Société
Par Marine Ernoult 
Awad Ibrahim est professeur titulaire et récipiendaire de la bourse professorale Air Canada sur l’antiracisme à la Faculté d’éducation à l’Université d’Ottawa.

En février, l’Île-du-Prince-Édouard célèbre le Mois de l’histoire des Noirs comme partout ailleurs au pays.  Un mois de festivités pour célébrer la contribution des personnes noires à la société canadienne.  L’occasion aussi de parler d’histoires méconnues et de mettre fin à certains clichés.  

Comme chaque année, le Canada fête le Mois de l’histoire des Noirs en février.  À l’Île-du-Prince-Édouard, la Black Cultural Society organise des dizaines d’événements à Charlottetown et dans toute la province.  Après un gala d’ouverture, des débats, des conférences, des concerts, des expositions ou encore des projections de films vont ponctuer tout le mois. 

«Évoquer la contribution des personnes noires à la société est positif, mais on ne doit pas raconter une seule histoire», considère Awad Ibrahim, professeur titulaire à la Faculté d’éducation à l’université d’Ottawa.

«Il faut que la richesse et la diversité des nationalités, des langues, des cultures et des histoires des populations noires transparaissent dans les événements organisés», poursuit celui qui est également récipiendaire de la bourse professorale Air Canada sur l’antiracisme. 

Immigrants de 3e génération 

Contrairement aux idées reçues, la majorité des 1,5 million de personnes noires au Canada (1 547 870 selon le recensement de 2021) est née dans le pays.  Cela concernait quatre personnes noires sur dix en 2016. 

À l’Î.-P.-É., selon le recensement de 2021, 1815 personnes sont noires, soit 1,2 % de la population.  En 2016, elles n’étaient que 825.  Toujours en 2016, près de 25 % d’entre elles étaient des personnes canadiennes de troisième génération, un pourcentage beaucoup plus important que dans le reste du pays (8,6 %). 

En Nouvelle-Écosse, ce pourcentage est encore plus élevé.  Ce sont 72 % des personnes noires qui étaient, en 2016, des Canadiens de troisième génération.  «Il s’agit de descendants d’esclave», explique Awad Ibrahim. 

Celles et ceux qui ont immigré au Canada sont originaires de plus de 170 lieux de naissance différents (recensement de 2016).  Les trois principaux pays d’origine des immigrants noirs sont la Jamaïque, Haïti et le Nigéria.  La population noire a par ailleurs déclaré plus de 300 origines ethniques ou culturelles différentes (recensement de 2021). 

«Pas une fin en soi»

La population noire est également très diversifiée sur le plan linguistique.  Plus de 450 langues maternelles ont été déclarées dans le cadre du recensement de 2021.  Autre fait notable, un pourcentage plus élevé de la population noire déclare parler le français à la maison, comparativement à la population totale (recensement de 2016). 

«On doit prendre le temps de se rappeler toutes ces histoires méconnues et tellement complexes qui ne font pas partie de l’imaginaire collectif de la nation canadienne, observe Awad Ibrahim.  Les personnes noires elles-mêmes ne connaissent pas toutes ces informations.»

Mais le chercheur insiste, «le Mois de l’histoire des Noirs n’est pas une fin en soi où tout est dit et tout est fait, c’est un moment parmi d’autres, il faut continuer à lutter contre le racisme anti-noir avant et après.  Comment?  Ça passe avant tout par l’éducation à l’école», répond Awad Ibrahim.

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