Le nombre de cas de coqueluche est en forte augmentation cette rentrée à l’Île-du-Prince-Édouard. Le cycle habituel de l’infection respiratoire et la baisse de la vaccination expliquent en partie ce retour. Selon les scientifiques, la vaccination, en particulier des femmes enceintes, demeure la protection la plus efficace.
La coqueluche fait son retour à l’Île-du-Prince-Édouard. Les autorités de santé publique ont enregistré 165 cas depuis le printemps dernier. C’est beaucoup plus que les trois infections signalées en moyenne chaque année dans la province.
Cette maladie, causée par la bactérie Bordetella pertussis, affecte les voies respiratoires. Elle se caractérise par de longs accès compulsifs de toux sèche, jusqu’à ce que le patient reprenne enfin souffle, en une inspiration bruyante évoquant le chant du coq – d’où le nom de la maladie.
On l’appelle aussi «la toux des cent jours» parce qu’elle est longue et très pénible. Elle se transmet par des gouttelettes, lorsque les personnes infectées toussent ou postillonnent. Elle est par ailleurs très contagieuse : les scientifiques estiment qu’une personne malade peut contaminer une quinzaine depersonnes saines.
«Ça commence sous la forme d’un simple rhume, avant de provoquer des quintes de toux très intenses et épuisantes», détaille Scott Halperin, immunologiste et professeur de pédiatrie à l’Université de Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.
«Les bébés sont susceptibles d’en mourir»
«La toux chronique s’estompe progressivement, mais peut durer jusqu’à trois mois. C’est très désagréable», poursuit Jesse Papenburg, pédiatre-infectiologue et microbiologiste à l’Hôpital de Montréal pour enfants, du Centre universitaire de santé McGill.
Si la coqueluche n’est pas dangereuse pour la majorité de la population, elle représente un vrai danger pour les nourrissons de moins de 6 mois, et en particulier les plus petits qui n’ont pas encore reçu leur première dose de vaccin, à 2 mois.
«Le risque d’hospitalisation est élevé. Ça peut être très grave, les bébés sont susceptibles d’en mourir à cause de détresse respiratoire et d’apnée sévère», explique Scott Halperin.
L’infection peut également provoquer d’autres complications graves, telles que des pneumonies ou des affections neurologiques.
Par conséquent, Scott Halperin et Jesse Papenburg appellent à renforcer la vaccination des femmes enceintes. De la sorte, les anticorps produits par la mère sont transmis au fœtus et protègent le nouveau-né en attendant qu’il reçoive lui-même sa première dose de vaccin.
«La vaccination durant le troisième trimestre de la grossesse est très efficace, ça réduit de 95% le risque d’hospitalisation des tout-petits», souligne Jesse Papenburg.
Des Insulaires «moins bien protégés»
Le retour de la coqueluche n’est, en soi, pas préoccupant. Il était même attendu, puisque «la maladie circule selon des cycles habituels de recrudescence tous les trois à cinq ans», rappelle Jesse Papenburg.
«On était dû pour avoir une épidémie, on n’en avait pas eu depuis 2020. En moyenne, ça dure environ trois mois», ajoute-t-il.
Mais ce phénomène s’abat sur une population insuffisamment vaccinée depuis la pandémie de COVID-19.
À l’Î.-P.-É, le vaccin contre la coqueluche fait partie du programme de vaccination infantile. Les enfants de moins de 6 ans doivent avoir reçu cinq doses, la première étant administrée à l’âge de deux mois.
«La population hésite plus à se faire vacciner et les programmes habituels de vaccination ont pu aussi être perturbés», observe Scott Halperin.
Résultat, «les gens, en retard dans leurs rappels, sont moins bien protégés et le nombre de cas augmente», analyse le spécialiste.
En attendant que le pic épidémique soit derrière nous, les deux chercheurs incitent les insulaires à vérifier leur statut vaccinal.
La protection offerte par le vaccin diminuant au fil du temps, ils insistent sur l’importance de recevoir des doses de rappel, notamment chez les adolescents.