Santé
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Arianne Melara Orellana est membre du conseil d’administration de l’Institut d’été sur les collectivités sûres et en santé au Canada atlantique. (Photo : Gracieuseté)

L’Institut d’été sur les collectivités sûres et en santé au Canada atlantique célèbre ses vingt ans cette année. Dans un contexte anxiogène, dans lequel les guerres succèdent aux catastrophes naturelles, l’organisme appelle à mettre la santé mentale des jeunes au cœur de la société. 

Depuis vingt ans, l’Institut d’été sur les collectivités sûres et en santé au Canada atlantique milite pour que le bien-être mental soit pris en compte dans toutes les politiques.

En août prochain, l’organisme organise son forum annuel à Charlottetown, l’occasion de parler de l’importance de la collaboration pour résoudre les problèmes de santé mentale. 

Arianne Melara Orellana, membre du conseil d’administration, évoque les combats de l’institut et les enjeux de santé mentale en situation minoritaire. 

Collaborer pour résoudre les problèmes de santé mentale, qu’est-ce ce que ça veut dire? 

Au sein de l’institut, nous nous considérons vraiment comme un catalyseur de collaborations. Nous existons pour rassembler des experts, des personnes qui font partie de la communauté afin qu’elles discutent de la santé et du bien-être mental de la collectivité, des nourrissons, des enfants et des jeunes.

On veut faire ressortir le travail qui se fait dans les petites communautés à travers le Canada atlantique pour créer de nouveaux liens entre les organismes locaux. On a d’ailleurs organisé des ateliers communautaires à cet effet.

On tente aussi d’influencer les politiciens et les gouvernements au niveau fédéral, provincial, municipal pour renforcer les politiques en faveur de la santé mentale des jeunes.

La santé mentale doit être incluse dans toutes les politiques et placée au centre de toutes les décisions. Il faut évaluer l’impact sur la santé des lois et projets en matière d’éducation, de logement ou de transports. 

Il faut également prendre des mesures dans des secteurs autres que celui de la santé, comme la petite enfance, le transport, le logement ou l’insécurité alimentaire, qui auront des retombées positives sur la santé mentale des jeunes.

Notre message clé est d’agir en amont, de prévenir et de ne pas s’intéresser aux problèmes de santé mentale seulement une fois qu’ils apparaissent. 

Agir en amont implique une mobilisation de l’ensemble des gouvernements et de la société. Il faut une plateforme de discussions multilatérale où tous les acteurs se retrouvent.

L’institut existe depuis vingt ans, la perception de la santé mentale a-t-elle évolué entre temps? 

Les problèmes sociaux demeurent les mêmes. On voit qu’on n’accorde pas encore suffisamment d’importance au bien-être mental et social, comme on le fait pour l’aspect du bien-être physique. 

On met encore trop l’accent sur l’individu et pas assez sur les facteurs communautaires et les liens sociaux, qui sont pourtant essentiels et peuvent aider à protéger la santé mentale. L’engagement communautaire est vraiment un vecteur d’espoir important dans notre société. Nous voulons renforcer cet engagement d’une génération à l’autre.

Il y a tout de même eu de grandes avancées. Au tout début, l’institut se concentrait sur l’amélioration de la santé mentale en lien avec la prévention de la criminalité. Aujourd’hui, la promotion de la santé mentale dépasse largement ce cadre.

Les jeunes francophones en situation minoritaire peuvent-ils avoir une santé mentale plus fragile? 

Le fait de vivre dans une situation de contexte minoritaire, ce n’est pas, selon moi, un facteur de fragilité. Mais nous habitons dans des systèmes qui sont toujours versés vers la majorité, qui travaille beaucoup en faveur de la majorité. 

Donc, les jeunes qui se retrouvent dans une situation de contexte minoritaire, c’est certain qu’ils vont trouver plus de barrières pour accéder aux services de santé mentale dont ils ont besoin dans leur langue maternelle. Et en anglais, ils ne vont pas forcément avoir le langage pour exprimer ce qui les touche au plus profond d’eux-mêmes. 

C’est pour cela que c’est vraiment important d’avoir, dans toutes les politiques mises en place, la lentille des personnes qui habitent dans des situations de contexte minoritaire, que soit au niveau de la langue, de la culture, de la race ou de l’ethnicité. Pour que leurs besoins et leur bien-être soient pris en compte en amont.

Informations : Du 19 au 21 août 2024, l’Institut organise son forum annuel, «Un esprit de collaboration durable : célébration des 20 ans de l’IÉA!», au Collège Holland à Charlottetown. Les inscriptions sont ouvertes : www.eventbrite.ca/e/liea-2024-tickets-888289506827?aff=erelpanelorg.

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Santé