Société
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Fraser McCallum est un auteur-compositeur-interprète de l’Île-du-Prince-Édouard. (Photo : Gracieuseté)

En janvier, l’East Coast Music Association’s a invité les artistes du Canada Atlantique à mettre leur consommation d’alcool en pause. L’alcool est facilement accessible et souvent gratuit pour les musiciens en concert. Les mentalités sont néanmoins en train de changer et de plus en plus d’artistes arrêtent de boire.  

«Dans tous les concerts et les festivals où tu joues, c’est super normal d’avoir quelques boissons alcoolisées gratuitement», témoigne Fraser McCallum, auteur-compositeur-interprète de l’Île-du-Prince-Édouard.

Le musicien évoque les nombreux moments de temps libre avant et après les concerts, ou même pendant, propices à boire quelques verres : «J’essaie de faire attention, mais c’est quelque chose de tellement ancré dans l’identité de l’industrie musicale.»

Au Nouveau-Brunswick, Carol Doucet, directrice du label musical «Le Grenier musique», confirme que l’alcool «fait partie de la mentalité et des habitudes festives» du monde de la musique. 

«L’alcool est très accessible. Quand les artistes arrivent à un concert, dans leur loge, les frigos sont déjà remplis, relate-t-elle. Et pendant la soirée, les fans dans le public leur déposent souvent des shots ou de la bière sur scène.»

michel_lalonde.jpg

Michel Lalonde est un chanteur franco-ontarien, installé depuis des années à l’Île-du-Prince-Édouard.  (Photo : Jacinthe Laforest)

«Moins de pression publique» pour boire 

Malgré les tentations, Michel Lalonde, lui, ne boit jamais pendant un spectacle. 

«On peut avoir l’impression d’être plus à l’aise avec un verre, mais en réalité quand on boit, notre habilité à jouer de la bonne musique diminue», souligne l’auteur-compositeur franco-ontarien, installé depuis des années à l’Île-du-Prince-Édouard.

Le chanteur de 76 ans se souvient de tournées dans sa jeunesse où certains musiciens buvaient toute la journée ou presque : «Ils donnaient plus d’argent au bar que ce qu’ils gagnaient pour le concert».

«Quand on jouait quatre à cinq heures de suite plusieurs fois par semaine dans des bars, ça devenait notre chez nous et certains musiciens se laissaient aller», poursuit le membre fondateur du groupe Garolou. 

Les professionnels interrogés constatent cependant un changement de mentalité ces dernières années. 

«Il y a plus de conscientisation aujourd’hui, on sait qu’on doit boire avec modération», estime Michel Lalonde.

«Les conversations autour de l’alcool sont plus faciles», abonde dans le même sens Fraser McCallum. «Il y a moins de pression publique qu’avant pour boire, c’est plus commun de proposer des boissons sans alcool aux artistes.» 

carol.jpg

Carol Doucet est directrice du label musical «Le Grenier musique» à Moncton. (Photo : Gracieuseté)

Comportements à changer chez les jeunes

De son côté, Carol Doucet observe de plus en plus d’artistes qui choisissent d’arrêter de boire, avec l’envie d’avoir «une vie plus saine». 

«Ils se sont rendu compte que c’était difficile de tenir physiquement sur la durée, que leur consommation avait des conséquences négatives sur leur vie et leur carrière, alors ils préfèrent y mettre un terme», détaille-t-elle.

La directrice du Grenier musique salue à cet égard l’initiative de l’East Coast Music Association’s qui invitait les artistes à mettre leur consommation d’alcool en pause au mois de janvier. 

«C’est fantastique, mais il faut encore plus de programmes et de conversations sur le sujet. Les comportements n’ont pas encore complètement changé chez les jeunes», insiste Fraser McCallum.  

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Société