements climatiques et l’érosion, atténuent l’intensité des inondations et abritent une grande biodiversité. Mais le développement urbain et agricole les menace.
Marais, marécages, tourbières et étangs à l’intérieur des terres, mais aussi marais salés le long des côtes, les paysages de l’Île-du-Prince-Édouard sont émaillés de nombreuses zones humides. Un peu plus de 5 % du territoire insulaire en est recouvert, soit quelque 32 000 hectares.
Ces zones humides rendent de nombreux services écosystémiques qui peuvent se résumer en trois mots : eau, carbone et biodiversité.
Elles abritent une diversité biologique exceptionnelle et surtout très originale de plantes, d’animaux et de micro-organismes adaptés à la présence permanente ou intermittente d’eau.
«Elles constituent un habitat pour une grande variété d’espèces et sont essentielles à la reproduction, à l’alimentation et à la migration de nombreux animaux», confirme Jana Cheverie, responsable des programmes de conservation en région Atlantique au sein de Ducks Unlimited.
«Les marais salés sont un refuge pour de nombreux oiseaux en danger, tandis que les tourbières et les marais intérieurs hébergent un grand nombre de plantes rares», renchérit Charlotte Large, responsable de projet au sein de PEI Watershed Alliance.
Zones humides en recul
Les zones humides stockent également du carbone en grande quantité, en particulier les tourbières, «ce qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre le changement climatique», détaille Jana Cheverie.
Elles sont par ailleurs une assurance-vie contre les aléas climatiques. Jana Cheverie explique qu’«elles agissent comme des éponges naturelles de sorte qu’elles peuvent absorber tout l’excès d’eau lors de fortes précipitations.» À l’inverse, en période de sécheresse, elles peuvent retenir l’eau.
«Elles contribuent aussi à améliorer la qualité de l’eau en filtrant les nutriments, les sédiments et tous les contaminants présents», ajoute Charlotte Large.
En bord de mer, les marais salés dissipent, eux, l’énergie des grosses vagues qui frappent les côtes durant les tempêtes de plus en plus fréquentes et intenses.
«En jouant un rôle de tampon, ils contribuent à protéger les côtes de l’érosion», souligne Jana Cheverie.
Si toutes les zones humides de l’île sont désormais protégées au niveau provincial, leur superficie a fortement régressé au cours des siècles passés.
Les colons européens sont les premiers à les avoir drainées et remblayées. À l’échelle de la région Atlantique, on estime que 50 % à 75 % ont disparu. Encore aujourd’hui, les constructions sur le littoral menacent les marais salés.
Besoin de plus de sensibilisation
«À cause de l’élévation du niveau de la mer, les marais salés ont tendance à migrer à l’intérieur des terres, explique Jana Cheverie. Mais si le terrain à l’arrière est construit, les marais n’ont plus de terre où aller et disparaissent», regrette Jana Cheverie.
La spécialiste appelle ainsi à mieux protéger ces terrains adjacents et à y interdire tout aménagement.
En réalité, tous les milieux humides sont sous pression. «L’île est si petite et si dense, et il y a un grand besoin de terres pour l’agriculture et la construction de logements», rappelle Charlotte Large.
Pour sensibiliser le grand public à l’importance de ces milieux, l’organisme Ducks Unlimited organise des excursions sur le terrain, avec des élèves notamment.
Mais le chemin à parcourir est encore long aux yeux de Jana Cheverie : «On doit faire plus d’éducation, car beaucoup de gens voient juste quelque chose de sale et marécageux au milieu d’un champ.»
De son côté, Charlotte Large assure que «depuis l’ouragan Fiona, plus de gens sont conscients du rôle clé des zones humides pour s’adapter au changement climatique.»