La Commission de la santé mentale du Canada a tenu sa rencontre de son conseil d’administration les 13 et 14 novembre dernier à Charlottetown. À l’Île-du-Prince-Édouard comme partout au pays, il n’a jamais été aussi difficile d’accéder à des services de santé mentale. La situation est encore pire pour les francophones et les communautés marginalisées comme les personnes 2SLGBTQ+.
«À l’île, le recrutement et la rétention de professionnels sont un défi, mais il y a un engagement ferme de tous les acteurs pour améliorer l’accès à des soins de santé mentale de qualité», affirme le président et directeur général de la Commission de la santémentale du Canada (CSMC), Michel Rodrigue.
À l’occasion du conseil d’administration de la CSMC qui s’est tenu à Charlottetown les 13 et 14 novembre dernier, Michel Rodrigue a rencontré de nombreux élus, prestataires de soins et organismes communautaires à travers la province.
Le responsable national salue ainsi les investissements dans la construction du nouvel hôpital psychiatrique Hillsborough à Charlottetown. Il souligne aussi la volonté des acteurs insulaires d’adopter une «approche par palier», afin de réduire les temps d’accès aux soins qui «peuvent parfois atteindre des années».
«Toutes les personnes avec un trouble ou un problème de santé mentale n’ont pas nécessairement besoin de voir un psychiatre, elles peuvent d’abord voir un pair-aidant ou un travailleur social, explique Michel Rodrigue. Si leurs besoins augmentent, elles peuvent accéder à des services plus complexes par la suite.»
Lever les barrières aux soins virtuels
Cependant, pour Michel Rodrigue, le modèle en place limite toujours l’accès aux soins virtuels, en particulier pour les communautés francophones. Toutes les provinces ont des lois qui encadrent la pratique des professionnels et les empêchent d’offrir des soins à l’extérieur des frontières provinciales.
Résultat, les francophones installés à l’Île-du-Prince-Édouard ne peuvent pas accéder aux services de conseillers en ligne, basés au Nouveau-Brunswick ou au Québec.
«Il faut enlever ces barrières, ça passe par un changement de législation, insiste Michel Rodrigue. L’avantage en Atlantique, c’est qu’il y a déjà une excellente collaboration entre les provinces, ça pourrait se faire plus facilement qu’ailleurs.»
Les membres de la communauté 2SLGBTQ+ pâtissent également d’un manque d’accès à des soins de qualité.
«L’accès est plus difficile que pour le reste de la population, surtout quand on parle de soins adaptés à leurs besoins et exempts de stigmates», reconnaît Michel Rodrigue.
«La situation dans les zones rurales est la plus préoccupante, car la plupart du soutien se concentre à Charlottetown et Summerside», poursuit le travailleur social au sein de P.E.E.R.S. Alliance, Henry Luyombya.
Manque de formations des professionnels
L’organisation de l’Î.-P.-É. P.E.E.R.S. Alliance offre notamment du soutien individuel par des pairs et des groupes de rencontre. L’organisme OurLandingPlace propose, lui, des consultations en ligne avec des thérapeutes qui font partie de la communauté et connaissent bien les réalités des personnes 2SLGBTQ+.
«C’est très important, car de nombreux professionnels ne sont pas formés pour offrir des soins spécifiques aux personnes 2SLGBTQ+, les formations manquent à l’île», observe Henry Luyombya.
Il y a pourtant urgence à investir dans des services spécialisés. De nombreuses études révèlent que la santé mentale des personnes 2SLGBTQ+ est plus fragile que celle du reste de la population.
«La haine qui circule commence à avoir un coup sur la communauté, ça ajoute du stress sur des individus qui ont déjà plus de probabilités d’avoir des problèmes de santé mentale», appuie le co-fondateur du groupe Franco Queer ÎPÉ, Jason Buote.