Le nombre d’enfants autistes est en augmentation au sein de la Commission scolaire de langue française. Krista Gallant, consultante en autisme, explique ce qu’est ce trouble neuro-développemental, détaille les mesures de soutien mises en œuvre dans les écoles et insiste sur la volonté d’inclure ces enfants en salle de classe.
Krista Gallant, consultante en autisme au sein de la Commission scolaire de langue française (CSLF), nous parle de la scolarisation des enfants autistes, de l’importance d’associer les familles et de sensibiliser tous les élèves.
L’autisme, c’est quoi?
L’autisme est aussi appelé trouble du spectre de l’autisme ou TSA. Ce sont des troubles permanents neuro-développementaux qui perturbent le fonctionnement du cerveau. L’autisme apparaît généralement au cours de la petite enfance. Sa cause exacte est inconnue.
Les troubles se manifestent de diverses façons et peuvent avoir des répercussions sur les sens, la communication sociale, la capacité d’exécuter certaines tâches, ou encore la gestion des émotions et du comportement. Chaque personne présente une combinaison unique de symptômes qui varient en intensité.
Est-ce qu’il s’agit d’un trouble répandu au Canada?
Selon des données de 2018, environ 1 enfant sur 66 a reçu un diagnostic. L’autisme est environ quatre fois plus courant chez les garçons que chez les filles.
Au sein de la CSLF, le nombre d’enfants autistes a augmenté durant les trois dernières années. Nous sommes passés d’environ 25 à 45 élèves dans les six écoles francophones. Nous ne savons pas pourquoi il y en a plus. Peut-être que les parents sont plus au courant qu’avant et que l’autisme est mieux identifié.
De quel soutien ont besoin les élèves autistes à l’école?
Parce que chaque élève vit son état différemment, les mesures de soutien varient. Elles doivent correspondre aux besoins particuliers de chacun. Certains jeunes sont très indépendants alors que d’autres vont avoir besoin d’une grosse équipe de support, avec une orthophoniste, un ergothérapeute, un conseiller en santé mentale.
Mais généralement, les enfants autistes ont besoin d’aide pour améliorer leurs compétences sociales, leur communication et apprendre à gérer leurs émotions, leurs comportements et leurs sens.
Quel que soit le niveau d’appui nécessaire, notre objectif reste toujours l’inclusion scolaire. Autrement dit, notre but est que l’enfant autiste reste en salle de classe avec ses pairs, qu’il participe à toutes les activités, aux récréations, aux activités physiques, etc.
Quelles sont les mesures que vous mettez en œuvre au sein de la CSLF?
Je visite régulièrement les écoles afin d’observer les élèves autistes dans leur environnement scolaire. Je travaille parfois individuellement avec certains d’entre eux.
Je crée notamment des petits groupes d’amitié pour qu’ils pratiquent leurs compétences sociales. Je formule aussi des recommandations à destination des enseignants.
Pour certains élèves, il suffit de baisser les lumières en salle de classe, d’utiliser un casque anti-bruit, de prendre des pauses dans un coin tranquille s’ils sont trop stimulés.
D’autres, en revanche, ne sont pas capables de suivre les programmes d’étude. Nous élaborons alors des plans d’apprentissage individualisés pour adapter les curriculums à leurs besoins. Dans ces plans, il y a des objectifs par rapport à la motricité fine, à la motricité globale, aux compétences académiques.
Est-ce que les familles ont un rôle important à jouer?
Oui et nous les associons systématiquement à toutes nos décisions. Nous discutons régulièrement avec elles pour savoir ce qu’elles veulent pour leurs enfants, quelles sont leurs priorités en termes d’apprentissage, de socialisation, etc.
Je peux également rencontrer les élèves et leur famille pour répondre à leurs questions, leur expliquer ce qu’est le TSA.
Est-ce que les enseignants sont également formés sur ces questions?
S’ils le souhaitent, ils peuvent suivre une formation gratuite, offerte en ligne en partenariat avec le ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick. Ce sont dix modules qu’ils peuvent faire à leur propre rythme, d’octobre à février.
Ce que je peux dire c’est que la clé numéro un pour les enseignants est de créer des liens forts avec l’élève, de bien connaître ses forces et ses défis et d’utiliser ses intérêts personnels pour faciliter l’apprentissage.
La sensibilisation des autres élèves est également importante. Je fais souvent des présentations en salle de classe et je constate que les jeunes réagissent de mieux en mieux. Ils acceptent plus facilement les différences, pour eux, c’est quelque chose de tout à fait commun et normal.