Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Le geai bleu est une espèce emblématique de l’Île-du-Prince-Édouard.  (Photo : Wikimedia Commons)

Les mangeoires peuvent aider de nombreux volatiles de l’Île-du-Prince-Édouard, confrontés à une raréfaction de la nourriture. Mais un nourrissage toute l’année ne fait pas l’unanimité parmi les spécialistes. L’essentiel est de maintenir les mangeoires propres pour éviter tout risque de maladies. 

Installer une mangeoire dans son jardin ou sur son balcon peut aider de nombreux oiseaux parmi les 368 espèces observées à l’Île-du-Prince-Édouard. 

«Leurs habitats reculent et ils ont de plus en plus de mal à trouver de la nourriture dans la nature», alerte Nicolas Lecomte, professeur au département de biologie de l’Université de Moncton. 

Les insectivores sont dramatiquement affectés par le «déclin des insectes lié à l’utilisation massive de pesticides et d’engrais en agriculture», ajoute le chercheur.

En quarante ans, les populations d’oiseaux insectivores aériens, comme les hirondelles ou les martinets, ont diminué de 59 % au Canada. Celles d’oiseaux de rivage, qui migrent sur de grandes distances, ont, elles, décliné de 40 %. 

Nicolas Lecomte préconise ainsi un nourrissage toute l’année. L’hiver, les populations résidentes en profitent. Cela les aide à compenser les fortes pertes énergétiques en raison du froid et des journées très courtes.

«Sous la neige et la glace, c’est plus difficile de trouver de quoi manger, on peut leur donner un coup de pouce», confirme Robert Harding, membre du comité exécutif de l’organisme Nature PEI. 

Parasite dans les mangeoires 

En revanche, Robert Harding déconseille vivement de nourrir les oiseaux durant le printemps et l’été, à cause d’un parasite présent dans les mangeoires. 

«Cela peut provoquer une maladie potentiellement mortelle qui touche toutes les espèces, certains passereaux en particulier, comme les chardonnerets, assure-t-il. Les migrateurs peuvent trouver à manger eux-mêmes.»

Un avis que ne partage pas Nicolas Lecomte : «L’ajout de nourriture est un soutien important pour les espèces qui arrivent à l’île épuisées après des milliers de kilomètres de vol.»

«Plus tard dans la saison, cela aide aussi les petits à prendre leur envol avec succès», ajoute le biologiste. 

Les premières vagues d’oiseaux migrateurs, hirondelles, parulines et chardonnerets jaunes, ont déjà atterri dans la province. Le pic d’arrivée des volatiles s’en vient d’ici une semaine ou deux. 

«Certains migrateurs peuvent être fidèles et revenir d’une année sur l’autre dans le même jardin où ils ont connu un beau succès de reproduction», relève Nicolas Lecomte.

Le scientifique conseille d’utiliser des mangeoires avec un plateau ou une table et de les disposer bien en hauteur et en vue, sans buissons proches. Cela permet aux volatiles de voir les éventuels prédateurs. 

Attention également à placer les mangeoires à moins d’un mètre d’une fenêtre pour éviter tout risque de collision, à moins d’y appliquer des auto-collants sous forme de silhouettes. 

Collision avec les fenêtres 

Chaque année, entre 16 et 42 millions d’oiseaux meurent en percutant une fenêtre, indique le site d’Environnement et Changement climatique Canada.

Cela peut sembler contre-intuitif, mais le ministère fédéral a constaté que plus les mangeoires sont éloignées d’une vitre, plus les oiseaux risquent de mourir, car ils ne la voient pas et la frappent à grande vitesse.

Au niveau du type d’aliment, les graines de tournesol plaisent à un grand nombre d’espèces comme le geai bleu, le cardinal rouge ou le chardonneret jaune. Les pains de graisse conviennent mieux aux oiseaux acrobates, mésanges et pics.

Quelle que soit la mangeoire choisie, il faut la nettoyer régulièrement, tous les trois ou quatre jours, pour éviter la propagation de maladies. 

«Le risque est faible, mais il faut rester vigilants, notamment par rapport à la grippe aviaire, qui peut se transmettre très facilement chez les espèces vivant en groupe», affirme Nicolas Lecomte. 

Le biologiste insiste également sur l’importance d’un point d’eau l’été, pour que les volatiles boivent et se rafraîchissent pendant les périodes de grosse chaleur. Là encore, il est essentiel de maintenir l’endroit propre.  

2-Chardonneret_jaune.jpgLe chardonneret jaune est une espèce migratrice présente à l’Île-du-Prince-Édouard. (Photo : Wikimedia Commons)

3-Nicolas_Lecomte_est_biologiste_à_lUniversité_de_Moncton.jpgNicolas Lecomte est biologiste à l’Université de Moncton. (Photo : www.umoncton.ca)

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